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Les réfugiés d'Afrique prennent le chemin du retour, mais l'aide internationale reste indispensable, rappelle le directeur du Bureau du HCR pour l'Afrique

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Les réfugiés d'Afrique prennent le chemin du retour, mais l'aide internationale reste indispensable, rappelle le directeur du Bureau du HCR pour l'Afrique

Plus de 350 000 réfugiés sont rentrés chez eux depuis la conférence « Dialogue sur les retours en Afrique » organisée par l'UNHCR l'année dernière. Mais pour 2005 les perspectives restent mitigées, le succès potentiel de certaines opérations de rapatriement étant assombri par l'instabilité dont quelques régions clefs sont la proie.
7 Mars 2005 Egalement disponible ici :
Devant un parterre de journalistes à Genève, David Lambo, directeur du Bureau du HCR pour l'Afrique, dresse le bilan de l'opération Africa Dialogue un an après son lancement en mars 2004.

GENEVE, 7 mars (HCR) - En mars 2004, une conférence placée sous les auspices du HCR et baptisée Africa Dialogue réunissait à Genève de hauts représentants d'Etats africains, des pays donateurs et des organisations internationales. Tous partageaient un même objectif : trouver des solutions durables pour les quatre millions de réfugiés du continent et mettre un terme à d'interminables situations de crise.

L'an dernier, plus de 350 000 réfugiés ont regagné leur pays, mais pour 2005 les perspectives restent mitigées, le succès potentiel de certaines opérations de rapatriement étant assombri par l'instabilité dont quelques régions clefs sont la proie.

La réunion de 2004 concernait neuf nations africaines où des initiatives de paix laissaient envisager des mouvements de rapatriement d'une ampleur jamais vue en dix ans sur ce continent. Des représentants de ces Etats - Angola, Sierra Leone, Libéria, République démocratique du Congo (RDC), Burundi, Rwanda, Soudan, Somalie et Erythrée - ont informé les délégués de la situation dans leurs pays respectifs et sur les perspectives de retour pour deux millions de réfugiés et plusieurs millions de personnes déplacées.

En s'adressant à la presse lundi dernier à Genève, le directeur du Bureau pour l'Afrique, David Lambo, a déclaré que beaucoup avait été accompli depuis un an, mais il a aussi lancé un appel à poursuivre cette dynamique afin de stabiliser les retours.

« Il est essentiel que nous continuions de recevoir des fonds pour les pays où rentrent les réfugiés. L'acheminement des réfugiés est une opération complexe, mais c'est la partie la plus facile du processus de rapatriement - le plus difficile c'est la réintégration, la stabilisation des retours sur le long terme. Et c'est la clef du succès de toute opération de rapatriement. »

Trop souvent, passée la phase initiale du retour, les rapatriés ne reçoivent pas assez de soutien pour redémarrer une nouvelle vie dans leur patrie, rappelle D. Lambo.

« Quand un paysan retrouve des terres laissées à l'abandon pendant des années, il lui faut au moins deux ans pour faire pousser de quoi nourrir sa famille. Si nous ne l'aidons pas pendant cette période, il risque de devoir repartir. »

Les mouvements de rapatriement volontaire les plus importants ont concerné le Burundi et le Libéria. Plus de 90 000 réfugiés ont regagné le Burundi l'an dernier, la plupart en provenance de la Tanzanie voisine, avec l'assistance du HCR. Les développements politiques au Burundi sont encourageants, le référendum de fin février, longtemps attendu, ouvrira la voie à des élections générales prévues plus tard dans l'année. En 2005 le HCR devrait aider quelque 150 000 réfugiés à rentrer au Burundi, mais l'agence fait face à un inquiétant manque de fonds pour mener à bien cette opération.

« Nous avons demandé 60 millions de dollars pour le Burundi, où nous avons rapatrié 90 000 réfugiés l'an dernier, malgré de nombreux problèmes. Jusqu'à présent, nous n'avons reçu que 2,5 millions de dollars sur cette somme. C'est loin d'être suffisant. »

M. Lambo a également attiré l'attention sur le Libéria, où sont retournés plus de 100 000 réfugiés sur les 12 derniers mois, et sur la Sierra Leone, où l'opération de rapatriement volontaire s'est achevée l'an dernier. Maintenant que 270 000 personnes sont rentrées en Sierra Leone, il est plus crucial que jamais, pour briser l'engrenage de la violence, de soutenir la réintégration et le développement à long terme.

« En Sierra Leone le taux de chômage des jeunes s'élève à 75-80 %, or ce groupe est particulièrement important car beaucoup de jeunes en Afrique de l'Ouest n'ont connu que la guerre et la violence. Pour offrir une alternative à la guerre, il faut injecter de l'argent afin de créer une autre vision du monde, d'autres aspirations. Si nous ne relançons pas l'économie, nous ne parviendrons pas à enrayer le cycle de la violence. »

En Angola, le HCR devrait pouvoir boucler son opération de rapatriement volontaire, avec le retour prévu en 2005 de 75 000 Angolais réfugiés dans les camps des pays d'asile.

La situation est plus contrastée en RDC. Alors que pour la première fois depuis des années l'agence facilite le rapatriement de Congolais - depuis la République centrafricaine et la République du Congo - vers la province de l'Equateur dans le nord-ouest du pays, de nombreuses autres régions de la RDC, notamment dans l'est, demeurent trop instables pour encourager les retours.

Autre pays offrant une situation très contrastée, le Soudan. Dans le sud, l'espoir est de mise. Grâce à la signature en janvier d'un accord de paix entre le gouvernement et le Mouvement de libération du peuple soudanais mettant fin à près de vingt ans de conflit, le HCR espère pouvoir commencer cette année le rapatriement de plus d'un demi million de réfugiés soudanais.

Au Darfour, en revanche, dans l'ouest du Soudan, les perspectives restent sombres. Le conflit qui a éclaté il y a deux ans est loin d'être résolu, or il a déjà déraciné 1,8 million de personnes et en a poussé plus de 200 000 à franchir la frontière tchadienne. Le HCR a ouvert 11 camps de réfugiés au Tchad et signé un Protocole d'accord avec le gouvernement soudanais afin de venir en aide aux populations déplacées dans le Darfour occidental.

En dépit de ce triste tableau, David Lambo s'est dit dans l'ensemble optimiste quant aux récents développements et aux perspectives de l'année à venir - à condition que la communauté internationale continue de s'impliquer dans la recherche de solutions durables.

« Malgré tout de nombreux réfugiés retournent dans plusieurs pays, » a-t-il rappelé. « Nous devons les aider, travailler avec eux. Lors du tsunami (du 26 décembre), nous avons vu la générosité dont peut faire preuve la communauté internationale pour aider ceux qui ont tout perdu à refaire leur vie. Il nous faut créer la même mobilisation en faveur des réfugiés africains. »