Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 60
Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 60
Le 24 avril 2002
En bref :
En tout 353 000 réfugiés afghans sont revenus du Pakistan
Le rapatriement en provenance d'Iran s'accélère
Un plus grand nombre de déplacés afghans bénéficie de l'aide au retour
Les autorités s'emploient à apaiser les tensions ethniques
Les retours du Pakistan atteignent 353 000 personnes
Plus de 353 000 réfugiés afghans sont revenus dans leur pays en moins de huit semaines depuis le début de l'opération d'aide au rapatriement du HCR, mise sur pied en coordination avec les pays voisins de l'Afghanistan et le gouvernement intérimaire afghan.
Le nombre de réfugiés afghans revenus du Pakistan a dépassé les 327 000 personnes tandis que quelque 17 000 arrivées ont été enregistrées en provenance d'Iran, dans le cadre d'un programme similaire d'aide au retour qui a commencé le 9 avril. Plus de 8 900 Afghans ont été rapatriés du Tadjikistan et 18 autres sont revenus du Turkménistan.
Afin de répondre aux besoins d'un maximum de rapatriés, le HCR a ouvert quatorze centres de distribution qui sont opérationnels dans l'ensemble de l'Afghanistan. Quatre centres supplémentaires devraient être ouverts cette semaine. Ces centres distribuent des kits d'aide humanitaire ainsi que de la farine de blé aux rapatriés afghans. Dans certains centres, ils peuvent également recevoir l'allocation de voyage pour le retour.
Les rapatriés afghans reçoivent une allocation de voyage, un kit d'aide du HCR et trois sacs de blé donnés par le PAM. L'Iran et le Pakistan accueillent plus de 3,5 millions de réfugiés afghans. Selon le HCR, 800 000 réfugiés afghans devraient retourner chez eux au cours de l'année, ainsi que 400 000 autres Afghans qui sont toujours déplacés à l'intérieur de l'Afghanistan.
Accélération de l'opération de rapatriement en provenance d'Iran
Environ 17 000 Afghans réfugiés en Iran ont regagné leur pays depuis le début de l'opération de rapatriement volontaire lancée le 9 avril par le HCR et le Bureau iranien chargé des étrangers et des questions d'immigration (BAFIA). Malgré de fortes pluies dans certaines régions de l'ouest de l'Afghanistan qui ont un peu ralenti l'opération et reporté certains retours dans la province de Bagdis, les réfugiés afghans en Iran sont toujours très enthousiastes et manifestent toujours le vif désir de regagner leur pays. Ils sont plusieurs milliers à se rendre chaque jour dans les centres d'enregistrement.
Le centre d'enregistrement de Soleimankhani, géré par le BAFIA et le HCR, reçoit quotidiennement plus d'un millier d'Afghans qui sont enregistrés par le BAFIA puis interviewés par le personnel du HCR qui s'assure que les demandes de rapatriement sont bel et bien volontaires.
Les autres centres du BAFIA et du HCR à Meched, Zahedan, Qom, Isphahan, Keman, Shiraz, Yazd et Arak reçoivent également chaque jour des centaines d'Afghans qui se font enregistrer pour le retour. Le HCR envisage d'ouvrir un deuxième centre à Téhéran afin d'accroître la capacité de Soleimankhani, dès qu'un site approprié sera trouvé.
Les réfugiés afghans sont autorisés à ramener un montant illimité en monnaie iranienne et afghane ainsi que jusqu'à 1 000 dollars dans d'autres monnaies. Ils bénéficient du transport gratuit depuis l'Iran jusqu'à Hérat où une allocation de voyage de 10 dollars leur est remise ainsi qu'une bâche en plastique, des couvertures, des réchauds, des articles d'hygiène, des outils et 150 kg de blé donné par le PAM. L'organisation internationale pour les migrations (OIM) assure ensuite le transport des rapatriés à partir de la frontière.
Dans le cadre de ce programme d'aide au rapatriement mis en place il y a deux semaines, les réfugiés rentrent par le passage frontalier de Dogharoun/Islam Qala, situé à l'ouest de Hérat. Un deuxième corridor depuis l'Iran devrait être ouvert bientôt, dès que le HCR estimera la situation satisfaisante sur le plan de la sécurité et de la stabilité à Zaranj, dans la province de Nimrouz au sud-ouest de l'Afghanistan.
L'aide au retour parvient à un plus grand nombre de déplacés internes
Depuis décembre dernier, le HCR a aidé plus de 30 000 déplacés internes à rentrer chez eux. Les déplacés afghans, dont le nombre atteindrait 1,2 millions de personnes, commencent à prendre le chemin du retour dans le cadre d'un programme d'assistance similaire à celui mis en place pour les réfugiés par le Ministère afghan chargé des questions de rapatriement, l'OIM et le HCR.
Il s'agit là d'un effort à l'échelle nationale destiné à permettre à des déplacés internes afghans chassés de chez eux par la famine et par des décennies de conflit civil à regagner leur région d'origine et à prendre un nouveau départ dans la vie.
Le HCR envisage de faciliter le retour de 400 000 déplacés afghans cette année. Il demeure toutefois crucial pour l'Afghanistan et le gouvernement intérimaire afghan de recevoir une aide à très haut niveau pour le développement et le relèvement. Par ailleurs, une amélioration continue de la situation sur le plan de la sécurité est tout aussi vitale.
Environ 14 500 déplacés internes qui vivaient depuis trois ans dans les anciens locaux délabrés de l'Ambassade soviétique à Kaboul sont retournés dans la région de Shomali, au centre de l'Afghanistan, afin de reconstruire leurs maisons. Ils se Ils y ont rejoint quelque 8 000 Afghans revenus de la vallée de Panjshir à la fin de décembre.
Dans la région de Bamiyan, plus de 2 000 Afghans, pour la plupart d'ethnie hazara, sont retournés dans 13 villages dans la vallée de Shaighan depuis lundi, après avoir dû prendre la fuite l'année dernière en raison de conflits déchirant la région. Les autorités avaient au préalable procédé au déminage des villages. Le HCR et ses partenaires envisagent d'aider 7 500 personnes à regagner la région ces prochains jours, au cours de la première phase de l'opération.
Cette semaine, les premiers groupes de déplacés internes, soit 2 000 personnes en tout, ont commencé à quitter les tentes de Hesar Shahi qui abritait depuis trois ans près de 24 000 Afghans fuyant la guerre et la famine. Ils ont regagné leurs villages dans la province de Nangarhar. Les retours dans la province de Laghman ont du être suspendus cette semaine en raison de l'insécurité qui persiste dans la région.
Jeudi dernier, 585 déplacés internes ont quitté la ville frontalière de Spin Boldak, dans le sud-est, pour se rendre à Ghazni et Paktika malgré des rapports faisant état d'instabilité dans certaines parties de ces provinces. Les camps de déplacés de Spin Boldak abritent 40 000 Afghans.
Les autorités tentent d'apaiser les tensions ethniques
Au début d'avril, les autorités de Hérat ont changé les gardes du camp de Maslakh dans lequel vivent 117 000 déplacés afghans, suite à des allégations de harcèlement à l'encontre de Pachtounes, minoritaires dans le camp. Cette décision a eu lieu après que le HCR ait informé les autorités à Hérat et à Kaboul d'éventuels abus perpétrés par des hommes armés.
Au cours d'un entretien avec le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers, la semaine dernière, M. Hamid Karzaï, Président du gouvernement intérimaire afghan, a déclaré que la situation des Pachtounes minoritaires dans le nord de l'Afghanistan s'était améliorée. Selon M. Karzaï, cette accalmie avait eu lieu après sa décision d'envoyer sur place une mission d'enquête suite à des allégations d'abus de droits de l'homme dans la région et la volonté d'entamer un processus de réconciliation.
Le HCR déploie des équipes chargées de superviser la situation des minorités dans la région, y compris à Bagdis, Faryab, Balkh, Jawzan, Saman, Baghlan, Koundouz et Takhar. Avec les retours s'accélérant, le HCR surveille également la situation dans des régions où les forces de coalition mènent des opérations militaires, dont Paktia, Khost, Uruzgan et certaines régions de Paktika.