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Nous ne pouvons pas tolérer que la valeur de la vie soit réduite en cendres

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Nous ne pouvons pas tolérer que la valeur de la vie soit réduite en cendres

15 Septembre 2020
Une partie du Centre de réception et d'identification de Moria après les incendies qui ont touché l'île entre le 8 et le 10 septembre.

Les images tragiques de ces derniers jours en provenance de Lesbos ont une fois de plus fait la une dans le monde entier. Le Centre de réception et d'identification de Moria a été presque totalement détruit et toute la population de l'île, les habitants, les réfugiés, les migrants, sont à nouveau mis à l'épreuve. Les 12 000 demandeurs d'asile qui étaient hébergés dans le centre de Moria, dont la moitié sont des femmes et des enfants, se retrouvent à nouveau sans abri.

Un million de réfugiés et de migrants ont cherché refuge en Europe après la traversée de la mer Égée depuis 2015. Le peuple grec sait que le déplacement forcé ne se résume pas à un phénomène passager. Il existera tant que les causes qui poussent les gens à fuir leur foyer existeront : la guerre, la violence, les atteintes à la liberté, la pauvreté et les catastrophes naturelles. Néanmoins, cinq ans après la crise de l'accueil des réfugiés en Europe, chacun sait aussi que lorsqu'on laisse un pays ou une région endosser une charge disproportionnée, en l’absence de politiques coordonnées et à long terme et avec un partage limité des responsabilités, le problème ne fait que durer. Et cela vaut aussi bien tant pour les réfugiés, qui sont pris au piège de l'incertitude, que pour les communautés locales, qui ont un sentiment croissant d'abandon et d’impasse.

Dans les cendres de Moria, l'enjeu n'est pas seulement de garantir une aide urgente et essentielle aux personnes qui ont été touchées. Les organisations qui étaient déjà sur le terrain ont immédiatement soutenu les efforts des autorités pour trouver des solutions rapides. Les 400 enfants non accompagnés de Moria ont été évacués vers le continent le jour même. Au vu de cet exemple de réaction rapide et de volonté politique, nous constatons que le changement tant attendu est en train de se produire.

Oui, la frustration et les problèmes dans les îles sont réels et anciens. Les États membres de l'UE doivent leur apporter un soutien accru et concret. Le récent projet de relocalisation des enfants non accompagnés et très vulnérables a prouvé que c'est possible. Mais il faut aussi faire preuve de calme et de prudence aux niveaux local, central et européen, et avoir la volonté de trouver des solutions. Les solutions ne peuvent être trouvées dans la violence, la xénophobie ou la manipulation politique. Les solutions exigent une prise de responsabilité et un engagement à mettre en œuvre des changements pour que cette situation de blocage prenne fin. La décongestion des centres dans les îles doit se poursuivre, la sécurité, la protection et la santé de tous leurs résidents doivent être assurées tandis que, parallèlement, les procédures d'asile, d'accueil et d'intégration doivent être consolidées.

Lorsque des milliers de familles sont à la rue, ayant perdu leurs maigres possessions dans ce contexte de pandémie qui nous affecte tous, la question n'est pas seulement de savoir si et où les tentes pour les abriter pourront être installées. Ce qui est en jeu, c'est de savoir si nous allons laisser les cendres recouvrir les valeurs mêmes de la vie, de l'espoir et de l'humanité – que les habitants de Lesbos ont si fièrement honorées à travers le temps, touchant ainsi le monde entier.

Philippe Leclerc, Représentant du HCR en Grèce

Ceci est la traduction d'un article d'opinion publié en grec par le journal TA NEA le samedi 12 septembre 2020