Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 23
Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 23
Le 24 octobre 2001
En bref :
Situation plus calme à la frontière
Le HCR prépare un camp temporaire pour les plus vulnérables, à deux kilomètres du poste frontière de Chaman
Un deuxième camp installé par la Société du Croissant-Rouge iranien à l'intérieur de l'Afghanistan
Le HCR reçoit 19 millions de dollars ; deux-tiers des besoins immédiats sont maintenant couverts
Premier vol humanitaire du HCR vers le Turkménistan
Situation à la frontière de Chaman
La situation était apparemment plus calme mardi matin à la frontière de Chaman, selon des rapports datant du milieu de journée. Environ 400 personnes attendaient toujours de pouvoir passer de l'autre côté de la frontière. Quatre-vingts personnes ont été autorisées à rentrer mardi matin, tandis qu'un groupe de 300 personnes - des femmes et des enfants - avait été autorisé à rentrer lundi soir au Pakistan après avoir attendu toute la journée.
La frontière demeure officiellement fermée. Pourtant, de nouveaux réfugiés continuent d'arriver chaque jour par des voies non officielles et en payant les services de passeurs. La route de Chaman à Quetta, qui descend la montagne en lacets, offre chaque jour le spectacle de dizaines de carrioles tirées par des ânes, de minibus et de camions chargés de possessions se rendant vers Quetta. Certaines familles effectuent le voyage à pied, à travers les collines de Khojak, afin d'éviter les points de contrôle sur la route.
Le HCR et ses partenaires sont en train de mettre en place un camp temporaire à deux kilomètres de la frontière de Chaman, afin d'assister les réfugiés les plus vulnérables : femmes, enfants, les personnes âgées, les handicapés et les malades ou blessés. Les travaux ont commencé pour l'installation du site, Killi Faizo, les premières tentes ont été érigées et du matériel d'aide a été envoyé sur place. Le camp pourrait recevoir environ 1 000 personnes initialement. Il ne s'agit que d'une mesure d'aide humanitaire temporaire envers les personnes les plus vulnérables parmi celles qui arrivent au Pakistan.
Mardi déjà, de nouveaux réfugiés, ayant entendu parler du camp, commençaient à arriver à Killi Faizo.
Le HCR a déjà positionné du matériel à Chaman. Deux camions sont arrivés lundi avec 300 tentes, 2 400 couvertures, 600 réchauds, 1 000 bâches goudronnées, 2 000 savons et 963 jerrycans. D'autres convois arriveront cette semaine.
Les travaux continuent aussi sur deux sites, Roghani et Tor Tangi, à vingt kilomètres de la frontière de Chaman, qui pourront accueillir 50 000 réfugiés.
Province frontière du Nord-Ouest
Les interviews de réfugiés récemment arrivés se poursuivent. Plus de 6 500 personnes ont été identifiées et interviewées, principalement dans les zones urbaines. La tâche est rendue difficile par le fait que les réfugiés se cachent par crainte d'être expulsés. Les équipes doivent se rendre plusieurs fois dans les familles où sont abrités les nouveaux arrivants avant de gagner leur confiance.
Les parties nord et ouest de Peshawar semblent être celles où la concentration de réfugiés est la plus forte. L'état général de santé est préoccupant, ainsi que l'insuffisance de nourriture, d'abris et d'équipements sanitaires. La plupart sont arrivés sans rien, ayant tout laissé derrière eux. En dépit de l'immense solidarité qui lie les réfugiés afghans de Peshawar, la capacité d'absorption de la communauté de réfugiés semble avoir atteint ses limites.
Des institutions publiques, telles que les écoles et les hôpitaux, des commerces (boulangeries) ont noté une nette hausse de fréquentation depuis le mois de septembre, avec parfois plus de 20 ou 30% de fréquentation supplémentaire.
Deux sites sont maintenant prêts à recevoir des réfugiés, un dans la région de Bajaur et un à Mohmand.
Iran
La situation à la frontière iranienne demeure calme. Il n'y a semble-t-il pas de mouvements de population importants, mais selon certaines indications des réfugiés seraient en train de se masser dans la province afghane de Nimroz, près de la ville iranienne de Zaranj. Selon certains réfugiés récemment arrivés en Iran et interviewés par les équipes du HCR à Zabol, sur la frontière avec l'Afghanistan, quelque 1 200 personnes seraient arrivées à Zaranj en provenance des autres provinces afghanes depuis jeudi dernier.
Les autorités iraniennes et la Société du Croissant-Rouge iranien ont commencé à travailler dans un deuxième camp à l'intérieur de l'Afghanistan, appelé Makaki et situé dans la partie sous contrôle taliban dans la province de Nimroz, à deux kilomètres de la frontière. Selon les autorités de la province iranienne de Sistan-Baloutchistan, un accord a été conclu avec les autorités locales des Talibans pour les opérations dans le camp. Il y aurait quelque 600 personnes (100 familles). Cent des 120 tentes qui ont été installées dans le camp sont déjà occupées.
Dans l'autre camp à l'intérieur de l'Afghanistan, Mile 46, il y aurait 544 personnes (123 familles). Ce site se trouve à sept kilomètres de la frontière, dans une poche de territoire sous contrôle de l'Alliance du Nord. Il y a maintenant 220 tentes et des familles occupent 120 d'entre elles. Le personnel du Ministère iranien de la santé procède aux examens médicaux et prodigue une assistance médicale de base. Les nouveaux arrivés ont reçu de la nourriture en conserve pour trois jours. Dès réception des ustensiles de cuisine, les réfugiés reçoivent également du riz, du thé, de l'huile, des céréales et du sucre.
La position du gouvernement iranien concernant la fermeture de la frontière n'a pas changé. Toutefois, le gouvernement a confirmé le fait que, tant qu'il n'y aura pas d'accord avec les autorités des Talibans pour laisser la Société du Croissant-Rouge iranien opérer dans des camps à l'intérieur du territoire afghan sous leur contrôle, les autorités iraniennes accepteront l'installation des camps dans le no man's land iranien le long de la frontière. Selon des témoignages de réfugiés afghans, confiés au personnel du HCR, les camps à l'intérieur de l'Afghanistan ou dans le no man's land ne leur offriront pas une sécurité satisfaisante à cause du banditisme fréquent dans cette région ainsi que de la crainte d'enrôlement forcé par les Talibans. Pour le moment, les Afghans semblent avoir décidé de rester dans leurs villages tant qu'ils ne seront pas confrontés à une pénurie alimentaire grave.
Entre-temps, les retours spontanés d'Afghans se poursuivent sans interruption. L'équipe du HCR au poste frontière de Dogharoun, dans la province de Khorassan (nord-est de l'Iran) informe que 952 personnes sont retournées lundi. De jeudi à dimanche (18-21 octobre), 1 208 retours se sont produits vers l'Afghanistan. Des entretiens avec ces rapatriés révèlent que la plupart d'entre eux sont restés en Iran moins d'un an, qu'ils sont allés en Iran en vue de gagner un peu d'argent (surtout dans le secteur de la construction), et que la majorité n'avait pas participé à l'exercice d'enregistrement entrepris au printemps dernier par le gouvernement iranien.
Financement
Le HCR a reçu des contributions en espèces de plus de 19 millions de dollars supplémentaires pendant le week-end et lundi. Les Etats-Unis ont contribué à hauteur 10 millions de dollars, l'Allemagne 4,4 millions, l'Australie 1,9 million, l'Office humanitaire de la Communauté européenne (ECHO) a contribué à hauteur de 1,8 million de dollars, la Finlande 722 213 dollars et le Luxembourg 341 451 dollars.
Avec ces nouvelles contributions, le HCR dispose à ce jour de 31 millions de dollars en espèces. Toutefois ceci ne représente encore que deux-tiers des besoins (50 millions de dollars) pour la première phase de l'opération.
Envois aériens
Le premier envoi aérien pour les opérations du HCR au Turkménistan devait arriver mardi à Turkmenabat. Ce vol, un don humanitaire de la Suisse, acheminait 11 000 couvertures, 1 700 tentes, 3 600 sets de cuisine, 550 réchauds, 800 sacs de couchage, 200 matelas, 500 conteneurs d'eau et des bâches en plastique.