Grande inquiétude au HCR devant l'augmentation des nouvelles arrivées d'Ivoiriens au Libéria
Grande inquiétude au HCR devant l'augmentation des nouvelles arrivées d'Ivoiriens au Libéria
Le 10 novembre 2004
GENEVE - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Ruud Lubbers a aujourd'hui fait part de son immense préoccupation quant à la détérioration de la situation en Côte d'Ivoire qui a déjà provoqué la fuite de plus de 3 000 personnes vers le Libéria voisin.
M. Lubbers a averti qu'une escalade de la violence en Côte d'Ivoire pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la stabilité des pays voisins, notamment le fragile Libéria qui se remet tout juste de 14 ans de guerre civile. Tout récemment, le mois dernier, le HCR a initié un vaste programme pour rapatrier quelque 340 000 réfugiés libériens dispersés dans la région - dont 70 000 en Côte d'Ivoire. La plupart de ces 70 000 réfugiés vivent dans des communautés ivoiriennes, et 8 000 d'entre eux dans deux camps de réfugiés.
Le personnel du HCR affecté le long de la frontière au nord-est du Libéria a rapporté aujourd'hui que plus de 3 000 ivoiriens - certaines estimations iraient jusqu'à 5 000 - sont arrivés ces derniers jours. Des centaines d'autres sont partis au Ghana.
« Les ivoiriens fuient car ils ont peur » a déclaré M. Lubbers. « La situation à Abidjan est tendue et dangereuse, avec violence et pillages, et dans certaines parties du pays, l'eau et l'électricité ont été coupés. Si la situation se dégrade encore, il y a une forte probabilité d'exode massif des ivoiriens, ainsi que des réfugiés libériens. Il est essentiel qu'une solution rapide et porteuse de paix soit trouvée pour éviter un tel désastre. »
La plupart des réfugiés récemment arrivés au Libéria sont à présent dans des campements à Butuo, dans le nord-est du pays, près de la frontière avec la Côte d'Ivoire. Le HCR, en coopération avec le gouvernement du Libéria et d'autres organisations internationales, a envoyé à Butuo, dès dimanche, du personnel et des équipes médicales qui ont distribué de l'aide d'urgence comprenant des couvertures, des nattes, du savon, des jerrycans, des lampes, des bâches en plastique, ainsi que des biscuits à haute teneur en protéines. Cependant les routes menant à Butuo sont en très mauvais état, et si le nombre de nouveaux arrivants continue d'augmenter, il deviendra probablement nécessaire d'organiser un pont aérien pour la distribution des vivres.
« Le Libéria fait face à une énorme tâche de reconstruction, dont fait partie la réintégration de centaines de milliers de ses propres citoyens qui avaient fui le pays », a dit Ruud Lubbers. « A un tel moment, alors que les progrès accomplis restent fragiles, un afflux de réfugiés au Libéria pourrait avoir des conséquences fortement négatives, exacerbant la pauvreté et l'instabilité dans le pays. C'est pourquoi la situation actuelle est particulièrement inquiétante, non seulement pour la Côte d'Ivoire mais aussi pour l'ensemble de la région. »
Les bureaux du HCR dans les pays voisins se tiennent prêts à intervenir, et font l'inventaire des moyens de secours et du personnel qui pourraient être affectés au Libéria ou ailleurs si la crise s'aggravait.