Une jeune réfugiée somalienne née en exil attend la réinstallation après une vie difficile
Une jeune réfugiée somalienne née en exil attend la réinstallation après une vie difficile

CAMP DE RÉFUGIÉS DE KEBRIBEYAH, Éthiopie, 1er octobre (HCR) - Hodan Mawlid a passé la majeure partie de sa vie dans un camp de réfugiés brûlant et poussiéreux en Éthiopie. Cette jeune fille de 18 ans reste toutefois remarquablement optimiste, alors qu'elle a perdu prématurément ses parents et qu'elle a enduré des souffrances toute sa vie.
« Ma vie a été très difficile », a-t-elle indiqué récemment à un visiteur du HCR dans le camp. « Néanmoins je trouve toujours du réconfort dans ma conviction selon laquelle la meilleure façon de survivre aux cruautés et aux malheurs endurés dans le passé, c'est de passer l'éponge et de tout recommencer. »
Et la vie de Hodan a en effet changé : le mois dernier, elle a rejoint les Etats Unis après avoir été acceptée dans le cadre d'une réinstallation et son attitude positive devrait l'aider à surmonter les défis qui apparaissent du fait des différences culturelles et du pays étranger. « Le début de la réinstallation peut bien ou mal se passer, cela dépend complètement de la personnalité et de la situation de chaque réfugié », a indiqué Larry Yungk, chargé de réinstallation au HCR. « Je crois que même si la réinstallation représente un nouveau départ, le succès n'est jamais garanti », a-t-il ajouté.
Hodan faisait partie d'un groupe de 23 réfugiés somaliens vulnérables, y compris son oncle et sa famille, qui ont été acceptés par les Etats-Unis dans le cadre du programme de réinstallation organisé par le HCR, et elle vit désormais à Denver dans le Colorado. Ces réfugiés somaliens ne peuvent pas rentrer chez eux car ils sont originaires des régions instables du sud et du centre de la Somalie, où des personnes continuent à fuir leurs maisons à cause du conflit.
Avant de quitter Addis Abeba, Hodan a dit s'attendre à des heures difficiles dans ce nouveau pays, tout spécialement au début de son apprentissage de l'anglais. Toutefois elle a expliqué avoir eu toute sa vie pour s'y préparer. « Depuis que je suis née, j'ai souffert. En comparaison de tout ce que j'ai enduré, les barrières de la langue et les différences culturelles ne me font pas peur. »
Hodan est née et a grandi dans le camp de réfugiés de Kebribeyah à l'est de l'Éthiopie, après que ses parents aient traversé la frontière depuis la Somalie voisine en 1991, fuyant le chaos survenant après la chute de régime de Siad Barré. Ils faisaient partie des 600 000 personnes ayant fui en quête de sécurité vers l'Ethiopie dans huit camps de réfugiés.
« Quand j'ai été en âge de demander où étaient mes parents, j'ai appris par mon oncle qui s'occupait de moi au camp, que ma mère était décédée quand elle était une réfugiée et que j'avais quatre ans. Mon père était retourné en Somalie quelques mois plus tard », s'est-elle rappelée.
Ces nouvelles ont été dévastatrices pour Hodan qui n'a ni frère ni sœur pour la réconforter. Son oncle, sa tante et leurs enfants sont devenus pour elle des parents, des frères et des sœurs de substitution. Elle a dû laisser tomber l'école primaire pour travailler en tant que femme de ménage dans une ville voisine afin de compléter la ration mensuelle de nourriture de la famille.
Parallèlement, une stabilité relative au Somaliland et dans la région du Puntland au nord de la Somalie a permis le rapatriement de plus d'un demi-million de réfugiés somaliens depuis l'Ethiopie entre 1997 et 2005. Toutefois les parents de Hodan étant originaires du sud de la Somalie où une insécurité continue avait empêché leur retour, la réinstallation devenait une solution envisageable pour Hodan.
Les Somaliens qui vivent toujours dans des camps de l'est de l'Ethiopie, où se trouvaient Hodan et ses proches, ont été pris au piège dans une situation de réfugiés prolongée sans aucun dénouement en vue. Dans le cadre des efforts pour résoudre le problème, le Gouvernement américain a accepté en 2007 la réinstallation sur son territoire de milliers de Somaliens. A ce jour, le HCR a déjà transmis les dossiers de quelque 5 600 personnes pour une réinstallation éventuelle.
« Alors que la principale mission du HCR vise à chercher à garantir les droits et le bien-être des réfugiés, notre premier objectif consiste à aider à trouver des solutions durables qui leur permettront de reconstruire leur vie dans la dignité et la paix », a expliqué Moses Okello, le délégué du HCR en Ethiopie.
La communauté somalienne aux Etats Unis est très soudée, a expliqué Larry Yungk du HCR, ajoutant que cela pourrait aider la jeune Hodan à s'installer pour de bon dans ce pays. L'obstacle le plus important à passer pour elle pourrait cependant être l'éducation.
« Malheureusement, si on a plus de 18 ans lors de l'arrivée aux Etats-Unis, on n'est généralement pas éligible pour finir l'école publique », a indiqué Larry Yungk, ajoutant que des réfugiés comme Hodan étaient généralement orientés vers des programmes d'équivalence à l'enseignement secondaire, des cours d'anglais et une formation professionnelle.
Hodan s'est félicitée de cette nouvelle vie remplie d'opportunités. Elle n'a aucune raison de se tourner vers le passé. « Je crois que je n'ai aucun intérêt à aller en Somalie », a-t-elle conclu.
Par Kisut Gebre Egziabher dans le camp de réfugiés de Kebribeyah, Éthiopie