Viet Nam : Première visite internationale de contrôle auprès des rapatriés montagnards

Cette semaine, l'UNHCR a achevé sa première visite auprès des Montagnards qui ont récemment été volontaires pour un rapatriement ou qui ont été expulsés vers les montagnes du centre du Vietnam depuis le Cambodge. Cette visite de 2 jours effectuée par le délégué régional de l'UNHCR, basé en Thaïlande, accompagné par les équipes nationales qui ont déjà effectué plusieurs autres visites de contrôle dans la région, a eu lieu dans les districts de Ia Grai et Chu Se de l'autre côté de la région frontalière cambodgienne de Ratanakiri. Au total, 21 Montagnards ont été vus au cours de cette visite, 10 à Ia Grai et 11 à Chu Se - dont 11 personnes rentrées volontairement entre mars et mai 2005, et 10 qui ont été déboutées de leur demande d'asile et expulsées par les autorités cambodgiennes le 20 juillet dernier. L'impression générale de la mission est que les Montagnards ont semblé en bonne santé et en bonne condition physique. De réels efforts ont été faits par les autorités locales pour fournir de l'assistance aux rapatriés, les aidant à trouver des emplois et à se réinsérer dans la société. Dans le district de Chu Se, tous les Montagnards interrogés ont confirmé qu'ils avaient reçu des offres d'emploi.

Pendant la visite, l'UNHCR était accompagné par 3 officiels vietnamiens pendant les entretiens, dont certains ont été conduits par l'ensemble du groupe, cependant les personnes interrogées semblaient plutôt détendues. Certains Montagnards ont été interrogés dans les locaux d'école, d'autres dans leurs villages ou dans leur centre de formation professionnelle. Nous avons demandé aux autorités vietnamiennes de pouvoir rendre visite aux personnes constituant des cas particuliers, ce qui a pu être arrangé sans difficulté. Nous avons également demandé à voir un groupe mixte de rapatriés volontaires et d'expulsés, ce fut également possible. Parmi les 21 Montagnards visités, nous avons relevé trois cas portés à notre attention par une association pour les Droits de l'Homme, qui nous avait rapporté le cas de deux personnes en fuite et une autre en prison. Nous avons rencontré ces trois personnes chez elles, les deux supposées s'être enfuies ont dit n'avoir jamais pris la fuite et être étonnées de ces allégations. La personne supposée avoir été détenue a dit s'être rendue dans un centre administratif pendant une demi-journée mais n'a jamais été emprisonnée. Ces trois personnes sont apparues en bonne santé physique et mentale. Nous avons également relevé 3 autres cas pour lesquels une ONG avait exprimé sa préoccupation. Ces personnes, originaires de deux villages distincts, ont reçu la visite de la mission et ont semblé être en bonne santé sans crainte particulière à signaler. Enfin, la mission reçut des remerciements chaleureux de la part de la famille et des amis de deux rapatriés, heureux de les voir rentrés à la maison.

A Ia Grai, la commune avait désigné un vice-président d'origine Montagnard pour suivre les cas des rapatriés - ils ont reçu du kérosène, du riz, du sel et des semences. Il apparaît dans ces provinces que les instructions de Hanoï ont été respectées, les rapatriés ont été traités correctement. A Chu Se, des offres d'emploi ont été faites par des fermes d'état ou des usines de coton, mais certains Montagnards ont décidé de ne pas donner suite à ces offres immédiatement. 8 rapatriés ont reçu la visite de la mission dans un centre de formation professionnelle où ils sont en formation.

Après la mission, le délégué régional de l'UNHCR a dit qu'il lui semblait que les Montagnards auxquels il avait rendu visite n'étaient ni en danger ni persécutés et que beaucoup semblaient heureux d'être rentrés chez eux en famille. Une femme, récemment expulsée, paraissait intimidée pendant l'entretien et nous avons demandé que son cas soit suivi avec attention. Le délégué a ajouté avoir été positivement impressionné par les efforts d'offres d'emploi et de formation professionnelle pour les Montagnards afin d'atténuer les conséquences du rapatriement après plus d'un an passé au Cambodge pour certains d'entre eux. La coopération avec les autorités vietnamiennes fut bonne pendant toute la mission.

Depuis la signature d'un accord à Hanoï en janvier 2005 visant à trouver des solutions pour quelques 5 000 Montagnards au Cambodge - essentiellement soit pour une réinstallation soit pour un retour au Vietnam dans la mesure où le Cambodge a insisté pour qu'ils ne restent pas sur son territoire, un total de 137 Montagnards ont été rapatriés au Vietnam - 43 volontairement et 94 expulsés après le rejet de leur demande d'asile ; un autre groupe de 179 sont partis dans le cadre d'une réinstallation dans un pays tiers.

Il y a actuellement 480 Montagnards sous la protection de l'UNHCR à Phnom Penh - 443 ont été reconnus réfugiés dont 39 ont refusé la réinstallation et 353 attendent leur départ pour une réinstallation en Finlande, au Canada et aux Etats-Unis. Il y a également 20 personnes déboutées et 17 cas humanitaires que pourraient prendre en charge les Etats-Unis.