Rapport intérimaire sur la mise en oeuvre de la politique du HCR concernant les femmes réfugiées
Rapport intérimaire sur la mise en oeuvre de la politique du HCR concernant les femmes réfugiées
EC/SC.2/55
I. INTRODUCTION
1. Le présent document est présenté en application de la décision du Comité exécutif publiée dans le document A/AC.96/783 du 21 octobre 1991, dans lequel le Comité prie le Haut Commissaire de présenter un rapport intérimaire sur la mise en oeuvre de la politique du HCR concernant les femmes réfugiées. Y sont présentées les activités par région sur le terrain et au siège ainsi que des lignes directrices pour l'avenir. Il convient de lire, en même temps que le présent document, la note d'information sur l'application des Directives du HCR pour la protection des femmes réfugiées (EC/SCP/74) qui fait partie intégrante des activités de mise en oeuvre de la politique concernant les femmes réfugiées et a été établie en réponse à la demande du Comité exécutif tendant à ce qu'un rapport spécial sur certains aspects de la protection soit présenté à la quarante-troisième session.
2. La politique du HCR concernant les femmes réfugiées (A/AC.96/754) repose sur le principe de l'intégration. C'est-à-dire qu'il faut, dans tout ce qui relève de la planification et de la mise en oeuvre du programme, prendre en considération les besoins et les capacités particulières des femmes réfugiées car c'est un élément indispensable de l'évaluation des besoins essentiels et de l'exécution de tout programme. C'est la responsabilité qui incombe à chaque fonctionnaire pour que l'exécution des programmes soit efficace. La politique du HCR concernant les femmes réfugiées vise à améliorer les programmes en étoffant la participation des réfugiés à leur exécution, en particulier celle des femmes, ce qui permet d'améliorer la protection et d'apporter à la population des biens et des services adaptés à leurs besoins divers.
3. Dans l'optique de cette intégration, des questions ayant trait aux statistiques, au recrutement du personnel féminin et à l'évaluation du personnel, qui avaient été soulevées lors de la quarante-deuxième session du Comité exécutif, font l'objet de documents séparés présentés au Comité, y compris la Présentation générale des activités du HCR (A/AC.96/798) et la Note sur les statistiques concernant les réfugiés (EC/1992/SC.2/CRP.16).
4. La présente note a été établie à partir de documents se rapportant à l'Examen du Programme annuel, de rapports techniques et de missions sur le terrain. Dans chaque région, des progrès ont été faits pour garantir que les femmes réfugiées (et par leur entremise, les familles réfugiées) bénéficient, à tous les stades, de l'exécution des programmes d'assistance et de protection. A titre d'illustration, on trouvera quelques exemples, région par région, d'initiatives uniques et novatrices qui témoignent de l'ampleur et de l'étendue des progrès accomplis. Toutefois, l'objectif n'est pas d'entrer dans le détail de tout ce qui a été fait. Sont également mentionnées les initiatives interorganisations et les activités entreprises pour sensibiliser davantage le personnel et le public à la situation des femmes réfugiées.
5. Les orientations des activités de mise en oeuvre de la politique concernant les femmes réfugiées ont beaucoup changé au cours de l'année écoulée; ces activités ont été davantage axées sur la fourniture de conseils pratiques et de soutien au niveau des projets et des programmes sur le terrain, sur le partage des expériences concernant certaines initiatives dans l'idée de les renouveler dans d'autres régions, sur la diffusion d'informations sur les problèmes que rencontrent les femmes au niveau régional ou sectoriel et sur l'expression des réactions suscitées par les rapports nationaux. En outre, l'organisation sur le terrain du cours de formation différenciée en fonction du sexe, intitulé « La planification à visage humain », a donné lieu à de nombreuses activités de contrôle et de suivi.
6. Ce changement d'orientation correspond à une transition logique au stade du passage, dans la mise en oeuvre du programme, des activités de promotion et de formulation des politiques et des directives à des activités d'intégration dans la conception et l'exécution des projets et des programmes. En raison de cette évolution et de la nomination récente d'une Coordinatrice principale pour les enfants réfugiés, il convient de revoir les mandats des deux groupes de travail, sur les femmes et les enfants, et de coordonner leurs activités, de renforcer la participation des bureaux régionaux dans ces groupes et de mettre l'accent sur la définition et le développement du rôle des points centraux sur le terrain. La nomination d'une Coordinatrice principale pour les enfants réfugiés a été bien accueillie car on s'attend que, l'accent étant mis davantage sur les besoins des enfants, les programmes en faveur des femmes réfugiées, qui dans la plupart des cas pourvoient avant toute autre personne aux besoins des enfants, seront renforcés et étayés.
7. En dépit des progrès réalisés, il est évident que le HCR devra s'occuper de certaines questions au cours de l'année à venir s'il veut consolider et institutionnaliser cette approche en ce qui concerne l'exécution de ses programmes. Il faudra absolument développer la formation du type « planification à visage humain » et la formation de ceux qui s'occupent de la protection, qu'il s'agisse de fonctionnaires du HCR ou du personnel des partenaires opérationnels du Haut Commissariat. Il faudra donner des directives précises au personnel concernant la protection physique. Il conviendrait de continuer à accorder une importance particulière à la formation du personnel chargé de la programmation et des fonctionnaires appelés à intervenir dans les situations d'urgence. Il faudrait encourager l'utilisation par les partenaires d'exécution du matériel de formation différenciée en fonction du sexe et, d'une manière générale, le programme de formation à la gestion des situations d'urgence. Il faudra continuer à suivre de près l'évolution des principaux programmes et surveiller l'apparition de nouvelles situations d'urgence afin de garantir et de soutenir l'exécution de la politique concernant les femmes réfugiées.
II. LA FORMATION POUR LA PLANIFICATION A VISAGE HUMAIN
8. Le cours de formation intitulé « People-Oriented Planning » (POP) (« La planification à visage humain »), mis au point par le HCR au cours des trois dernières années, vise à aider le Haut Commissariat et le personnel des partenaires d'exécution à élaborer des projets et des programmes fondés sur une bonne compréhension des besoins et des ressources de la communauté des réfugiés. Ce cours, qui dure deux jours, présente un ensemble de principes permettant d'analyser les rôles socio-économiques des hommes et des femmes réfugiés et la façon dont ils utilisent et contrôlent les ressources. L'accent est mis sur une approche axée sur le développement et la participation, prenant en compte à la fois les capacités et les restrictions, qui peuvent être implicites au sein de la structure collective, concernant les femmes, les hommes et les enfants. L'approche du HCR favorise l'analyse des besoins de l'ensemble de la communauté et met l'accent en particulier sur les femmes qui sont souvent négligées lorsque les représentants des réfugiés sont consultés au sujet de la planification des projets. Des études de cas concernant des activités entreprises par le HCR sont utilisées pour décrire le cadre analytique appliqué à diverses situations de réfugiés (situations d'urgence, insertion et rapatriement) et dans diverses régions géographiques.
9. En 1991 et en 1992, le HCR a beaucoup insisté sur la poursuite du développement du matériel didactique et sur les cours de formation, notamment sur le terrain. De la documentation a été traduite en espagnol et en français et de nouvelles études de cas ont été faites illustrant l'autosuffisance des réfugiés au Mexique et le rapatriement au Cambodge (parmi des études de cas déjà faites on peut citer l'installation sur place en Zambie et les activités génératrices de recettes au Soudan). Trois exercices de formation brève sur les situations d'urgence ainsi qu'un projet « à impact rapide » sont en cours d'élaboration également. En outre, la Politique concernant les femmes réfugiées et les Directives pour la protection des femmes réfugiées ont été remaniées et rendues plus lisibles et plus attrayantes pour faciliter leur utilisation en tant qu'instruments de formation.
10. Cinq cours de formation régionale ont eu lieu, deux en Côte d'Ivoire, deux en El Salvador et un au Soudan. Vingt personnes en moyenne ont participé à chacun de ces cours, parmi lesquelles des fonctionnaires du Haut Commissariat et du personnel des partenaires d'exécution du HCR, ministères et organisations bénévoles. Un atelier a été organisé à Genève à l'intention des administrateurs chargés de la préparation et de l'intervention en cas d'urgence et certains aspects de la formation ont été intégrés dans le programme général de formation à la gestion des situations d'urgence. Trois ateliers supplémentaires sur la planification à visage humain seront organisés en Thaïlande en septembre; il y aura aussi un atelier supplémentaire au siège et une réunion d'information à l'intention des cadres supérieurs. Les cours donnés jusqu'à présent ont plu si l'on en croit les rapports d'évaluation qui ont été établis par la suite.
11. En dehors du programme officiel de formation concernant la planification à visage humain, chaque mission entreprise par le Coordonnateur principal pour les femmes réfugiées et le responsable des femmes et des enfants du Service de programmation et d'appui technique au programme est l'occasion d'expliquer au personnel du HCR comment promouvoir la participation des femmes. La Politique et les Directives concernant les femmes réfugiées sont présentées à tous les nouveaux fonctionnaires qui suivent des réunions d'information à Genève; en outre, des conseils leur sont donnés concernant certains secteurs dont il leur faudra suivre l'évolution dans leur région.
12. Si les fonds le permettent, une stratégie sera mise au point au cours de l'année à venir visant à développer la formation en général et à l'intégrer au sein d'autres activités de formation du HCR (concernant par exemple le rapatriement). Bien que des fonctionnaires du HCR et du personnel d'organisations non gouvernementales aient été formés pour former à leur tour d'autres personnes, il sera toujours nécessaire de faire appel, dans une certaine mesure, à des animateurs extérieurs, étant donné que le travail du HCR comporte souvent de par sa nature des interventions d'urgence. Pour que la formation ait un effet transformateur sur la façon d'aborder la planification, il faut qu'un nombre important de fonctionnaires suivent les cours. En conséquence, la stratégie au cours de l'année à venir consistera à utiliser le mieux possible les ressources qui ont été investies dans la mise au point de matériel didactique et dans la formation de chargés de formation en organisant le plus grand nombre de cours possible dans le plus grand nombre de régions possible. En outre, le matériel didactique existant sera mis à la disposition des organisations non gouvernementales partenaires d'exécution pour la formation de leur propre personnel, ce qui aura pour effet de renforcer les efforts du HCR et de favoriser des actions qui s'en inspirent.
III. INFORMATION
13. On s'est efforcé de mieux faire connaître la situation des femmes réfugiées, non seulement au personnel du HCR et des partenaires d'exécution mais aussi au grand public et en particulier aux établissements universitaires et aux autres organisations des Nations Unies. En collaboration avec le Service de liaison non gouvernementale de l'ONU, un livre sur les femmes réfugiées vient d'être publié; il sera distribué gratuitement aux organisations non gouvernementales des pays en développement et vendu largement par les bureaux d'information de l'ONU. De plus, on a entrepris d'élaborer une courte brochure sur les femmes réfugiées pour répondre aux questions qui sont le plus souvent posées au sujet de la politique du HCR.
14. Le HCR a participé activement aux travaux d'instances comme la Commission de la condition de la femme et la première réunion organisée par le Comité d'aide au développement (CAD) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) avec des organisations multilatérales en prévision de la Conférence mondiale de 1995 sur les femmes. Le Haut Commissariat a souligné devant ces instances les liens entre les questions humanitaires et les questions de développement, en mettant particulièrement l'accent sur les problèmes spécifiques des femmes. En outre, des réunions ont été organisées avec le personnel responsable des problèmes des femmes dans la plupart des organisations multilatérales et dans un grand nombre d'organisations bilatérales.
15. Le HCR espère conclure dans l'année qui vient un mémorandum d'accord avec le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) de façon à définir un cadre pour les activités communes menées actuellement et à jeter les bases de la coopération future.
16. De plus en plus souvent, le HCR est pressenti pour fournir des documents et faire des exposés sur les femmes réfugiées à l'intention de diverses organisations universitaires et professionnelles et pour donner des conseils techniques à des organisateurs de conférences qui souhaitent inscrire la question à leur programme. Certes, le HCR reconnaît l'importance de ces occasions qui lui sont données de susciter davantage d'intérêt et d'appui pour cette question mais il lui est difficile de concilier les activités sollicitées avec les priorités que sont la surveillance de l'application sur le terrain de la Politique et des Directives concernant les femmes réfugiées et l'appui à ces programmes. Il est également de plus en plus difficile de répondre aux nombreuses demandes d'information sur des programmes précis.
17. Certaines de ces demandes ont mis en relief la nécessité de réfléchir aux moyens concrets d'améliorer la mise en oeuvre des programmes en faveur des femmes réfugiées. Il faut notamment étudier les facteurs spécifiques au rapatriement des femmes réfugiées et les questions qui se posent pour mettre en oeuvre des programmes de développement en faveur des femmes de retour dans leur pays. De plus, un grand nombre de rapports d'activités sur le terrain utiles doivent être analysés et publiés de façon à faire mieux comprendre au public les modalités de mise en oeuvre des programmes en faveur des femmes réfugiées et, en particulier, à donner des exemples des expériences du HCR en vue de la programmation des activités à venir. La nécessité d'organiser un séminaire pour permettre au personnel du HCR qui s'occupe particulièrement des femmes réfugiées d'échanger des informations a également été identifiée. Il pourrait s'agir là d'une première étape importante dans un processus par lequel certaines des expériences évoquées dans le présent rapport seraient reprises dans d'autres régions. La capacité du HCR d'agir à l'avenir dans ce sens sera évidemment fonction des ressources disponibles.
IV. RAPPORTS REGIONAUX
A. AFRIQUE
18. Dans la plupart des pays d'Afrique, des mesures nouvelles ont été prises pour faire participer les femmes réfugiées, que ce soit pendant la phase d'urgence, pendant la phase de soins et d'entretien ou lors de la planification du rapatriement, ce qui vient s'ajouter aux activités ordinaires de soins maternels et infantiles. Plusieurs bureaux ont inscrit sur leur ordre de priorités pour 1992 et 1993 l'encadrement et la formation professionnelle des femmes et ont déjà commencé à planifier des activités en ce sens. Dans plusieurs pays, la nomination d'un responsable des femmes et des enfants ou la désignation de centres de coordination a permis de déterminer beaucoup mieux et d'augmenter les possibilités d'intégration des femmes aux programmes du HCR et d'aider à définir des activités de nature à répondre aux besoins spécifiques des femmes. Au Malawi, la participation des femmes à des activités génératrices de revenus comme la menuiserie, la ferblanterie et le soudage a été encouragée et il est probable que les femmes seront attirées par d'autres secteurs non traditionnels étant donné le succès que connaît déjà ce projet pilote, qui vise à donner aux réfugiés une formation qui leur sera utile quand ils auront été rapatriés.
19. De même, des programmes visant à permettre aux filles de poursuivre leur scolarité plus longtemps et à assurer la formation de travailleurs communautaires contribuent à donner aux femmes de meilleures possibilités d'obtenir un revenu. Un nutritionniste régional pour l'Afrique australe a été tout spécialement chargé d'enseigner aux femmes à reconnaître les signes de la malnutrition et d'appuyer aussi de petits projets visant à la combattre dans la population. Au Zimbabwe, le Bureau a nommé un médiateur pour les femmes réfugiées, initiative qui a permis d'intégrer effectivement les questions concernant les femmes à chacun des éléments du programme par pays du HCR. Au Kenya, dans le cadre de l'action d'urgence, on s'efforce tout particulièrement de veiller à ce que des travailleuses communautaires soient recrutées, à ce que les réfugiées puissent participer aux comités de camp et à ce que leurs propres initiatives d'auto-assistance reçoivent l'appui voulu. Récemment, la création d'un poste basé à Nairobi a été approuvée pour aider en particulier à identifier les femmes réfugiées à risques et autres groupes vulnérables dans la région et à leur trouver un lieu de réinstallation.
20. Dans d'autres pays, des activités sont organisées à l'intention des femmes chefs de famille dans des domaines tels que le maraîchage, la couture, la formation professionnelle et la puériculture. En Afrique du Sud, le Bureau a mis au point un projet d'orientation sociale destiné aux rapatriées qui vise à garantir leur réinsertion. Dans la Corne de l'Afrique, les initiatives auxquelles les femmes sont associées sont encouragées dans un certain nombre de secteurs, comme l'élevage et l'éducation visant à sensibiliser aux dangers de certaines pratiques traditionnelles, etc. Il est prévu de créer un centre de femmes au Soudan. Le personnel sur le terrain a déployé des efforts particuliers pour faire participer les femmes à l'évaluation des besoins et des ressources en vue du rapatriement.
21. En Guinée, le Bureau du HCR s'emploie activement à assurer une participation équitable des réfugiées aux comités de camp tandis qu'en Côte d'Ivoire et au Ghana, un projet UNIFEM/ONG fait appel à la participation de réfugiées du Libéria.
22. En outre, on a entrepris de rassembler des données détaillées sur les principales populations de réfugiés en Afrique de façon à obtenir des renseignements sur les pratiques sociales et culturelles qui pourraient être déterminantes pour la réussite des activités d'assistance prévues et qui peuvent également influer sur la possibilité pour une femme demandeur d'asile de plaider sa cause. Le rapport contenant ces données sera mis prochainement à la disposition du personnel du HCR et de ses partenaires d'exécution. Une étude sur la situation des femmes réfugiées en Côte d'Ivoire, au Kenya et au Malawi vient d'être achevée et sera elle aussi publiée prochainement.
B. ASIE ET OCEANIE
23. Au Cambodge, le personnel applique scrupuleusement les recommandations formulées dans un rapport dont les auteurs avaient été chargés d'identifier les problèmes particuliers qui se posaient pour le rapatriement des personnes particulièrement vulnérables. Toutefois, étant donné le grand nombre de femmes chefs de famille parmi les rapatriés, celles-ci n'ont pas été concrètement mises au nombre des personnes particulièrement vulnérables, sauf s'il existait des facteurs aggravants (femmes handicapées ou responsables de parents handicapés, par exemple). Des efforts ont été faits en vue du rapatriement, pour que les femmes, à leur arrivée, rencontrent d'autres femmes sur place permettant ainsi un échange d'informations et la création pour l'avenir d'activités intéressant particulièrement les femmes. Les « projets à impact rapide » devraient comporter des éléments spéciaux permettant la participation équitable des femmes, en particulier des femmes chefs de famille.
24. En Thaïlande, la création d'un poste régional de Responsable des femmes et enfants réfugiés a permis de mettre en place un plan de travail dynamique fondé sur la politique concernant les femmes réfugiées. En une première étape, des visites ont eu lieu dans chacun des camps de la région afin de constater les problèmes particuliers des femmes réfugiées et de recommander des mesures à prendre pour les résoudre. Sur place, des travailleurs sociaux ont été formés à la méthode de « planification à visage humain » et ont participé au Groupe de travail interinstitutions des femmes dans le développement. En République démocratique populaire lao, le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) finance une étude sur les problèmes de rapatriement rencontrés par les femmes Hmong et le personnel du HCR s'est mis en rapport avec une association locale de femmes qui s'occupera des aspects du rapatriement touchant le développement communautaire.
25. En Inde et à Sri Lanka, des possibilités de formation professionnelle ont été offertes aux femmes. En Indonésie, les services d'aide aux victimes de la violence sont toujours en place. Au Bangladesh, la question de l'accès aux soins de santé pour les femmes réfugiées a été particulièrement soulignée afin d'inciter à déployer davantage d'efforts pour répondre à leurs besoins particuliers.
C. EUROPE
26. Comme en Amérique du Nord, des efforts ont été faits pour informer les responsables des problèmes qui se posent aux femmes qui demandent le statut de réfugié au cours des interviews. Dans l'ancienne Yougoslavie, un programme de services sociaux communautaires est mis en place pour venir en aide spécialement aux nombreuses familles dont le chef est une femme. Le HCR prévoit également de participer activement à une conférence qui sera organisée par des ONG sur les femmes dans une Europe en transformation (Grèce, novembre 1992).
D. LES AMERIQUES
1. Amérique centrale
27. Des progrès concrets dans la mise en oeuvre de la politique concernant les femmes réfugiées sont certes constatés dans toutes les régions, mais il ne fait aucun doute que l'Amérique centrale occupe une place particulière en raison des initiatives prises dans le cadre du premier Forum régional sur les femmes réfugiées, déracinées et rapatriées (FOREFEM), tenu en février 1992 au Guatemala. Tous les pays de la région ont participé très activement à la préparation et au déroulement du Forum et il faut espérer que les nombreuses initiatives nouvelles prises à cette occasion pourront servir de modèles dans d'autres pays. C'est pourquoi les initiatives prises en Amérique centrale sont exposées de façon particulièrement détaillée dans le présent rapport afin de souligner l'ampleur et la nature des progrès qui peuvent être accomplis. Les facteurs les plus importants ayant contribué au succès des activités ont été les suivants : initiative personnelle des fonctionnaires, appui apporté par la direction, tant au siège que sur le terrain, motivation des femmes déracinées, soutien des gouvernements hôtes et des ONG et existence d'une politique claire et de directives précises du HCR concernant les femmes réfugiées, qui ont permis de mener à bien le processus selon une orientation structurée.
28. Le FOREFEM a été organisé à l'initiative du personnel du HCR à la suite d'une évaluation de l'impact des projets de la Conférence internationale sur les réfugiés centraméricains (CIREFCA) sur les femmes déracinées, qui a révélé que les intéressées n'avaient pas suffisamment tiré profit des possibilités offertes. Le FOREFEM, avec l'appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et des Etats participant au processus de la CIREFCA, s'est fixé les objectifs suivants :
Contribuer à une amélioration nette et vérifiable des conditions auxquelles les femmes réfugiées, déracinées et rapatriées font face dans la région, afin de leur permettre de s'intégrer ou de se réintégrer dans la société en toute sécurité et avec dignité.
Encourager la participation active des femmes déracinées au processus entamé, les consulter lors de l'identification et de l'analyse de leurs problèmes et reconnaître leur rôle en tant qu'agents du développement.
Modifier la notion actuelle implicite dans les programmes d'assistance aux femmes déracinées, afin de reconnaître que leurs besoins ne sont pas liés uniquement à des problèmes sociaux qui peuvent être résolus grâce aux seuls programmes de soutien et d'assistance, mais sont également liés à des problèmes politiques.
Proposer de modifier la planification, la conception et la mise en oeuvre des politiques, des programmes et des projets pour faire en sorte que l'attention voulue soit accordée aux femmes déracinées dans leur spécificité de femmes.
29. Le FOREFEM lui-même n'a été qu'un élément d'un processus général auquel tous les bureaux du HCR de la région ont participé entre septembre 1991 et février 1992. Des enquêtes ont été faites sur la situation des femmes, des débats et des ateliers ont été organisés pour examiner la politique du HCR concernant les femmes réfugiées, des débats sur les distinctions à faire selon le sexe ont été organisés avec la participation des femmes concernées et des agents d'exécution, les projets en cours et proposés ont été passés en revue pour tenir compte des besoins particuliers et des capacités des femmes déracinées et les instruments juridiques relatifs aux droits de l'homme et aux droits des femmes ont été compilés, publiés et distribués. Une aide a été accordée à une ONG en vue de la publication d'une brochure sur les droits des femmes réfugiées et rapatriées en Amérique centrale, à l'intention des participants aux ateliers sur les femmes déracinées. Un consultant a été engagé par le bureau régional du HCR au Costa Rica pour donner suite aux recommandations du FOREFEM.
30. Chaque pays de la région a entrepris des activités correspondant à sa propre situation. On trouvera quelques exemples ci-après :
Des projets à impact rapide, visant à réintégrer les rapatriés grâce à des activités à impact immédiat et génératrices de revenus et à remettre en état les services et l'infrastructure communautaires, ont été adaptés pour permettre aux femmes rapatriées d'en tirer équitablement profit. Il serait utile que cette activité serve de modèle dans d'autres pays qui appliquent la méthode des projets à impact rapide dans leurs programmes de rapatriement.
Des enquêtes ont été réalisées pour évaluer les obstacles à la participation des femmes aux activités prévues en leur faveur.
Des cours ont eu lieu sur les droits prévus dans la loi et les questions de rapatriement intéressant particulièrement les femmes.
A la suite de la formation dispensée par le HCR concernant les interviews à faire passer aux femmes qui demandent le statut de réfugié, certains gouvernements ont décidé d'inclure des femmes parmi leur personnel chargé des interviews.
Les femmes réfugiées elles-mêmes ont entrepris des études sur leurs besoins et leurs capacités et ont élaboré des projets avec l'aide et le soutien du HCR.
Les cartes familiales d'alimentation ont été remises aux femmes chefs de famille plutôt qu'aux hommes, lorsqu'il est apparu que les femmes et les enfants étaient souvent abandonnés.
2. Amérique du Nord
31. Le HCR a appuyé des initiatives nationales visant à former les agents responsables de l'octroi du statut de réfugié dans des domaines particuliers concernant les femmes réfugiées, par exemple la discrimination fondée sur le sexe, ainsi qu'aux techniques des interviews et à la recherche de données sur le pays d'origine. En outre, le HCR a encouragé et appuyé les ONG et les organisations de recherche s'intéressant activement aux questions concernant les femmes réfugiées et en particulier à la formation d'agents d'exécution.
E. ASIE DU SUD-OUEST, AFRIQUE DU NORD ET MOYEN-ORIENT
32. Malgré les difficultés posées par la mise en oeuvre des programmes à l'intention des femmes afghanes réfugiées, un grand nombre de projets utiles ont été entrepris. Un manuel destiné au personnel féminin de santé a été mis au point en association avec des ONG et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et une formation complète a été dispensée au personnel féminin de santé communautaire, ainsi qu'aux accoucheuses traditionnelles. Un grand nombre d'activités génératrices de revenus ont été entreprises, notamment à l'intention de groupes particulièrement vulnérables tels que les veuves chefs de famille et les aveugles. Des activités « mobiles » visant à aider les femmes à se réintégrer en Afghanistan ont été conçues par des ONG et bénéficient de tout le soutien du Bureau du HCR. En République islamique d'Iran, le projet mixte de l'ONU et du gouvernement comprend des activités génératrices de revenus et une formation spécialisée en faveur des femmes; en Iraq, l'accent est placé sur l'alphabétisation des femmes.
V. CONCLUSIONS
33. Bien que des progrès aient été réalisés dans un grand nombre de régions et de secteurs et que des modèles aient été créés, les efforts doivent se poursuivre pour lancer de nouvelles initiatives et appuyer les activités en cours.
34. Comme il est indiqué dans le rapport intérimaire sur l'application des directives du HCR pour la protection des femmes réfugiées (EC/SCP/74), une importance accrue doit être accordée à la formation du personnel de protection, tant au siège que sur le terrain. Dans le cadre de cette formation, l'accent sera placé sur le lien entre une assistance soigneusement planifiée et la protection matérielle, ainsi que sur la nécessité de sensibiliser les agents du gouvernement hôte aux besoins particuliers des femmes qui demandent le statut de réfugié. En outre, des directives spéciales concernant les cas de viol doivent être mises au point et diffusées afin de pouvoir mieux traiter de ce problème largement répandu.
35. Il est évident que toutes les mesures n'ont pas encore été prises pour ce qui est de la participation des réfugiés en général, et des femmes en particulier, aux premières étapes d'une situation d'urgence. Tant que la mobilisation de la communauté ne sera pas considérée comme un aspect essentiel de la planification des secours en cas d'urgence, il sera impossible d'assurer l'apport de l'aide la plus appropriée à la population. Les agents communautaires des services mobiles, tant hommes que femmes, doivent être considérés comme le lien indispensable entre la fourniture et la livraison de biens et de services et l'utilisation rationnelle de ces biens et services par les collectivités. Ces agents sont les mieux à même de constater les problèmes qui se posent, par exemple le caractère inadapté des produits alimentaires ou l'incapacité de la population à accommoder ces produits, les obstacles à l'utilisation des services de santé et d'hygiène, le manque d'accès à ces services pour certains groupes, etc. Si ces problèmes sont détectés rapidement, des mesures peuvent être prises pour y remédier, alors que s'ils restent non résolus, ils risquent d'accentuer le caractère d'urgence de la situation. Il est regrettable que la plupart des agents chargés des réfugiés considèrent encore que la mobilisation des collectivités est un aspect de la protection sociale qui ne doit intervenir qu'au stade des soins à dispenser pour la survie des réfugiés. L'élargissement de la formation à la « planification à visage humain » est un facteur essentiel qui contribuera à modifier cette attitude et à faire en sorte que les hommes et les femmes réfugiés puissent influer sur la planification et la mise en oeuvre des programmes prévus en leur faveur, y compris à la phase d'urgence. Il est indispensable, pour assurer la participation des réfugiés, en particulier des femmes, que des ressources suffisantes soient consacrées à la poursuite et à l'élargissement de ce programme de formation.
36. Des mesures permanentes de suivi et d'assistance doivent être prises pour faire en sorte que la politique concernant les femmes réfugiées et les directives sur la protection des femmes réfugiées soient pleinement appliquées. Il faudra à cette fin mobiliser les points centraux de chaque région. Les points centraux n'auront pas pour rôle d'assumer ces responsabilités eux-mêmes, mais plutôt de veiller à ce que leurs collaborateurs disposent des renseignements et des ressources nécessaires pour s'acquitter eux-mêmes de cette tâche. Il faudra également à cette fin que le siège apporte un appui solide et une orientation substantielle pour veiller à ce que la politique soit appliquée de façon rationnelle et uniforme.