Darfour : Le Directeur de la Protection Internationale du HCR évoque le fossé entre la rhétorique et la réalité du soutien financier
Darfour : Le Directeur de la Protection Internationale du HCR évoque le fossé entre la rhétorique et la réalité du soutien financier
Le Directeur de la Division de la Protection Internationale de l'UNHCR, Mme Erika Feller, rentre d'une mission de trois jours dans la région du Darfour au Soudan. Elle a indiqué que, malgré des signes d'une stabilité plus grande dans certaines régions, la situation au Darfour est toujours incertaine, les populations subissent toujours la violence et des menaces pour leur sécurité. Mme Feller était au Darfour pour évaluer les efforts actuels en vue d'améliorer la protection de quelque 700 000 personnes déplacées à l'ouest du Darfour.
La délégation de l'UNHCR, dont également le Directeur des opérations pour le Soudan, M. Jean-Marie Fakhouri, s'est rendue dans plusieurs villages, camps et installations pour évaluer la situation des personnes déplacées. Elle a aussi visité des régions où quelques personnes sont rentrées spontanément chez elles.
La mission s'est entretenue avec les autorités locales et les agences humanitaires sur la nécessité d'améliorer la coordination et accroître les efforts de protection aux personnes déplacées qui souffrent depuis longtemps de violences prochaines et de déplacement. La situation des femmes, qui s'aventurent hors des camps et des villages pour chercher de l'eau et du bois pour allumer le feu, demeure particulièrement préoccupante. Tout aussi inquiétant, des viols continuent d'avoir lieu, malgré l'attention accordée à ce problème par tous les acteurs impliqués dans le soutien des populations. Une lueur d'espoir a été le jugement d'une cour nationale qui, deux jours avant, a prononcé une sentence révoquant la conviction d'adultère pour une femme violée et ordonnant qu'elle ne soit pas envoyée en détention. D'autres problèmes difficiles de protection - dont certains ne font pas l'objet d'une attention particulière - sont aussi importants, dont ceux affectant les enfants. Mme Feller a indiqué que ces problèmes très sérieux pourraient ne pas être prioritaires parce que l'attention est centrée sur ceux liés aux violences sexuelles.
En rendant hommage à toutes les personnes préoccupées par l'importance de la protection, Mme Feller a fait savoir que davantage doit être fait. Elle a dit à un groupe d'agences humanitaires basées à El Geneina que ceux impliqués dans les efforts de protection doivent recevoir les ressources nécessaires pour accroître leur présence et leurs activités. La protection a elle aussi un coût. Il y a ici une grande différence entre la rhétorique et le réel du soutien financier reçu pour les activités de protection.
L'UNHCR a demandé 31,3 millions de dollars pour ses opérations au Darfour, et n'a jusqu'à présent reçu que 3,9 millions de dollars.
Sur une note plus positive, la mission conduite par l'UNHCR a trouvé des « poches » au Darfour où de meilleures conditions ont permis quelques retours spontanés. L'UNHCR a identifié plusieurs villages où les personnes déplacées sont déjà rentrées chez elles avec pour but de retrouver leur vie d'avant. Dans quelques-uns de ces endroits, nous nous engageons prudemment dans des activités d'autosuffisance à petite échelle pour aider ces personnes à se ré-établir par elles-mêmes. Cela demande une approche mesurée, fournissant l'aide à ceux qui en ont besoin, tout en s'assurant que ces activités ne créent pas une fausse impression de sécurité et n'encouragent pas de nouveaux retours, alors que la sécurité n'est pas restaurée.
La collaboration en matière d'effort de protection au Darfour se met en place dans la situation complexe connue par tous et qui appelle une réponse nuancée et attentive. Les problèmes de conflit ethnique sont liés à la concurrence pour des ressources limitées dans un environnement naturel extrêmement fragile. Les tensions sont encore exacerbées par l'arrêt des contacts entre communautés locales ainsi que l'interruption des mécanismes de résolution des conflits. Les situations politiques conflictuelles des états de la région et plus loin ajoutent à l'incertitude, concernant les possibilités de résolution du conflit.
Dans cet environnement, la réconciliation à tous les niveaux est la clé pour une amélioration des questions de protection. De plus, il est essentiel que les ressources naturelles au Darfour soient préservées pour éviter tout autre déplacement ou conflit, à court ou long terme. Les efforts conjoints soutenus des autorités soudanaises et de la communauté internationale pour protéger la population au Darfour doivent être fondés sur la compréhension complète de cette dynamique.
L'UNHCR dispose de trois bureaux au Darfour - deux à l'ouest et un au sud. L'ouverture de sept autres bureaux sur le terrain est prévue. Nous y avons déjà déployé plus de 50 employés, la plupart sont chargés de la protection.