Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 52
Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 52
Le 13 février 2002
En bref :
Nouvelles arrivées de réfugiés afghans au Pakistan
Plus de 143 000 retours spontanés
Le HCR intensifie l'aide au rapatriement
De nouveaux réfugiés afghans gagnent le Pakistan
Près de 30 000 Afghans sont venus se réfugier dans les camps du HCR situés à proximité de Chaman, au Pakistan depuis le 1er janvier, en raison d'une aide humanitaire insuffisante dans certaines parties du pays, de l'insécurité et du banditisme.
Ce mercredi, le personnel du HCR présent dans le camp de transit de Killi Faïzo à Chaman a enregistré plus de 300 familles, soit plus de 1 500 personnes. Les Afghans qui sont arrivés à Chaman au cours des six dernières semaines ont amené avec eux quelques biens, y compris quelques têtes de bétail. Ils ont expliqué aux employés du HCR que des bandits volaient leur cheptel et une femme a raconté qu'on lui avait volé ses 14 moutons.
Plusieurs milliers de personnes attendent à l'extérieur du camp de Killi Faïzo, où les agences de l'ONU leur fournissent de l'eau, des biscuits et des couvertures. Certaines familles patientent jusqu'à deux semaines dans ce site improvisé avant d'être enregistrées et de pouvoir s'installer dans l'un des camps du HCR. Les autorités pakistanaises continuent de porter secours aux Afghans qui arrivent à Chaman, mais seule une augmentation de l'aide à l'intérieur même de l'Afghanistan permettra de ralentir ce nouvel exode.
Il est impératif que les agences humanitaires renforcent leur présence en Afghanistan et qu'elles veillent à ce que l'aide soit acheminée dans les régions isolées, en particulier dans le nord du pays. Le HCR estime aussi que les donateurs doivent pleinement soutenir le gouvernement intérimaire afghan à Kaboul et l'aider à établir sa présence dans l'ensemble du pays. Cette semaine, le HCR a envoyé une équipe de son bureau de Kaboul pour évaluer la situation des communautés minoritaires dans le nord du pays.
Plus de 143 000 retours spontanés
Les équipes du HCR postées le long des passages frontaliers avec l'Iran et le Pakistan ont enregistré le retour spontané de plus de 143 000 Afghans depuis le 1er janvier. Du côté iranien, environ 30 000 Afghans sont revenus en empruntant le poste frontière d' Islam Qala, tandis que du côté pakistanais 113 000 autres ont traversé les postes frontières de Chaman et de Torkham.
La plupart des réfugiés qui rentrent par leurs propres moyens appartiennent à des communautés ethniques minoritaires, essentiellement tadjikes. Beaucoup d'entre eux sont des hommes célibataires qui retournent chez eux sans se soucier de l'évolution de la situation à l'intérieur de l'Afghanistan.
L'Iran et le Pakistan accueillent quelque 3,5 millions de réfugiés afghans. D'après les gouvernements des deux pays, le nombre d'Afghans se trouvant chez eux est nettement plus élevé que ne l'estime le HCR, mais il engloberait un grand nombre de personnes ne bénéficiant pas de l'aide humanitaire des Nations Unies.
D'après de rapides enquêtes effectuées aux postes frontières, la grande majorité des Afghans qui rentrent spontanément chez eux ont effectué des études, dont 17 % au niveau universitaire et 28% au niveau secondaire. Cette vague de retours révèle la confiance de cette catégorie d'exilés en l'avenir de l'Afghanistan.
Mais tous les retours ne sont pas spontanés. Les expulsions des Afghans du Pakistan et d'Iran se poursuivent en petit nombre. Plus de 400 réfugiés ont été expulsés du Pakistan durant le premier mois de 2002 et un nombre égal d'Iran. D'après le personnel du HCR présent aux passages frontaliers, la plupart d'entre eux ne semblent pas être des réfugiés mais des hommes célibataires travaillant probablement sans être déclarés. Le HCR s'oppose à l'expulsion des Afghans en raison de l'insécurité qui règne en Afghanistan.
Le HCR intensifie l'aide au rapatriement
Début mars, le HCR prévoit d'intensifier l'aide aux Afghans désirant retourner par leurs propres moyens dans leur pays ravagé par la guerre, malgré la précarité de la sécurité dans certaines régions et le défi posé par la sécheresse et une économie en ruines.
A partir du 1er mars, le personnel du HCR au poste frontière de Torkham procèdera à une vaste distribution d'aide aux réfugiés qui décident de rentrer par leurs propres moyens nonobstant la situation instable qui règne dans plusieurs parties de l'Afghanistan. A Djalalabad, le HCR ouvrira un centre où les Afghans qui s'étaient enregistrés pour le rapatriement spontané recevront 100 dollars par famille pour couvrir les frais de transport jusqu'à leur région d'origine.
Le personnel du HCR en poste dans la province de Kandahar mettra en oeuvre un programme similaire d'aide au retour en nature et en espèces au poste frontière de Chaman. Début avril, le HCR prévoit d'établir des opérations similaires le long de la frontière occidentale de l'Afghanistan avec l'Iran.
Les rapatriés recevront également 150 kg de blé, don du Programme alimentaire mondial, deux bâches en plastique, deux jerricans/seaux, deux couvertures, une lampe à pétrole, 15 savonnettes, du matériel de protection périodique pour les femmes, une natte, ainsi qu'un jeu d'outils ou du matériel agricole. Le personnel du HCR recueillera des informations sur la destination finale des rapatriés afin de les inclure dans la distribution de matériel pour la reconstruction de leurs maisons qui aura lieu plus tard dans l'année.
Le HCR a signé un accord avec l'agence d'aide allemande GTZ pour collaborer au programme destiné à faciliter le rapatriement des réfugiés. La GTZ est en train de mettre en place des centres de distribution de matériel d'aide à l'intérieur de l'Afghanistan. Début mars, la GTZ prévoit d'avoir 16 centres de distribution et un total de 32 centres - soit un dans chaque province - seront opérationnels début avril, afin de couvrir les besoins de tous les Afghans qui auront opté pour le retour.
Les Afghans qui choisiront de retourner auront, dans la plupart des cas, besoin de rebâtir complètement leurs maisons. Pour ce faire, sous son programme de reconstruction de logements, le HCR est en train de commander de l'extérieur des poutres en bois. Des poutres en béton seront fabriquées localement sous les auspices de projets générateurs de revenus. Cette production locale couvrira les besoins à long terme en matériaux de construction dans toutes les régions de destination des rapatriés.
Tout en aidant les Afghans qui choisissent de rentrer chez eux, le HCR n'encourage pas encore le rapatriement en Afghanistan, pays ravagé par la guerre et par la sécheresse. Des membres du gouvernement intérimaire afghan ont aussi demandé aux pays accueillant des réfugiés afghans d'adopter une approche graduelle pour le rapatriement de ces personnes, étant donné la situation extrêmement précaire du pays, l'insécurité régnante ainsi qu'une économie et une agriculture en ruines.