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Le parcours d'une apatride – Anastasia Trevogin

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Le parcours d'une apatride – Anastasia Trevogin

1 Octobre 2016
Anastasia Trevogin

« Un jour, j'ai montré mon document d'apatride à la banque (sur lequel il est écrit « nationalité : apatride-apatride »), ils m'ont demandé « où se trouve le pays 'apatride' ? » 

PARIS, France  – Anastasia est née dans un avion entre la Russie et l’Ouzbékistan, en 1985 lorsque les deux pays faisaient partie de l’Union Soviétique. Le seul document que ses parents ont pu obtenir fut son acte de naissance. Après avoir été apatride pendant 29 ans, elle a finalement été naturalisée française il y a deux ans.

Sa mère vient de Penza, République socialiste fédérative soviétique de Russie, Union Soviétique, et son père de Sumi, République socialiste fédérative d’Ukraine, Union Soviétique.

Anastasia est arrivée en France lorsqu’elle avait 14 ans et a pu être inscrite à l’école. Elle a eu des problèmes pour passer son baccalauréat en raison du manque de documents, mais grâce à l’aide de ses professeurs, elle a pu passer l’examen. Elle n’a cependant pas pu continuer ses études et a suivi plusieurs formations.

Anastasia est née dans un avion entre la Russie et l'Ouzbékistan, en 1985 lorsque les deux pays faisaient partie de l'Union Soviétique. Le seul document que ses parents ont pu obtenir fut son acte de naissance. Après avoir été apatride pendant 29 ans, elle a finalement été naturalisée française il y a deux ans.

Anastasia se souvient parfaitement du jour où sa demande et celle de ses parents pour le statut de réfugié ont été refusées, le 8 février 2005. En effet, elle a, au cours de la nuit, donné naissance à son premier enfant, une fille, Alexandra. Après cela, le cauchemar a commencé. Les médecins, qui venaient de la faire accoucher ont refusé de lui remettre son bébé car Anastasia ne pouvait pas prouver qui elle était. Ils lui ont dit : « On vous donnera votre bébé si vous nous prouvez qui vous êtes ». Son conjoint, le père d’Alexandra avait la nationalité russe, les médecins ont donc pu lui confier le bébé. Ils ont pu obtenir un acte de naissance pour Alexandra mais à l’Ambassade de Russie on lui a dit qu’Alexandra ne pouvait avoir la nationalité russe car sa mère ne pouvait présenter aucun document d’identité. De ce fait, Alexandra, aujourd’hui âgée de 12 ans, a été apatride pendant 10 ans. L’apatridie d’Anastasia a été transmise non seulement à Alexandra mais également à son deuxième enfant, Charles-Henri. Heureusement, Alexandra et Charles-Henri ont automatiquement obtenu la nationalité française après qu’Anastasia l’ait obtenue en 2014. « Mes enfants connaissent leurs racines, mais ils disent qu’ils sont Français ».

Anastasia a officiellement été reconnue apatride par les autorités françaises en 2008, après avoir commencé la procédure en 2004. Lorsqu’elle reçoit le courrier en lettre recommandée, elle se rend à La Poste où on lui répond : « vous ne pouvez pas avoir votre lettre si vous ne prouvez pas votre identité ». Elle a dû solliciter des employés de la mairie qui la connaisse afin d’obtenir son courrier.

Elle a finalement pu se marier en 2009 : « Nous avons essayé de nous marier plusieurs fois avant mais elles [les autorités compétentes] ne nous ont pas laissés car je n’avais pas de nationalité. C’était toujours la même chose : ils me demandaient de prouver d’où je viens ».

En 2014, Anastasia a enfin pu soumettre sa demande de nationalité française. Avant cette date elle ne pouvait pas car on lui demandait d’apporter des documents qu’elle n’avait pas (à la préfecture par exemple, on lui demandait de présenter un passeport).

Malgré toutes ces difficultés, elle a obtenu la nationalité française il y a deux ans. « Lorsque j’ai reçu la nationalité française, j’ai enfin eu la sensation que des portes s’ouvraient à moi, maintenant je pense que c’est le moment de fermer cette porte et d’avancer dans ma vie ». Elle est heureuse d’être française, « la France, malgré tous les problèmes que j’ai eu, c’est le pays qui m’a accueillie. Malgré tout ! ».


Signez la lettre ouverte et engagez-vous pour mettre fin à l’apatridie d’ici 2024.