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Au Cap-Vert, une conférence sur le changement climatique donne la parole aux personnes déracinées en Afrique

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Au Cap-Vert, une conférence sur le changement climatique donne la parole aux personnes déracinées en Afrique

20 Septembre 2021
Un éleveur sud-soudanais guide son bétail sur une route inondée à Bunj, au Soudan du Sud.

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, l'Union africaine et la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique se sont associés pour organiser une conférence sur le changement climatique et le déplacement de populations en Afrique. Parmi les participants figuraient notamment d'autres agences de développement et humanitaires des Nations Unies ainsi que des spécialistes du droit international.

L'événement s'est déroulé le 14 septembre 2021, en marge de la 9e conférence annuelle sur le changement climatique et le développement en Afrique (CCDA-IX) autour du thème « Vers une transition juste créatrice d'emplois, de prospérité et de résilience climatique en Afrique : tirer parti de l'économie verte et bleue ».

La conférence a été symboliquement organisée au Cap-Vert qui, situé au large de la côte occidentale du continent africain, est l'un des petits États insulaires en développement confrontés aux dangers du changement climatique. C’est à propos du Cap-Vert que le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, tirait en 2019 la sonnette d'alarme en déclarant : « Ils n’ont pas le luxe du temps ».

« L'Afrique est vulnérable et désavantagée par ses conditions météorologiques aggravées par la pauvreté et le manque de technologie pour atténuer l'impact du changement climatique. Je lance un appel à l'Union africaine et à la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique afin qu'elles aident les États membres à minimiser les émissions de gaz à effet de serre et à renforcer leur résilience face aux effets néfastes du changement climatique », a déclaré Gilberto Silva, ministre de l'environnement du Cap-Vert dans son discours d'ouverture.

« J'ai souffert deux fois, une fois j'ai fui ma maison à cause d'un conflit et maintenant, c’est à cause du changement climatique »

La Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) a souligné que l'insécurité alimentaire reste l'un des plus grands défis du changement climatique pour les populations déplacées. Elle note également que le changement climatique continue d'affecter la qualité et la disponibilité des aliments ainsi que l'accès à la nourriture.

Des réfugiés et des personnes déplacées internes originaires de la Somalie, du Burundi et du Soudan du Sud - directement touchés par des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents sur le continent ces dernières années - ont également participé à l'événement. Ils ont pu faire part de leurs préoccupations et ont lancé un appel direct aux États membres pour qu'ils agissent, en créant des emplois propres et en construisant des abris résistants aux variations climatiques.

« J'ai souffert deux fois, une fois j'ai fui ma maison à cause d’un conflit et maintenant c’est à cause du changement climatique - vents forts, montée des eaux et hausse des températures. J'étais impuissant lorsque l'eau et le vent ont balayé mon abri à maintes reprises », déplore Dheeraad Abdi Cuncun, Somalien résidant dans le camp de déplacés de Raf Iyo Raho à Bossaso, en Somalie.

Les interventions de climatologues, d'universitaires, de décideurs politiques et de représentants d’agences des Nations Unies ont souligné le fait que les déplacements étaient souvent déclenchés par des catastrophes, le changement climatique et des conflits dans de nombreux pays d'Afrique, entraînant des besoins humanitaires et de protection considérables. Ils ont plaidé en faveur de mesures d'atténuation incluant la mise en place de voies d’accès régulières pour prévenir les déplacements et l'application correcte des accords internationaux sur les réfugiés et la protection des personnes déplacées, en mettant l'accent sur les partenariats susceptibles de permettre de faire face aux défis émergents imposés par le changement climatique.

Tout en reconnaissant les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique, Clémentine Nkweta-Salami, directrice du bureau régional du HCR pour Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs, a déclaré : « Le HCR s'est joint aux efforts déployés par l'ensemble des Nations Unies pour devenir climato-compatible. Je demande instamment que nous encouragions des accords de partage des responsabilités entre les États, qui peuvent apporter un soutien aux pays et régions qui accueillent un grand nombre de réfugiés, renforcer la protection, aider à stabiliser les situations de déplacement et améliorer l'accès aux solutions tout en appliquant et en adaptant l'approche du Cadre d'action global pour les réfugiés (CRRF) à des contextes spécifiques. »

Elle a cité l'exemple du Burundi - considéré comme l'un des 20 pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique - où, en 2020, le nombre de personnes déplacées a augmenté et le nombre de retours de réfugiés a atteint plus de 150 000.

« Le Burundi a fait face à une pression des retours à grande échelle dans un contexte où les chocs climatiques sont récurrents et où les infrastructures sont faibles », a souligné Clémentine Nkweta-Salami, réaffirmant la nécessité de faire le point sur les principaux développements récents et l'impact du changement climatique à travers le prisme du Cadre stratégique sur l'action climatique du HCR et du Pacte mondial sur les réfugiés.

« J'exhorte [les États membres] à redoubler d'efforts pour relever les défis que pose le changement climatique à l'échelle mondiale. »

Dans leur analyse des dynamiques du changement climatique, les participants ont noté des lacunes dans les connaissances et ont appelé à davantage de recherche pour assurer la mise en œuvre des instruments juridiques pertinents, notamment la Convention de Kampala de 2009 sur les personnes déplacées et, dans des circonstances spécifiques, la Convention de 1951 sur les réfugiés et la Convention de 1969 de l'OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique. Chercheurs et universitaires ont été encouragés à s'engager dans des projets liés au changement climatique qui répondent aux besoins de protection des personnes déracinées en collaboration avec les acteurs régionaux et internationaux.

« Le récit sur les conséquences du changement climatique a été exacerbé avec l'arrivée de l'impact néfaste de la pandémie du Covid-19. L'Union africaine reste déterminée à soutenir les États membres, mais je les exhorte à redoubler d'efforts pour relever les défis du changement climatique à l’échelle mondiale », a déclaré Amira El Fadil, Commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social à la Commission de l’Union Africaine.

La conférence était un appel à l'action en amont de la 26e session de la Conférence des parties (COP26) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra bientôt à Glasgow.