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Plus de 1500 enfants déplacés reçoivent un certificat de naissance au Nigéria

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Plus de 1500 enfants déplacés reçoivent un certificat de naissance au Nigéria

Le Nigéria intensifie l'enregistrement des naissances des enfants risquant d'être apatrides et qui vivent dans des camps de déplacés internes.
31 Août 2021
La sage-femme Liyatu Ayuba est heureuse que les enfants qu'elle a aidé à mettre au monde au camp de déplacés de Durumi disposent désormais d'un certificat de naissance.

Au cours des sept dernières années, Liyatu Ayuba, 50 ans, une accoucheuse traditionnelle, a aidé à mettre au monde plus de 100 enfants. Au cours de cette période, elle a vu de nombreux enfants grandir sans certificat de naissance au camp de Durumi pour personnes déplacées à Abuja.

« J'écris seulement le nom des enfants, la date et l'heure de l'accouchement pour mes dossiers. Il n'y a personne pour leur délivrer un certificat de naissance », a déclaré Liyatu.

Elle ajoute que certaines des familles des enfants du camp qui avaient à l'origine des certificats les ont égarés lorsqu'elles ont été contraintes de fuir leurs foyers.

Durumi est l'un des 18 camps de déplacés situés dans la capitale du Nigéria, qui compte plus de 2700 personnes déplacées, principalement originaires du nord-est du pays. C'est l'un des trois camps sélectionnés pour piloter une campagne d'enregistrement des naissances menée par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, en collaboration avec la Commission nationale pour les réfugiés, les migrants et les personnes déplacées et la Commission nationale de la population.

« Il n'y a personne pour leur délivrer un certificat de naissance. »

Cette campagne s'inscrit dans le cadre des efforts visant à prévenir et à réduire le risque d'apatridie parmi les populations déplacées au Nigéria - dont la plupart le sont depuis plus de cinq ans - conformément à l'engagement du Plan d'action national (PAN) du pays de mettre fin à l'apatridie d'ici 2024. 

Selon la Commission nationale de la population, plus de sept millions de bébés naissent chaque année au Nigéria et plus de 60% des naissances d'enfants de moins de cinq ans ne sont pas enregistrées, ce qui expose nombre d'entre eux au risque d'apatridie.

A l'échelle mondiale, un enfant de moins de cinq ans sur quatre n'est pas enregistré, ce qui signifie que la naissance d'environ 166 millions d'enfants de moins de cinq ans n'est jamais enregistrée. Sans certificat de naissance, qui fournit une preuve cruciale du lieu de naissance de l'enfant et de l'identité de ses parents, ces enfants n'ont aucune preuve de leur droit à une nationalité et risquent donc d'être apatrides.

Liyatu Ayuba porte un enfant qu'elle a aidé à mettre au monde dans le camp de déplacés de Durumi, au Nigéria.

Il est important de lutter contre les faibles taux d'enregistrement des naissances, en particulier dans le cas des populations déplacées, afin que celles-ci puissent prouver leur droit à la citoyenneté et aux droits associés, comme le droit de rester dans le pays.

La campagne d'enregistrement des naissances à Abuja s'est déroulée dans trois camps de déplacés sur une période de trois jours, au cours de laquelle plus de 1500 enfants de moins de 17 ans ont été enregistrés et ont reçu un certificat de naissance. Vingt officiers d'état-civil ont travaillé quotidiennement dans cet objectif.

Temidayo Sunday, le directeur de l'enregistrement des faits d'état-civil et des statistiques démographiques à la Commission nationale de la population, a souligné la nécessité de lutter de toute urgence contre l'apatridie au Nigéria.

« L'enregistrement et la certification des naissances sont importants non seulement pour le gouvernement mais aussi pour la population », a-t-il déclaré. « La solution immédiate est d'enregistrer les enfants à la naissance. »

Liyatu a ajouté que l'enregistrement est crucial pour accéder aux services essentiels, y compris des emplois.

« Il y a un jeune du camp qui a trouvé un emploi dans la communauté locale. Il avait besoin de son certificat de naissance et, comme il ne pouvait pas le fournir, on lui a demandé d'obtenir un affidavit du tribunal », a expliqué Liyatu. « Il a dû payer 1500 N (environ 4 dollars) pour le document avant d'obtenir ce travail. »

Bien que le processus d'obtention d'un document d'enregistrement et de certification de naissance soit simplifié, il existe plusieurs obstacles, notamment la difficulté d'accès à certaines communautés, les accouchements dans les maisons de naissance traditionnelles et le manque de sensibilisation à l'importance et aux avantages d'un certificat de naissance, ainsi qu'à la procédure pour l'obtenir.

« La solution immédiate, c’est d'enregistrer les enfants à la naissance. »

Dans le cadre de son engagement en faveur de la prévention et de la lutte contre l'apatridie, le gouvernement du Nigéria avait pris plusieurs engagements lors de la réunion du segment de haut niveau 2019 du HCR sur l'apatridie à Genève.

Le Nigéria s'est engagé à « intensifier la délivrance de numéros d'enregistrement des naissances et d'identité nationale, y compris aux personnes déplacées, aux réfugiés et aux rapatriés, et à entreprendre des réformes législatives sur l'enregistrement des enfants nés sur le territoire nigérian - qui, le cas échéant, seraient apatrides - et des enfants de moins de dix ans d'origine inconnue. »

John McKissick, le représentant adjoint du HCR au Nigéria, s’est félicité de cette initiative, la qualifiant de « formidable moyen d’honorer la Convention de 1954 relative au statut des apatrides et la Convention de 1961 sur la réduction des cas d'apatridie ». Il a exprimé l'espoir que le Nigéria intègre bientôt les traités signés dans sa propre législation.

En 2014, le HCR, a lancé la campagne mondiale #IBelong #Jexiste pour mettre fin à l'apatridie d'ici 2024. Depuis le début de l'année 2014, 40 États ont adhéré à la Convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie.

Alors que cette année marque le 60e anniversaire de la Convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie, les mesures prises par le Nigéria pour garantir l'avenir des enfants qui n'étaient pas enregistrés ouvrent de nouvelles perspectives d’avenir à la famille de Liyatu et des milliers d'autres.

« Je suis tellement heureuse que tous les enfants que j'ai aidé à mettre au monde soient officiellement enregistrés », a déclaré Liyatu. « Ils ont maintenant des certificats de naissance reconnus par le gouvernement. »

 

Informations supplémentaires collectées par Solomon Momoh et Umar Yusuf à Abuja, Nigéria