Yémen : Traversée du golfe d'Aden et filières de passeurs clandestins, le nombre de morts augmente

Entre le 12 janvier et hier (le 23 janvier), au moins 27 bateaux de passeurs clandestins transportant un nombre indéterminé de personnes pour traverser le golfe d'Aden depuis la Corne de l'Afrique ont accosté sur les côtes du Yémen, souvent avec de tragiques conséquences. Au cours de la semaine dernière seulement, au moins 70 personnes - pour la plupart des Somaliens et des Ethiopiens - ont trouvé la mort au cours d'incidents impliquant quatre bateaux différents. Des dizaines d'autres sont portées manquantes. Trois bateaux sur les quatre impliqués dans ces incidents auraient quitté la Somalie la semaine dernière - transportant chacun 120 à 130 personnes.

Les trois derniers incidents se sont déroulés ce week-end - deux samedi et un dimanche - dans la région littorale de Bir Ali et de Jabal Riada au Yémen. Dimanche soir, un bateau aurait chaviré et coulé dans les eaux profondes, près des rivages rocheux de Jabal Riada, dans le gouvernorat yéménite de Shabawa. Hier après-midi, 20 corps avaient été retrouvés. Cinq survivants somaliens sont arrivés lundi au centre de réception de Mayfa'a, mais aucune information sur le sort des autres passagers du bateau chaviré n'était disponible immédiatement.

Samedi, une autre embarcation a débarqué environ 120 personnes au large de Bir Ali. Les passagers ont indiqué que 10 personnes étaient mortes au cours du voyage - quatre se seraient jetées par-dessus bord alors qu'elles étaient encore en vie et six seraient mortes de déshydratation. Un autre passager est mort peu après avoir atteint la rive. L'autre incident signalé samedi implique un bateau de passeurs transportant quelque 120 Ethiopiens et Somaliens, ayant chaviré au large des côtes yéménites entre Bir Ali et Mayfa'a Hajar, laissant au moins 22 personnes mortes et 28 autres disparues. Treize femmes et 9 hommes figurent parmi les morts, selon les autorités.

Le 16 janvier, un bateau transportant 65 personnes a atteint le Yémen après avoir dérivé pendant six jours dans le golfe d'Aden presque sans nourriture et sans eau à bord. Les survivants ont déclaré que 20 personnes sont mortes. Souvent les trafiquants passent à tabac leurs passagers ou les jettent à l'eau bien qu'ils soient encore loin des côtes.

Des milliers de Somaliens, d'Ethiopiens et d'autres ressortissants arrivent au Yémen chaque année, après avoir embarqué depuis la Somalie sur des bateaux de passeurs et au terme d'un périlleux voyage pour traverser le golfe d'Aden, la plupart d'entre eux depuis la région de Bossasso dans l'est de la Somalie. Les Somaliens sont souvent amenés par l'UNHCR au centre de réception de Mayfa'a. Le Yémen est signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et accorde systématiquement le statut de réfugié aux ressortissants somaliens qui fuient le conflit dans leur pays et entrent sur son territoire.

Le flux récent d'arrivées intervient après deux semaines d'accalmie due aux mauvaises conditions météo dans le golf d'Aden, qui empêche les petits bateaux de se lancer dans une traversée périlleuse. La sécheresse, des troubles récents dans quelques parties de la Somalie et l'instabilité générale dans ce pays sont autant de raisons pour inciter les gens à faire appel aux passeurs clandestins. Depuis le 12 janvier, un total de 1 295 Somaliens et 73 Ethiopiens ont été enregistrés au centre de réception de Mayfa'a au Yémen. De nombreux autres, cependant, ne prennent jamais contact avec nous ou les autorités.

En septembre dernier, l'UNHCR a lancé un appel et demandé une action internationale pour endiguer le flux de personnes qui sont la proie des trafiquants, après la mort de plus de 150 boat people sur une période de trois semaines. L'agence pour les réfugiés travaille avec les autorités locales dans la région du Puntland, au nord-est de la Somalie, pour informer les gens des dangers qu'ils risquent en recourant à des passeurs pour traverser le golfe d'Aden. Ces activités, qui incluent des vidéos et des programmes radiophoniques, visent à sensibiliser les Somaliens et les Ethiopiens.

Malheureusement ce trafic continue.

La plupart de ceux qui arrivent par voie maritime poursuivent leur route vers le nord du Yémen, en quête d'une vie meilleure.