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Par Ilgi Bozdag et Felix Ndama Wa Ndama

L’UNHCR a mené sa deuxième enquête de suivi des résultats au Burundi en 2023 avec les rapatrié.e.s près de la frontière tanzanienne, dans la commune de Muyinga. ©GNK/Diane Kaneza

Le Burundi, pays d’Afrique de l’Est, accueille actuellement 300 000 personnes déplacées de force et apatrides. Ce chiffre comprend 85 000 réfugié.e.s et demandeur.se.s d’asile, 25 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, 800 personnes exposées au risque d’apatridie. Parallèlement, le HCR a rapatrié plus de 185 000 réfugié.e.s burundai.se.s de retour depuis septembre 2017. L’implication du HCR dans le pays vise notamment à fournir une assistance et une protection à ces populations, ainsi qu’à promouvoir leur inclusion dans les systèmes nationaux, à renforcer leur autonomie et à soutenir des solutions durables, telles que l’intégration ou la réinstallation.

En 2021, l’UNHCR a lancé son enquête de suivi des résultats (RMS). Les RMS sont au niveau des ménages et facilitent et ainsi harmonisent la surveillance des changements dans la vie des personnes déplacées de force et apatrides. Le Burundi fait partie des plus de 30 pays où les RMS ont été mis en œuvre en 2022 et 2023. Les RMS au Burundi couvrent les réfugié.e.s et les demandeur.se.s d’asile, ainsi que les rapatrié.e.s, avec des échantillons représentatifs pour tous les groupes populations au niveau national.

En novembre 2023, une équipe du HCR, composée du Service Global des Données (GDS) du HCR et de la Division de la planification stratégique et des résultats (DSPR), s’est rendue au Burundi, alors que l’opération du pays achevait pour la deuxième fois les RMS. Cette visite visait à accomplir trois objectifs essentiels : former les collègues du HCR en suivi et évaluation, améliorer la qualité des données de manière significative, et dispenser une formation aux enquêteur.ice.s sur le terrain. En outre, cette visite a été l’occasion d’acquérir des informations supplémentaires quant aux ajustements nécessaires pour garantir l’obtention de données de haute qualité relatives aux populations déplacées de force au Burundi, ainsi que pour surveiller leurs situations socio-économiques. Ces mesures sont continuellement évaluées en parallèle avec d’autres indicateurs d’impact et de résultats (outcome), tels que l’accès aux services fondamentaux (comme la santé et l’éducation), la possession de documents d’identité légaux, et la situation sécuritaire.

(De gauche à droite) Faustin Habimana, Gerard Nkurunziza (tous deux avec GNK), Ilgi Bozdag et Felix Ndama (tous deux du HCR) se sont réunis en novembre 2023 pour former des enquêteur.ice.s au Burundi. ©UNHCR/Ilgi Bozdag

Le cabinet d’études local, GNK, a été sélectionné pour soutenir les efforts de collecte de données du HCR dans le pays. GNK possède une vaste expérience locale au Burundi, notamment dans le domaine de la collecte de données d’enquête. Selon Gerard Nkurunziza, responsable de GNK, cette collaboration a été très fructueuse : « Cette coopération a été très bénéfique car GNK a eu l’occasion de contribuer avec ses connaissances locales et son expérience étendue des enquêtes sur le terrain pour obtenir une meilleure qualité de données. »

En novembre 2023, le HCR et GNK ont conjointement organisé une formation pour les enquêteur.ice.s locaux lors de cette visite. Il est crucial que les enquêteur.ice.s comprennent les populations qu’ils interrogent au-delà du simple questionnaire. Les collègues du HCR au Burundi ont partagé leur expertise en matière de protection des réfugiés et des demandeurs d’asile, ainsi que le contexte du pays. De plus, le GDS a apporté son expertise statistique à la formation. En association avec l’expertise locale de GNK au Burundi, cette formation a permis aux enquêteur.ice.s de disposer du contexte nécessaire pour prendre de meilleures décisions sur le terrain.

La formation a réuni plus de 30 enquêteur.ice.s formé.e.s à la mise en œuvre des enquête et aux questions de protection des personnes déplacées de force. ©UNHCR/Ilgi Bozdag

Gerard Nkurunziza a partagé : « Nous avions de jeunes enquêteurs qui ne savaient pas comment utiliser une tablette. Grâce à la formation et aux expériences ultérieures lors de la collecte de données, nous disposons désormais d’une équipe de 30 personnes capables de mener des enquêtes. Nous avons certainement renforcé nos capacités, mais nous avons également acquis de nouvelles expériences avec les populations déplacées de force, en particulier les réfugiés. »

Certains enquêteur.ice.s étaient eux-mêmes des rapatrié.e.s, mais ils ont tout de même apprécié d’en apprendre davantage auprès du HCR et son mandat. L’un des enquêteurs, qui avait collecté des données pendant les deux années, a déclaré que cette formation lui avait donné une meilleure perspective pour comprendre les réfugié.e.s vivant au Burundi. Selon Gerard Nkurunziza : « Dans l’équipe, nous avions des rapatriés venus de Tanzanie – de jeunes personnes qui étaient revenues au Burundi. Leur maîtrise de la langue Swahili a contribué à établir des liens avec d’autres réfugiés et rapatriés. »

Et que disent les enquêté·e·s au sujet de la collecte de données ?

  • Quand je vois vous revenir, je suis content. Vous acceptez de vous assoir avec nous, vous prenez le temps d’écouter nos difficultés et cela nous réconforte. Et nous sentons que le HCR est toujours à nos coté.
  • Vous vous venez et vous nous trouvez chez nous et vous constatez nos conditions de vie et vous nous donnez aussi l’occasion de nous exprimer. Vous êtes différents des autres qui nous réunissent (Discussions de focus groupe) sur un terrain ou l’on n’a même pas le droit à la parole.
  • Même si vous ne nous donnez rien, votre présence prouve que si le HCR trouve une assistance quelconque, il viendra nous aider d’autant plus que vos rapports décriront nos conditions de vie. 
  • Quand le HCR vous envoie demander comment nous vivons après tant d’années de rapatriement, cela nous donne l’assurance que le HCR pense encore à nous. 
  • Nous passions que le HCR ne pensera plus à nous après notre rapatriement. Votre présence comme envoyé du HCR nous rassure et nous réconforte. 
  • Le fait de venir nous rendre visite avec des listes des ménages à visiter prouve l’impartialité et la transparence du travail du HCR. 
  • L’implication de notre comité et de l’administration locale vise une fois de plus à assurer l’impartialité et la transparence dans le travail que vous effectuez au nom du HCR.

Dans l’ensemble, la grande coopération entre les différentes parties, la gestion de l’information opérationnelle, le GDS et le cabinet d’études GNK au Burundi a renforcé la qualité des données sur les populations déplacées de force. La mission au Burundi avait pour objectif de former les enquêteur.ice.s et d’apprendre des expériences de l’année précédente. Comme l’a souligné Gerard Nkurunziza de GNK : « Grâce aux résultats obtenus grâce aux RMS, ces données peuvent soutenir une approche fondée sur les preuves pour mettre en œuvre les bons programmes au Burundi afin d’aider la réintégration des rapatriés dans le pays et d’améliorer la situation des réfugiés. »

L’opération au Burundi disposera de données représentatives de tous les groupes de population mentionnés ci-dessus, ce qui contribuera également aux programmes basée sur les données probantes . Les deux bases de données (RMS 2022 et RMS 2023) devraient également être publiés sur la Bibliothèque de microdonnées du HCR pour une utilisation ultérieure par les chercheur.se.s.

La coopération entre le cabinet d’études local GNK et le HCR a été très bénéfique, car GNK a eu l’occasion de contribuer avec ses connaissances locales et son expérience étendue des enquêtes sur le terrain pour obtenir une meilleure qualité de données. ©GNK/Diane Kaneza