Déclaration de Mme. Sadako Ogata, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à l'occasion de la remise du Prix du Président de la République pour les Droits de l'Homme
Déclaration de Mme. Sadako Ogata, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à l'occasion de la remise du Prix du Président de la République pour les Droits de l'Homme
Tunisie, le 10 décembre 1996
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
C'est un privilège et un honneur pour moi d'être une fois de plus en Tunisie, terre traditionnelle d'asile, connue pour sa générosité, son ouverture et sa tolérance.
Les efforts consentis par votre pays pour accueillir et protéger, au cours des années 50, plus de quatre-vingt mille réfugiés algériens ont été remarquables, et votre coopération ne s'est jamais démentie depuis lors.
Monsieur le Président,
L'Afrique demeure le continent le plus touché par le problème des réfugiés et des personnes déplacées. D'ailleurs, la crise dans la région des Grands Lacs le démontre de façon dramatique.
Cependant, malgré les problèmes auxquels l'Afrique doit faire face, il convient de noter quelques signes d'espoir. Cette espérance est la source vivante dans laquelle nous puisons l'envie de poursuivre et d'intensifier l'action humanitaire. Protéger et aider les victimes, ainsi que promouvoir des solutions à long terme, sont des aspects importants dans le processus de recherche de la paix. En effet, la paix ne pourrait être durable sans le retour et la réintégration des réfugiés dans leur communauté nationale. Ainsi, ces deux dernières années, le HCR a pu rapatrier 1.7 million de réfugiés au Mozambique, et l'histoire nous a maintes fois prouvé que cette solution s'avère la plus souhaitable. La recherche de la paix est aussi une action résolue pour prévenir les conflits, pour réconcilier les antagonistes et pour réhabiliter les sociétés en ruine.
Notre étroite collaboration avec l'OUA et ses pays membres se situe dans ce contexte.
Je me dois de vous dire, Monsieur le Président, toute ma reconnaissance et ma gratitude pour l'intérêt particulier que vous ne cessez d'accorder à l'action humanitaire et aux activités du HCR.
J'en ai largement bénéficié au cours de l'année que vous avez passée à la tête de l'OUA.
Ce prix présidentiel des droits de l'homme démontre votre engagement indéfectible et votre continuel appui à notre cause, et c'est au nom de tous les responsables du HCR ainsi qu'en mon nom personnel que je l'accepte avec honneur et joie. Par ce geste, vous témoignez également de votre solidarité avec plus de 27 millions de réfugiés et de personnes déplacées, victimes de conflits et de violations massives des droits de l'homme. Ce prix nous encourage à continuer notre action sur le terrain en vue d'alléger la souffrance des victimes et d'assurer la protection aux réfugiés dans le monde, et tout particulièrement sur le continent africain.
L'objectif ultime de notre action au HCR rejoint à juste titre ce que vous préconisez : c'est-à-dire une meilleure vie pour tous, dans la dignité et le respect du droit, que nous espérons atteindre grâce à l'appui de la communauté internationale. Je suis convaincue que le triptyque paix-développement-démocratie est essentiel pour résoudre les problèmes des réfugiés, et mieux encore, pour effectuer un travail de prévention des crises humanitaires.
Monsieur le président, il m'est agréable de vous exprimer ma considération et mon admiration pour les importantes réalisations que la Tunisie a accomplies à votre initiative. La crédibilité et le rayonnement dont bénéficie votre pays sur la scène internationale en constituent autant de témoignages éloquents.
Je tiens à vous exprimer, Monsieur le Président, ma profonde reconnaissance pour ce prix honorable et pour votre précieuse coopération.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je vous remercie.