Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 37
Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 37
En bref :
382 réfugiés transférés du camp de Jalozai
Camp de Roghani : déjà 4 000 réfugiés, des milliers d'autres à la frontière
Près de 12 000 retours d'Iran depuis le 1er novembre
Nouvelles arrivées au camp de Mile 46, en Afghanistan
Nouvel envoi humanitaire vers le nord de l'Afghanistan
Camp de Jalozai : 382 réfugiés transférés vers Kotkai
Plusieurs centaines de réfugiés afghans ont quitté l'extrême précarité du camp de Jalozai, situé à la périphérie de Peshawar, pour le camp moins rudimentaire de Kotkai, à 120 km de là. Lundi matin, des familles nombreuses, avec beaucoup d'enfants, se sont rassemblées à l'endroit du départ, accompagnées d'une foule tout aussi grande de proches et d'amis venus leur dire au revoir. La plupart d'entre eux sont arrivés à pied, des ballots de vêtements sur le dos. Les moins pauvres avaient employé les services de transporteurs locaux disposant de charrettes à ânes.
L'optimisme semblait régner, bien que certains aient confié qu'ils étaient un peu nerveux. Une violente altercation a notamment eu lieu entre un couple : le mari avait changé d'avis et voulait rester tandis que sa femme était contente de partir. Les yeux collés à la fenêtre, des enfants qui se trouvaient à bord de sept bus branlants quittaient le centre d'enregistrement, accompagnés de deux véhicules du HCR et d'une ambulance, faisant signe à ceux qui restaient. Il s'agit là de la première opération d'une série de transferts vers Kotkai prévus au cours des prochains jours.
Les employés du HCR présents sur les lieux ont été frappés par le peu de bagages des personnes sur le départ. « Il est évident que ces gens ne possèdent rien », a souligné le responsable de l'opération. Un grand camion, loué par le HCR pour transporter les biens des réfugiés, est resté vide.
Les réfugiés sont arrivés plus tard dans la journée à Kotkai, après cinq heures de route depuis Jalozai. Le nouveau camp du HCR est équipé de tentes, d'une infrastructure sanitaire et d'approvisionnement en eau potable. Jusqu'à 20 000 personnes peuvent y être accueillies et bénéficier de l'aide nécessaire.
Dimanche, plus de 600 réfugiés s'étaient inscrits pour le premier transfert de Jalozai à Kotkai, mais seulement 382 d'entre eux se sont présentés lundi matin. Cela semble indiquer qu'un grand nombre d'habitants de Jalozai n'arrivent toujours pas à se décider pour quitter un site proche d'une grande ville pour se retrouver dans une zone tribale isolée.
Cette opération de transfert fait suite à un accord conclu samedi avec les autorités pakistanaises de la Province frontière du Nord-Ouest. Revenant sur leur position initiale, les autorités ont également accepté que le HCR distribue de l'aide dans la partie « non officielle » du camp de Jalozai, où se trouvent des Afghans autres que Pachtounes, qui hésitent à se rendre dans un camp situé en pleine zone tribale pachtoune. Ceux qui sont partis lundi étaient tous des Pachtounes.
4 000 réfugiés à Roghani ; des milliers d'autres attendent à la frontière
Le transfert des réfugiés afghans depuis le camp provisoire de Killi Faizo, près de Chaman à la frontière pakistanaise, vers le camp de Roghani s'est poursuivi dimanche. Deux convois ont transporté 47 familles, soit 208 personnes, jusqu'à Roghani, portant à 888 familles, soit 4 152 personnes, la population du camp.
A Killi Faizo, on a enregistré 269 autres familles, soit 1 163 personnes récemment arrivées au Pakistan. Dix-huit autres familles, arrivées en fin de journée dimanche, ont été logées pour la nuit en attendant leur enregistrement aujourd'hui. En tout, 654 familles, soit 3 119 personnes, attendent encore, à Killi Faizo, d'être transférées vers Roghani.
Près de 12 000 retours d'Iran depuis le 1er novembre
Ce lundi, 965 Afghans sont retournés dans leur pays depuis l'Iran, portant à près de 12 000 le nombres de réfugiés rentrés chez eux depuis le 1er novembre, en vagues quotidiennes spontanées depuis diverses villes iraniennes. Vu l'accélération du mouvement, le nombre de retours pour le mois de novembre devrait excéder celui d'octobre, qui s'élevait à 15 000. Les réfugiés afghans transitent par Dogharoun, principale ville frontalière au nord-ouest de l'Iran, où ils sont enregistrés avant de quitter le pays.
Selon le personnel du HCR à Dogharoun, l'atmosphère est plus détendue parmi les Afghans qui regagnent le pays. La plupart d'entre eux - ce sont principalement des jeunes hommes - se sont rasé la barbe. Certains tiennent en main des radio cassettes qu'ils écoutent en attendant de passer la douane. Il y a quelque temps encore, les Talibans fouillaient les gens à Islam Qala, la ville afghane en face de Dogharoun, pour s'assurer qu'ils ne ramenaient pas de cassettes de musique ou d'autres articles interdits. Et les hommes qui ne portaient pas de barbe étaient obligés de s'engager, par écrit, à se laisser pousser la barbe dans un délai de trois mois.
Selon le personnel chargé d'interviewer des candidats au départ à Dogharoun, afin de s'assurer que leur retour est volontaire, certains hommes sont maintenant habillés en jeans et non plus dans la tenue traditionnelle afghane - longue chemise en pantalon flottant. Les femmes arrivant à la frontière portent, elles, le tchador iranien - l'habit long et le foulard sur la tête - et n'enfilent plus la bourka, le voile afghan couvrant la femme de la tête aux pieds, de vigueur jusqu'il y a peu de temps en Afghanistan. Beaucoup de femmes sont encore accompagnées par des hommes de leur famille.
Malgré la fermeture de la frontière au trafic commercial, les candidats au retour peuvent se rendre sans entraves jusqu'à la frontière. A Islam Qala, chaque matin, des files d'autocars et de camions attendent les rapatriés qui font la traversée depuis Dogharoun jusqu'à Islam Qala à pied. Certains utilisent des charrettes pour transporter leurs possessions à travers le no man's land entre l'Iran et l'Afghanistan.
Nouvelles arrivées de déplacés à Mile 46, en territoire afghan
Selon les ONG travaillant au camp de Mile 46, l'un de deux camps établis à l'intérieur de l'Afghanistan (province de Sistan-Baloutchistan) par les autorités iraniennes pour accueillir des déplacés afghans, une trentaine de personnes seraient arrivées ce matin en camion, en provenance de Kandahar. D'autres camions chargés de déplacés seraient aussi en chemin, affirment ceux qui sont nouvellement arrivés.
Nouvel envoi d'aide au nord de l'Afghanistan
Dimanche, un nouvel envoi de matériel d'aide du HCR pour le nord de l'Afghanistan a quitté le port fluvial de Termez, en Ouzbékistan, pour Haïraton, en Afghanistan, avec à bord 1 000 couvertures, 500 jerricans, 500 matelas, 500 jeux d'ustensiles de cuisine, 500 réchauds, 500 seaux, 500 bâches en plastique, du savon de lessive, ainsi que des produits alimentaires du Programme alimentaire mondial. Cette aide est destinée aux personnes déplacées qui se trouvent dans un camp dans la province de Baghlan, en Afghanistan.
Entre-temps, le HCR poursuit ses envois de matériel de secours depuis Peshawar vers Termez, le matériel étant aussi destiné aux populations à l'intérieur de l'Afghanistan. Le cinquième vol Peshawar-Termez est arrivé lundi avec 660 tentes. Un sixième vol devrait arriver demain mardi, suivi d'un autre mercredi.