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Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 31

Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 31

8 novembre 2001

En bref :

  • Le gouvernement pakistanais donne son feu vert pour l'ouverture de nouveaux camps de réfugiés

  • Ruud Lubbers demande que l'on accorde plus d'attention aux besoins humanitaires

  • 350 Afghans auraient été expulsés d'Iran au cours des deux derniers jours

  • Un troisième vol humanitaire suisse arrive au Turkménistan

Ouverture de nouveaux camps : feu vert du gouvernement pakistanais

Près de 3 000 Afghans se trouvant actuellement dans le camp de transit de Killi Faizo, à Chaman (province du Baloutchistan) à la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan, devraient être transférés dans le nouveau camp de Roghani dès le week-end prochain.

La décision de reloger les Afghans fait suite à une réunion qui s'est tenue mercredi à Islamabad entre le Ministre pakistanais chargé des réfugiés, M. Abbas Sarfraz Khan, le HCR, le PAM et des hauts fonctionnaires du gouvernement à l'échelle nationale et provinciale. Au terme de la réunion, il a été convenu d'aller de l'avant dans la concrétisation d'un certain nombre d'actions spécifiques décidées la semaine dernière par le Président pakistanais Pervez Musharraf et le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers.

Les participants à la réunion de mercredi ont confirmé que 11 nouveaux sites au Pakistan sont prêts à accueillir des réfugiés. Trois d'entre eux se trouvent au Baloutchistan et les huit autres dans la Province frontière du Nord-Ouest.

Au Baloutchistan, les camps de Roghani, Tor Tangi et Dara, tous situés à proximité du principal poste frontière de Chaman, ont à eux trois une capacité d'accueil d'environ 70 000 réfugiés. Depuis la réunion d'hier, il a été convenu que les quelque 3 000 Afghans présents dans le camp de transit de Killi Faizo tout près de la frontière de Chaman, seront transférés dans le nouveau camp de Roghani au cours du week-end prochain. Le premier jour, le HCR et le Commissariat chargé des réfugiés afghans (CAR) - l'agence gouvernementale locale responsable des réfugiés au Pakistan - commenceront par transférer 50 familles (environ 250 personnes) à bord d'un convoi de bus et de camions.

En vertu de l'accord conclu hier, deux autres catégories de réfugiés afghans peuvent désormais être admises dans les nouveaux sites. La première catégorie est celle des réfugiés dits « invisibles » - en tout 135 000 - qui sont arrivés au Pakistan depuis le 11 septembre. Beaucoup d'entre eux ont vécu dans des conditions extrêmement précaires, soit dans des camps de réfugiés existants, au Pakistan, soit dans des villes comme Peshawar ou Quetta. A partir du moment où ils seront dans des camps et non plus mêlés à la population des villes, il sera bien plus facile de leur fournir toute l'aide dont ils ont besoin.

La troisième catégorie de personnes qui bénéficieront de l'accord conclu mercredi sont les dizaines de milliers d'Afghans se trouvant dans le camp controversé de New Jalozai, près de Peshawar, et qui peuvent à présent également être accueillis dans les nouveaux sites, près de la frontière. Beaucoup d'entre eux étaient déjà à Jalozai avant le 11 septembre, mais ils ont été rejoints par d'autres qui sont arrivés depuis. Leurs conditions de vie sont généralement très difficiles. Un accord destiné à filtrer les réfugiés avait été entendu entre le gouvernement pakistanais et le HCR, pour résoudre le problème de Jalozai, mais il a été suspendu au lendemain du 11 septembre. Après la réunion de mercredi, les responsables du HCR ont fait connaître leur satisfaction face à cette nouvelle occasion de résoudre les problèmes des Afghans réfugiés à Jalozai.

Dans la Province frontière du Nord-Ouest, le transfert des réfugiés dans et autour de Peshawar devrait commencer la semaine prochaine. Les réfugiés venant du camp de fortune de Jalozai seront installés dans le camp de réfugié de Kotkai, dans l'agence de Bajaur. En tout 500 réfugiés seront transférés chaque jour. Le HCR fournira les moyens de transport et le gouvernement pakistanais devrait assurer la sécurité des convois pendant les cinq heures de voyage de Peshawar à Kotkai, dans le Bajaur.

Le HCR et ses partenaires poursuivent leurs efforts en vue de terminer les travaux dans les camps restants. Nous pensons que de nouveaux camps au Baloutchistan et dans la Province frontière du Nord-Ouest seront prêts à accueillir des réfugiés d'ici à deux semaines.

Ruud Lubbers demande une plus grande attention aux besoins humanitaires

« Au moment où la campagne militaire contre le terrorisme entre dans son deuxième mois, il nous faut rappeler l'engagement pris par les dirigeants de la coalition envers le peuple afghan selon lequel l'effort humanitaire demeure une priorité dans cette guerre qui ne les vise pas », a déclaré aujourd'hui le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Ruud Lubbers.

« Des centaines de milliers de personnes ont fui leur foyer, mais l'insécurité générale continue de rendre difficile tout effort humanitaire soutenu à l'intérieur de l'Afghanistan. En même temps, ils ne peuvent trouver refuge dans les pays voisins, dont les frontières demeurent fermées. Aujourd'hui, de nombreux Afghans désespérés ne savent pas vers qui se tourner », a poursuivi M. Lubbers.

Tout en reconnaissant l'énorme fardeau déjà porté par les pays d'asile de la région, Ruud Lubbers a de nouveau appelé à l'ouverture des frontières pour ceux qui ont besoin de protection temporaire et d'assistance.

Selon M. Lubbers, l'effort de guerre contre le terrorisme mobilise des moyens de planification et des ressources immenses. Par contre, la communauté internationale pèche encore par la faiblesse de son action humanitaire.

« La lutte contre le terrorisme est une lutte nécessaire », a conclu Ruud Lubbers. « Mais il y a aussi un devoir qui lui est attaché : celui d'aider le peuple afghan - dans son pays comme à l'extérieur - et de tenir les promesses qui lui ont été faites au début du conflit : qu'il n'est pas la cible de cette guerre et qu'on ne l'oublie pas. »

350 Afghans auraient été expulsés d'Iran

Mercredi, plus d'une centaine d'Afghans auraient été expulsés d'Iran, ce qui porte à environ 350 le nombre de personnes qui ont été renvoyées en Afghanistan ces derniers jours, principalement depuis la ville frontière de Dogharoun, dans la province de Khorassan, au nord-est de l'Iran. Parmi les personnes expulsées se trouvaient trois familles de onze personnes, des femmes et des enfants pour la plupart, qui avaient traversé la frontière à Dogharoun à la fin de la semaine dernière. Ils ont tous été renvoyés en Afghanistan dimanche. Le HCR estime qu'il pourrait y avoir, parmi ce groupe, des personnes relevant de son mandat, d'où son extrême inquiétude.

Mardi, le Chef de la mission du HCR à Téhéran s'est entretenu avec des hauts responsables du Ministère de l'intérieur iranien, faisant part de la préoccupation du HCR au sujet de ces événements. Les responsables ministériels se sont engagés à se pencher sur ce sujet. Le mois dernier, le Ministère avait assuré le HCR que les expulsions n'auraient pas lieu.

La situation dans les deux camps de déplacés à l'intérieur de l'Afghanistan, dans la province de Nimroz, près de la frontière avec l'Iran, demeure pratiquement inchangée, avec 5 000-6 000 personnes dans le camp de Makaki et plus de 1 000 autres qui campent en plein air non loin de Makaki. Dans l'autre camp de Nimroz - « Mile 46 » - qui abrite environ 700 personnes, une enquête menée par MSF a révélé que 10% des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de malnutrition.

Le troisième vol humanitaire de la Suisse arrive au Turkménistan

Un troisième avion transportant 449 tentes, 6 000 couvertures et 100 réchauds à kérosène, don de l'Agence suisse de développement et de coopération, a atterri à Turkménabat mercredi. Huit camions supplémentaires acheminant des secours humanitaires suisses devraient arriver au Turkménistan prochainement. Une mission de sept agences onusiennes et des ONG, coordonnée par le HCR, est partie jeudi à destination des provinces de Lebap et de Mary, frontalières avec l'Afghanistan, afin d'évaluer la possibilité d'une intervention humanitaire au Turkménistan dans l'éventualité d'un afflux massif et soudain de réfugiés.