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« J'ai marché jour et nuit, encore et encore. »

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« J'ai marché jour et nuit, encore et encore. »

Une femme transgenre peut envisager un nouveau départ au Mexique, loin de la violence.
12 Juillet 2019

Lorsque votre propre identité vous met en danger, un choix difficile s’impose : partir ou mourir. C'est la décision à laquelle Estefanía* s’est résignée. En restant chez elle au Honduras, elle aurait dû soit nier son identité, soit subir du harcèlement direct, des actes de violence, voire pire.


« Je ne pouvais pas marcher dans la rue au Honduras sans craindre d’être blessée ou d’entendre certains commentaires [agressifs] », explique-t-elle. « Même les plus insignifiants étaient très blessants. »

Selon le Collectif Cattrachas, un groupe de défense des droits humains dans la capitale, 64 membres de la communauté LGBTI ont été tués au Honduras depuis 2017. Et 38 % des actes de violence perpétrés à l’encontre des personnes transgenres sont commis dans la rue, indique l'association régionale RedLac Trans.

Au Honduras, les violences et les persécutions ciblées obligent les membres de la communauté LGBTI à vivre dans la clandestinité. Les discriminations sont souvent si profondément ancrées que les personnes comme Estefanía ne peuvent pas accéder aux services essentiels ou travailler.

 « Je ne pouvais pas marcher dans la rue au Honduras sans craindre d’être blessée. »

Lorsqu'elle a trouvé un travail chez un toiletteur pour chiens, elle a dû affronter de manière quotidienne des actes de discrimination, des menaces et des messages de haine. Elle a résisté à ces agissements pendant huit mois. « Je ne pouvais plus les supporter », dit-elle. « Le niveau de harcèlement et de discrimination était tellement élevé. Je savais qu'en tant que femme transgenre au Honduras, j’aurais toujours des difficultés. »

Elle a donc dû prendre une décision : rester et endurer le harcèlement ou quitter son propre pays. « La situation ne pouvait certainement pas être pire que celle que nous vivions chez nous, n’est-ce pas ? », dit-elle.

Estefanía a dit au revoir à sa mère et elle a fui son pays avec un groupe de Honduriens LGBTI.

 « J’ai marché jour et nuit, encore et encore », se souvient-elle. « J’étais remplie de craintes et d'espoirs. » Mais elle était déterminée à trouver un endroit où elle pourrait se sentir en sécurité. « J'étais terrifiée. Le voyage n'était pas sûr, mais au moins je n'étais pas toute seule. »

 

« Une nuit, notre groupe a été attaqué », explique-t-elle. « J'ai été battue et j'ai dû être transportée à l'hôpital. J’ai eu sept points de suture à la tête. Mais cela en valait la peine. » Elle a finalement réussi à rejoindre Mexico, où elle a demandé l'asile.

« Ici, la discrimination n'est pas aussi présente qu'au Honduras. Les gens semblent plus ouverts d'esprit et j'ai réussi à entrer en contact avec d'autres personnes de ma communauté, qui m'ont beaucoup soutenue », dit-elle.

Estefanía rêve à présent d’un avenir meilleur. Elle souhaite recommencer sa vie et trouver un travail dans un domaine qu’elle apprécie. « Je suis toiletteuse pour chiens. J'aime les coiffer, leur couper les poils et les rendre beaux. Les gens d'ici prennent vraiment soin de leurs chiens. »

Même s’il n’est pas simple de trouver du travail, elle ne baisse pas les bras. « Quand les gens me voient, je reconnais certains regards dans leurs yeux. Ils ne m’engagent pas même si la place est disponible. Mais je me sens davantage en sécurité et je parviens à prendre soin des chiens de mes amis pour joindre les deux bouts. »

Trouver la sécurité au Mexique

Le Mexique est devenu l’un des pays de destination pour les personnes ayant besoin d'une protection internationale, et a connu une augmentation de 103 % du nombre de demandes d'asile en 2018. En un an, le nombre de demandes d'asile est ainsi passé de 14 596 à 29 623.

La politique en matière de migration a changé ces derniers mois. En février, le gouvernement a suspendu la délivrance de cartes de visiteur pour des raisons humanitaires, qui permettaient aux personnes d'accéder à un emploi et à certains services dans le pays pendant un an. Dans le cadre de ce changement d’approche axée sur la sécurité et le contrôle, une Garde nationale, établie récemment, est déployée à la frontière sud.

Le HCR a lancé un appel en faveur de l’organisation de pourparlers régionaux sur la situation de l’Amérique centrale, afin de définir des actions coordonnées en vue de réponse au problème croissant des déplacements de populations de manière efficace et durable, en accordant la priorité à la protection des vies et à la bonne gestion des frontières.

Le HCR a renforcé ses effectifs et ses activités au Mexique afin de soutenir la mise en œuvre nationale du Cadre global pour la protection et les solutions régionales (plus connu sous l’acronyme espagnol MIRPS), notamment pour traiter les demandes d'asile et garantir la protection des demandeurs d'asile, des réfugiés et d’autres personnes ayant besoin d’une protection internationale.

*Les noms ont été modifiés pour des raisons de protection.