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Le site d'Amboko au sud du Tchad, un immense village

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Le site d'Amboko au sud du Tchad, un immense village

Le site d'Amboko a accueilli en 2003 plus de 13 000 réfugiés centrafricains ayant fui l'insécurité au nord de leur pays. Depuis le mois de juillet 2005 et l'arrivée de plus de 12 000 réfugiés supplémentaires au camp, l'UNHCR et le gouvernement tchadien ont ouvert un nouveau site à Gondjé, afin de préserver le niveau d'autosuffisance atteint par les premiers réfugiés.
9 février 2006
Au camp d'Amboko au Tchad, nouvelles arrivées de réfugiés centrafricains en septembre 2005.

TCHAD, 9 février (UNHCR) - Après avoir roulé pendant quinze minutes sur une route accidentée à partir de Goré, principale ville du sud du Tchad, située à 25 kilomètres de la frontière avec la République centrafricaine, le visiteur atteint le site de réfugiés d'Amboko. Des maisons en briques se dressent au milieu des champs de mil, entourées de clôtures de paille tressée, comme celles des villages voisins.

Plus au sud, dans l'extension du site, des tentes récentes abritent les réfugiés arrivés depuis le mois de juillet 2005. Les anciens réfugiés, installés depuis 2003, ont transformé le site initial en un immense village, grâce aux programmes d'aide de l'UNHCR pour les activités génératrices de revenus.

« Depuis l'arrivée des réfugiés centrafricains en 2003, l'UNHCR a mis en place un programme visant à l'autosuffisance alimentaire dans les camps, afin de diminuer leur dépendance à l'assistance humanitaire. Nous avons notamment distribué des semences offertes par la FAO (l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) et l'administration locale a mis à disposition des terres pour la culture. Nous encourageons aussi des initiatives personnelles », explique Georges Menze, responsable du bureau de l'UNHCR à Goré.

Les réfugiés arrivés récemment et installés dans le site vivent principalement de l'aide fournie par l'UNHCR. Certains parmi eux sont arrivés de Bekam, au sud du Tchad, où ils sont restés isolés pendant plusieurs semaines dans le plus grand dénuement ; ils s'estiment chanceux d'avoir pu arriver à Amboko. Ils gardent en mémoire les terribles événements d'août 2005, lorsqu'un groupe non identifié d'hommes armés a attaqué leurs villages, pillant et brûlant les maisons et forçant les habitants à s'exiler au Tchad voisin.

« J'ai fui avec ma mère, ma petite soeur et mon frère. Nous devions marcher lentement alors que les autres étaient en train de courir. Souvent, nous nous arrêtions parce que ma mère ne pouvait pas marcher rapidement. Je ne pouvais pas la laisser derrière. Ma mère est encore fatiguée et malade, mais aujourd'hui je suis content d'être arrivé ici avec ma famille », explique Jean de Dieu Dabtar, cultivateur d'une vingtaine d'années originaire du village de Bembo, au nord de la République centrafricaine.

Parmi les activités génératrices de revenus que l'UNHCR a développées sur le site d'Amboko, trois moulins ont été placés dans différentes zones du camp pour aider les réfugiés et la population des environs. Les moulins génèrent un chiffre d'affaires d'environ 300 000 francs CFA par mois, soit 600 dollars pour chaque groupement responsable de leur gestion. Ils évitent aux femmes du camp et des communautés environnantes de parcourir sept kilomètres à pied pour apporter leur grain à moudre à Goré ou d'avoir à le faire elles-mêmes.

« C'est bien d'avoir un moulin sur le site, car moudre le grain à la main est pénible », constate Adja, qui se trouve dans la file d'attente devant le moulin. « C'est un soulagement pour moi ; les paumes de mes mains ne sont pas solides », renchérit Adjé Mahamat, venue du quartier de Dengbé. Auparavant, les femmes utilisaient les moulins traditionnels et écrasaient les graines entre des pierres taillées de tailles différentes.

A Amboko, d'autres initiatives ont vu le jour. Par exemple, l'association des tailleurs réfugiés du camp gère un atelier de couture.

« Nous avons formé un groupement de 15 tailleurs. L'UNHCR a mis à notre disposition trois machines à coudre, mais les clients se font rares. Les meilleures périodes pour nous sont les fêtes de fin de Ramadan, le Nouvel An et la rentrée scolaire, parce que nous recevons des commandes pour des uniformes », raconte Indi Gana, présidente du groupement.

Les réfugiés bénéficient de tarifs spéciaux. Par exemple, une remise de 500 francs CFA leur est accordée pour un pantalon dont le prix s'élève habituellement à 1 500 francs CFA (l'équivalent de trois dollars US). « Notre désir le plus ardent est d'ouvrir une boutique de vêtements », affirme Youssouf Abakar, l'un des membres du groupement.

D'autres réfugiés ont décidé de tenter leur chance. C'est ainsi qu'Hamat Ibrahim s'est acheté une moto d'occasion à Moundou, afin de gagner un peu d'argent en transportant des marchandises. Doudou Zacharias vend, quant à lui, de la viande de poulet et de chèvre, qu'il grille sur place, sur le marché d'Amboko.

Mais l'exemple le plus frappant reste celui d'Hassim Haroun qui a construit une petite salle de cinéma en paille dans le camp, avec 100 places assises.

« J'ai commencé comme coiffeur, puis je me suis fait engager comme aide-maçon au moment de la construction de l'école au camp. Ensuite, j'ai vendu des mouchoirs, des cubes de bouillon et du sucre, ce qui m'a permis d' acheter une antenne parabolique, un décodeur, un téléviseur et un petit générateur au bout d'un an », explique fièrement Hassim. Il dispose désormais d'un revenu de 5 000 francs CFA (dix dollars US) par jour, ce qui lui permet de faire vivre sa famille et ses parents.

L'UNHCR assure l'éducation primaire des élèves réfugiés sur le site d'Amboko. Ceux qui réussissent le test national de la fin du cycle primaire sont directement admis au lycée public de Goré. « L'éducation des jeunes réfugiés leur permet d'acquérir une base solide et constitue un investissement sérieux pour leur avenir », fait remarquer Georges Menze.

Le site d'Amboko a accueilli en 2003 plus de 13 000 réfugiés centrafricains ayant fui l'insécurité au nord de leur pays. Depuis le mois de juillet 2005, les espaces cultivables se sont considérablement réduits avec l'arrivée de plus de 12 000 réfugiés supplémentaires dans le camp.

Afin de préserver le niveau d'autosuffisance atteint par les premiers réfugiés, l'UNHCR et le gouvernement tchadien ont ouvert un nouveau site à Gondjé pour y transférer tous les réfugiés arrivés dans le site d'Amboko après juin 2005. Situé à 7 kilomètres au sud, le site de Gondjé héberge aujourd'hui 3 587 personnes. Sa capacité maximale d'accueil est de 18 000 personnes.

Au camp d'Amboko au Tchad, un employé de l'UNHCR explique le fonctionnement d'un point de distribution d'eau aux réfugiés centrafricains arrivés en septembre 2005.

Au total, ce sont plus de 43 000 réfugiés centrafricains qui sont hébergés dans trois sites : Amboko, Gondjé et Yaroungou dans le sud du Tchad. Le Tchad accueille aussi plus de 200 000 réfugiés du Darfour à l'est du pays, répartis dans 12 camps administrés par l'UNHCR.

Par Bernard Ntwari à N'Djamena au Tchad