Ruud Lubbers condamne les rumeurs de contamination du SIDA par les réfugiés
Ruud Lubbers condamne les rumeurs de contamination du SIDA par les réfugiés
GENEVE, 10 février 2004 (UNHCR) - Le Haut Commissaire Ruud Lubbers a condamné les rumeurs selon lesquelles les réfugiés propagent le SIDA. Il les assimile à de nouvelles tentatives pour encore stigmatiser une population déjà traumatisée par la discrimination et les préjugés défavorables.
Dans son discours au 20ème congrès de l'ONUSIDA à Genève lundi, Ruud Lubbers a condamné cette « double discrimination » comme étant non seulement abusive, mais aussi injustifiée si l'on se réfère aux chiffres.
Le Haut Commissaire s'est aussi prononcé contre le système des tests de dépistage du SIDA obligatoires pour les réfugiés, en particulier ceux qui pourraient les empêcher de trouver un refuge sûr dans les pays du tiers monde. Ruud Lubbers a affirmé que l'UNHCR encourage les tests volontaires uniquement si le dossier médical reste confidentiel. Il a ajouté que la protection contre le SIDA va au-delà des tests. « Les réfugiés méritent les mêmes opportunités de prévention, soins et traitement du SIDA que celles offertes aux citoyens des pays dans lesquels il résident », a-t-il dit.
Un document sur la politique de l'UNHCR à propos du SIDA parmi les populations déracinées a relevé le fait que les conflits, le déplacement, l'insécurité alimentaire et la pauvreté pouvaient rendre les populations affectées plus vulnérables à la transmission du virus du SIDA. Cependant, l'affirmation courante selon laquelle cette vulnérabilité signifie davantage d'infections par le SIDA parmi les déracinés n'est pas démontrée par des chiffres.
Le document, présenté à la conférence sur le SIDA par le spécialiste de l'UNHCR sur cette maladie, le Dr Paul Spiegel, s'appuie sur une étude menée sur des femmes enceintes de plus de 20 camps accueillant quelque 800 000 réfugiés au Kenya, au Rwanda, au Soudan et en Tanzanie, démontrant que les réfugiés de trois pays sur quatre ont des taux d'infection significativement inférieurs à ceux des communautés d'accueil voisines.
Le document de l'UNHCR note aussi que les réfugiés comme tout un chacun peuvent être victimes de violences généralisées, de conflits et d'instabilité dans certaines régions du monde mais ils sont souvent confrontés à une situation pire que la population locale. L'UNHCR rapporte que les groupes les plus vulnérables au SIDA sont les femmes victimes de viols ou d'exploitation sexuelle, ainsi que les enfants et les personnes armées agissant dans les zones de guerre civile.
L'étude de l'UNHCR mentionne enfin la vulnérabilité accrue à une infection par le VIH du personnel humanitaire lui-même, citant l'isolement et la fragilité des situations dans lesquels celui-ci est forcé de travailler.