Frontières et accès au territoire
Frontières et accès au territoire
Dans le cadre de son mandat, le HCR suit la situation aux frontières de la France, à savoir les frontières franco-britannique, franco-italienne et franco-espagnole. Des missions d'observation sont régulièrement menées aux frontières ainsi que des échanges avec les acteurs associatifs et institutionnels locaux et avec les personnes réfugiées et migrantes présentes sur place.
Le HCR veille au respect de l'effectivité des droits à la frontière en portant une attention particulière à l'information dispensée aux personnes, à l'exercice du droit d'asile dans le respect des règles internationales, européennes et nationales en vigueur ainsi qu'à la prise en compte des vulnérabilités des personnes, en particulier les enfants non accompagnés.
Frontière franco-britannique
Dans le cadre de ses activités, le HCR suit notamment la situation des personnes exilées dans le nord de la France, via des missions de terrain et des échanges avec les acteurs associatifs et institutionnels locaux, afin de suggérer des solutions et encourager la collaboration en vue de garantir les droits des personnes exilées.
La situation humanitaire pour les réfugiés et migrants sur le littoral nord de la France est particulièrement difficile. Depuis 2019, on assiste à un accroissement des traversées de la Manche en « small boats » pour se rendre au Royaume-Uni, plus de 29 000 en 2023 et près de 37 000 en 2024 selon les données du Home Office britannique. Ces traversées sont extrêmement dangereuses et font plusieurs dizaines de victimes par an, avec plus de 75 décès liés à des événements en mer au cours de l’année 2024. En outre, plus d’une dizaine de personnes sont également mortes dans d’autres circonstances liées à la frontière, ce qui fait de l’année 2024 l’année la plus meurtrière.
Pour en savoir plus, consultez notre factsheet sur les traversées et les décès en 2024.
Dans ce contexte, le HCR a réalisé une enquête à Calais en 2023 puis en en 2024, en collaboration avec les acteurs locaux, pour collecter des informations au sujet des profils, parcours, besoins et intentions des personnes, afin d’avoir une meilleure connaissance de la situation locale, proposer des solutions et porter un plaidoyer adapté.
Cette enquête a permis de réaliser 208 entretiens individuels, dont 29 avec des mineurs non accompagnés, au cours du deuxième semestre 2024. Les entretiens ont été menés sur une base volontaire, de manière confidentielle et anonyme. Il s'agit d'une enquête qualitative et non quantitative, qui n'a donc pas vocation à compter le nombre de personnes présentes à Calais. Seules les personnes volontaires ont répondu au questionnaire. Les résultats ne peuvent donc pas être interprétés comme étant représentatifs de l'ensemble de la population présente à Calais, mais seulement des répondants.
Les résultats de cette enquête montrent qu’une majorité des personnes interrogées proviennent de pays en conflits et indiquent avoir quitté leur pays d’origine en raison de persécutions politiques, ethniques ou religieuses, mais aussi en raison de situations de guerre ou de violence généralisée. La population rencontrée lors de l’enquête comprend donc des personnes qui pourraient obtenir une protection internationale.
Top 10 des nationalités
Raisons de quitter le pays de résidence
La longue durée et la multiplicité de ces parcours démontrent que diverses solutions pourraient être proposées bien en amont de l’arrivée des personnes dans le Nord de la France, suivant l’approche basée sur les itinéraires du HCR (route-based approach).
En plus de la nécessaire amélioration des conditions de vie de cette population vulnérable à Calais, il conviendrait de renforcer l’accès précoce à l’information sur la demande d’asile, notamment en diversifiant les canaux de communication et en recourant aux médiateurs interculturels. Pour les personnes qui pourraient être en besoin de protection internationale, il serait particulièrement important de développer l’accès aux services d’accompagnement juridique, administratif et logistique, facilitant en pratique la possibilité de déposer une demande d’asile.
La plupart des personnes interrogées ont vouloir se rendre au Royaume-Uni. La connaissance de la langue, le souhait d’y demander l'asile, les opportunités d'emploi et la volonté de rejoindre des membres de leur famille en sont les principales raisons. Le fait qu’un certain nombre de personnes indique vouloir se rendre au Royaume-Uni en raison de liens familiaux confirme les besoins de mettre en place des voies légales et sûres permettant aux familles d’être réunies, notamment des procédures flexibles et élargies de réunification familiale.
droit à l’hébergement, à l’aide financière, à l’accompagnement social et juridique*
Frontière franco-italienne
Depuis plusieurs années, des personnes en situation d’exil franchissent la frontière franco-italienne, au niveau de Montgenèvre et de Menton. Le HCR échange régulièrement avec les acteurs associatifs et institutionnels locaux au sujet de la prise en charge des personnes exilées et propose des recommandations aux autorités locales et nationales.
Après avoir franchi la frontière à Montgenèvre, les personnes arrivent à Briançon, où des associations s’engagent au sein du tiers-lieu des Terrasses solidaires pour proposer un accueil inconditionnel aux personnes nouvellement arrivées, en besoin d'une assistance. Plus de 29 000 personnes sont passés par Les Refuges Solidaires entre 2017 et 2024.
Une équipe du HCR en France s'entretient avec Michel Rousseau, co-président de l'association Tous Migrants.
Zones d'attentes
En vertu de son mandat, le HCR dispose d’un droit d’accès aux réfugiés et demandeurs d’asile, y compris dans les zones d’attente établies en France, où sont placées les personnes à leur arrivée, avant leur éventuelle admission sur le territoire français.
Le HCR y organise des visites ponctuelles, afin de rencontrer la police aux frontières, les agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), les personnes maintenues et les autres parties prenantes.