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« Je suis prête pour ma nouvelle vie »

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« Je suis prête pour ma nouvelle vie »

Après avoir fui la violence des gangs, une adolescente salvadorienne se reconstruit au Panama.
12 Juillet 2019

Quand Ana* s’est réveillée ce jour-là, elle pensait que ce serait une journée comme les autres. Certes, les gangs sévissaient autour de San Salvador, mais même cela commençait à devenir normal. Elle avait prévu de rester à la maison avec sa mère ou de sortir avec des amis, quand deux jeunes hommes ont fait irruption chez elle.


« Ils m'ont frappée encore et encore, jusqu'à ce que je perde connaissance », se souvient-elle. À 17 ans, Ana n'est pas encore adulte, mais elle a déjà dû subir les pires traumatismes. « Ils m'ont touchée, ils m'ont violée. Je ne sentais plus mon corps à cause de la douleur. »

Après ce qui semblait être un événement isolé, la jeune femme – qui s’occupait jusqu’ici de ses propres affaires – a découvert pourquoi elle était soudain devenue la cible des gangs qui contrôlaient son quartier. « Ils m'ont dit que je devais remercier mon frère pour ce qui m’était arrivé », dit-elle. Le frère d’Ana avait refusé de se mêler à leurs activités criminelles, mais il n’avait pas imaginé que le gang mettrait à exécution ses menaces de vengeance.

Dans l'une des régions les plus violentes au monde, être jeune fait de vous une proie facile pour les gangs.

 « Je ne sentais plus mon corps à cause de la douleur. »

La violence, le viol, les agressions sexuelles ou l'exploitation à des fins sexuelles font partie des différentes formes de violences sexuelles et sexistes qui affectent la vie quotidienne de nombreux habitants dans des pays comme le Salvador ou le Honduras.

Selon l'Organisation des femmes salvadoriennes pour la paix (ORMUSA, en espagnol), environ 4300 personnes ont porté plainte pour des actes de violence sexuelle au Salvador en 2018, soit 23% de plus que l'année précédente. Environ 92% des victimes étaient des jeunes filles. 383 femmes et jeunes filles ont été tuées au cours de la même année.

Ana* et son frère observent la ville de Panama que l'on aperçoit à l'horizon. Ils ont fui les gangs criminels qui sévissent au Salvador.

Néanmoins, ces violences font peu l’objet de plaintes dans le pays et beaucoup de victimes restent silencieuses, car elles savent que les dénonciations peuvent entraîner des représailles – en particulier de la part de gangs qui contrôlent des quartiers entiers et qui peuvent attendre leurs victimes quand elles rentrent chez elles.

Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par ce type de violences, mais les hommes et les adolescents ne sont pas à l'abri.

Ces dernières années, un état permanent d'anarchie a contraint des centaines de milliers de personnes à fuir leur domicile dans le nord de l'Amérique centrale, une région qui englobe également le Guatemala et le Honduras. Rien qu'au Salvador, quelque 71 500 personnes ont été déracinées au cours de la dernière décennie. Selon une étude réalisée par le Ministère de la Justice et de la Sécurité publique ainsi que le HCR, 137 000 personnes supplémentaires ont demandé une protection dans d'autres pays, notamment des réfugiés et des demandeurs d'asile.

 « Je ne pleure plus. Je n’ai plus peur qu'ils viennent me chercher. »

Ana et son frère ont fui vers le Panama, où ils ont été reconnus comme réfugiés et ils reconstruisent leur vie loin de la peur.

« Mon frère m'a demandé de lui pardonner, et nous essayons de laisser notre passé derrière nous », dit-elle.

« Aujourd'hui, j'écris à Dieu car, durant toutes ces épreuves, Dieu a été à mes côtés, dans les bons comme dans les mauvais moments. »

Ana est maintenant inscrite à l'école et elle a retrouvé le sens de la communauté parmi ses nouveaux camarades. « J'ai raconté à mes amis ce qui m'était arrivé. Ils m'ont aidée. Grâce à leur soutien, je ne pleure plus. Je n’ai plus peur qu'ils viennent me chercher. »

Trouver la sécurité au Panama

Le Panama, qui est traditionnellement considéré comme un pays de transit, a connu une soudaine augmentation du nombre d’arrivants depuis le Venezuela et le Nicaragua, ainsi que des arrivées continues de Colombiens, de Salvadoriens et, dans une moindre mesure, de demandeurs d'asile honduriens.

Le Panama accueille environ 10 000 réfugiés et demandeurs d'asile qui tentent de reconstruire leur vie dans la sécurité et la dignité. Le gouvernement panaméen permet aux réfugiés et aux demandeurs d'asile d’avoir accès à des services publics, tels que les systèmes de santé et d'éducation. Lorsqu’ils obtiennent le statut de réfugié, ils ont accès à une formation professionnelle et peuvent demander un permis de travail leur permettant de s'intégrer au niveau local.

Pour aider toutes les personnes contraintes de fuir ou à risque, le HCR collabore avec six gouvernements de la région par le biais d’un Cadre global de protection et de solutions régionales (plus connu sous l’acronyme espagnol MIRPS), y compris le Panama. Il s'agit d'une approche novatrice inter-institutions visant à permettre aux personnes déracinées et à leurs communautés d'accueil de prospérer, pas seulement de survivre. Cette approche s’inscrit pleinement dans l’élan créé par le Pacte mondial sur les réfugiés, adopté récemment.

*Les noms ont été modifiés pour des raisons de protection.