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A la rencontre des déplacés congolais dans les camps du Nord-Kivu

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A la rencontre des déplacés congolais dans les camps du Nord-Kivu

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a lancé mercredi, dans le camp de Mugunga III, un projet de profilage dont la phase préliminaire vise à vérifier les données démographiques de plus de 210 000 déplacés présents à Goma, à Rutshuru et à Minova.
5 février 2009
L'enregistrement des déplacés a commencé dans le camp de Mugunga III géré par le HCR et situé dans le Nord-Kivu, en RDC.

GOMA, République démocratique du Congo, 5 février (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a lancé mercredi dans le camp de Mugunga III, situé à environ 15 kilomètres à l'ouest de la ville de Goma, un projet de profilage dont la phase préliminaire vise à vérifier les données démographiques de plus de 210 000 déplacés présents à Goma, dans le Rutshuru et à Minova.

Ce projet est mené en collaboration par différentes agences onusiennes dont le HCR, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS) et sa durée prévue est de six mois. Il vise à dénombrer les déplacés présents dans les camps gérés par le HCR, à leur apporter une assistance ciblée adaptée à leurs besoins et à définir leur profil, leur état d'esprit et leurs intentions de retour.

Le Nord-Kivu traverse une période d'accalmie des combats. Quelque 809 000 personnes déplacées internes s'interrogent sur leur avenir, hésitant entre le retour dans leur milieu d'origine et la vie de déplacés.

Muka Muganga, une déplacée de l'ethnie pygmée vivant dans le camp de Mugunga III avec son mari et ses cinq enfants, vient de poser son doigt dans l'encreur que lui tend un employé du HCR. Sur la liste des personnes déplacées dans ce camp situé à près de 20 kilomètres à l'ouest de Goma, dans la province congolaise du Nord-Kivu, elle laisse son empreinte en échange de la carte de famille qui lui assurera l'accès à l'assistance apportée par les travailleurs humanitaires.

Suite au regain de conflits qui ont à nouveau déchiré le Nord-Kivu en fin d'année 2008 et qui ont provoqué plusieurs vagues de déplacement de la population, la cartographie humanitaire est devenue floue. « Pourquoi j'ai fui ? A cause de la guerre. J'ai vu les gens partir et, moi aussi, j'ai pris mes bagages », a expliqué Muka Muganga, en riant de l'évidence de sa réponse.

Début 2009, les Congolais ont vu d'anciens ennemis s'associer, des lignes de front disparaître et le nouveau déploiement de troupes militaires rwandaises dans le territoire. La province du Nord-Kivu connaît depuis peu une période d'accalmie mais l'avenir reste flou.

Malgré la trêve actuelle, les familles congolaises restent dubitatives et l'option de retour dans leur village d'origine est rapidement écartée. « Tout le monde a peur de rentrer aujourd'hui ! », explique la femme pygmée. « Je ne peux pas rentrer, la paix n'est pas revenue là-bas. Personne n'a encore quitté le camp pour retourner dans son village d'origine », a confirmé Juma Batende, un déplacé père de quatre enfants.

Les déplacés de Mugunga III attendent que la situation sécuritaire s'améliore dans leur région d'origine. Ils préfèrent rester au camp dans des conditions de vie difficiles plutôt que de rentrer chez eux et de subir l'insécurité. « Je suis déplacé, je m'adapte à tout. C'est comme si j'étais en formation, je n'ai pas le choix en attendant que la situation s'améliore », a ajouté Juma Batende.

« Je fabrique des pots, mais je ne peux pas le faire ici car je n'ai pas la terre adéquate », a expliqué Muka Muganga, en désignant le pot de terre cuite qui lui sert à cuisiner. Logées dans des huttes à l'espace limité et dont le toit est recouvert de bâches en plastique du HCR, les familles sont dépendantes de l'assistance qui peut leur être apportée. L'opération prévue pour une durée de six mois constitue donc un espoir pour les populations démunies.

Aujourd'hui, quelque 809 000 personnes sont déplacées dans le Nord-Kivu où elles vivent dans des conditions très précaires.

Par Myriam Suard à Goma, République démocratique du Congo