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« Le travail m'a rendu ma dignité. »

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« Le travail m'a rendu ma dignité. »

La guerre et le chaos n'entament en rien l'optimisme et la détermination de ce jeune Centrafricain qui reprend sa vie en main grâce à son atelier de couture.
6 Août 2019
Saladine confectionne une robe dans son atelier au camp de Doholo, au Tchad, où il emploie, à son compte, trois autres réfugiés.

GORÉ, TCHAD (HCR) - Saladine fait une petite pause dans son atelier de couture alors que Ramatou, une réfugiée centrafricaine et l’une de ses meilleures clientes, entre dans l’atelier. Ramatou retire du cintre une belle robe de pagne ornée de perles et de dentelles pour l’admirer.

« Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il respecte ses rendez-vous », lance-t-elle, heureuse pendant qu’elle montre la robe que l’expert-couturier a confectionnée en seulement trois jours. Le jeune homme sourit à son tour, satisfait d’avoir honoré ce rendez-vous. « C’est important de respecter les clients », explique-t-il calmement, fouillant dans ce 4 m2 qui lui sert d’atelier, pour trouver un sac d’emballage pour sa cliente.

« Je ne voulais pas dépendre uniquement de l’assistance humanitaire. »

Réfugié originaire de la République centrafricaine (RCA), Saladine Abdramane, 23 ans, vit au camp de Doholo au Tchad depuis 2016 lorsque le conflit armé a atteint son village. « L’intégration n’a pas été facile après mon arrivée », se rappelle-t-il. Mais la grande détermination de Saladine lui a valu d’être aujourd’hui indépendant. « Je ne voulais pas dépendre uniquement de l’assistance humanitaire. Pour cela, il me fallait travailler et faire tout ce qui est possible pour éviter de me retrouver dans cette situation de dépendance », explique-t-il.

« J’ai commencé par travailler dans un garage comme apprenti-mécanicien, puis j’ai vendu des cigarettes. Mais comme cela ne suffisait pas pour répondre à mes besoins, j’ai dû rajouter la fabrication et la vente de briques en terre battue », raconte-t-il.

Après avoir travaillé de longues heures pendant sept mois, Saladine avait économisé assez d’argent pour lancer une petite entreprise. « Comme en Centrafrique, j’étais apprenti-couturier, l’idée m’est alors venue de reprendre cette activité. »

« Je suis très reconnaissant d’avoir un métier. »

Avec ses économies, Saladine a pu acheter une machine à coudre de seconde main pour environ 100 dollars. Il a démarré son entreprise de couture et a rapidement acheté une autre machine. Un an plus tard, il a pu obtenir un financement d’environ 650 dollars dans le cadre d’un programme du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, en faveur des jeunes à risque. « J’ai acheté trois autres machines et j’ai augmenté mon stock de matériel de couture », dit-il.

Aujourd’hui, la persévérance et le travail acharné de Saladine portent leurs fruits. Il possède cinq machines à coudre et emploie trois apprentis-tailleurs qu’il forme lui-même et qu’il paie à la commission, en fonction du nombre de vêtements que chacun confectionne.

La plupart de sa clientèle est composée de réfugiés et de Tchadiens, y compris des fonctionnaires de plusieurs organisations humanitaires travaillant à Goré, une localité située à environ 10 kilomètres du camp de Doholo.

Grâce au revenu de son travail, Saladine arrive à s’occuper de sa famille. « Et surtout, ma dignité est intacte. On ne peut pas continuer de dépendre de l’aide humanitaire toute sa vie. Et je suis très reconnaissant d’avoir un métier », se réjouit-il.

En 2018, le HCR a financé 44 micro-projets au profit des jeunes refugiés centrafricains installés au sud du Tchad. Pour Ursula Dzietham, employée du HCR en charge de la protection de l’enfant, ces services aident à renforcer l’autonomisation et la résilience des jeunes réfugiés.