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Aide d'urgence pour les populations indigènes en Colombie

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Aide d'urgence pour les populations indigènes en Colombie

L'UNHCR fournit une aide d'urgence aux communautés indigènes vivant près de la rivière Guaviare, dans le centre-sud de la Colombie.
22 Avril 2008 Egalement disponible ici :
Cette barge apporte une aide alimentaire vitale aux populations indigènes vivant près de la rivière Guaviare.

PUERTO ALVIRA, Colombie, 22 avril (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a organisé une mission humanitaire pour apporter une aide d'urgence aux populations indigènes vivant le long de la rivière Guaviare, dans le centre-sud de la Colombie.

Quatorze tonnes de vivres fournies par l'agence soeur de l'UNHCR, le Programme alimentaire mondial (PAM), ont été acheminées la semaine dernière par bateau et distribuées à quelque 1 000 personnes à Mocuare, Puerto Alvira, Barranco Colorado et au centre municipal de Mapiripan, des villages situés au bord de la rivière. Les groupes armés irréguliers rivaux se disputent ce territoire, dont les forces armées colombiennes tentent parallèlement de regagner le contrôle.

Ces quatre villages sont confrontés à une situation humanitaire extrêmement difficile, avec une grave pénurie alimentaire. Parallèlement, il y a un haut risque de déplacement pour les habitants des trois villages situés sur les rives du fleuve Guaviare.

« Nous avons entendu dire qu'il va y avoir davantage de combats et que la situation va être pire que celle que nous connaissons déjà », a indiqué une habitante qui s'est entretenue avec des employés de l'UNHCR durant une distribution de vivres dans l'un des trois villages. « Qui n'aurait pas peur en entendant cela ? »

Deux de ses filles avaient fui au début du mois avec leurs maris et leurs enfants. Elle n'a aucune nouvelle d'eux depuis lors et elle a fait part de son inquiétude. Les proches de cette femme sont partis à pied et se sont dirigés vers la forêt, après avoir attendu pendant des jours un bateau qui n'est jamais arrivé.

Des centaines de gens ont fui la zone depuis le début de cette année. Dans le village de Barranco Colorado, il reste seulement quelque 40 familles (environ 200 personnes) appartenant à deux groupes indigènes. Puerto Alvira a perdu environ 75 pour cent de sa population comptant habituellement 3 000 personnes et les gens fuient aussi le village de Mocuare.

Ceux qui restent sont souvent les plus démunis et les plus vulnérables. Maintenant, ils sont réellement coupés du reste du monde. Pratiquement aucune nourriture ne leur parvient et le prix est très élevé, pour les rares produits à vendre sur place. Une petite bouteille d'eau coûte quatre fois plus cher qu'à Bogota, la capitale nationale.

Le gouvernement a une présence extrêmement limitée dans la région, alors que l'économie locale - principalement basée sur la pêche, la chasse et le troc - a été détruite quand des groupes armés illégaux ont introduit la culture de la coca, la matière première de la cocaïne.

Les employés de l'UNHCR, qui ont pris part à la mission de la semaine dernière, ont indiqué que les équipements et les stocks médicaux sont insuffisants au niveau local. Ils ont noté une sévère pénurie de médicaments dans les trois villages et ils ont dit qu'il n'y était apparemment pas possible de procéder à une évacuation d'urgence, en cas de besoin.

« J'ai deux personnes très malades », a indiqué la seule infirmière restant à Barranco Colorado. « L'une d'entre elles souffre d'un paludisme sévère et j'ai peur qu'elle ne décède, si je n'ai même pas une aspirine ou de l'eau potable à lui donner. »

Des membres de l'Eglise locale, des représentants du bureau du médiateur et des employés du ministère colombien pour l'aide sociale ont participé à cette mission avec l'UNHCR et le PAM. La mission a distribué, en même temps que des vivres, des kits d'hygiène et des fournitures scolaires données par la municipalité locale.

La plupart des bénéficiaires appartenaient aux tribus Guyabero et Nukak Maku. Quelques familles non indigènes, identifiées comme extrêmement vulnérables, ont aussi reçu une assistance. A la fois les Guyabero et les Nukak Maku sont des indigènes de la région de Guaviare. Nombre d'entre eux ont été forcés de fuir leurs terres du fait du conflit armé, mettant ainsi en danger leur survie en tant que groupes ethniques uniques.

Selon les législations colombienne et internationale, des efforts spécifiques doivent être entrepris pour protéger de tels groupes contre l'effet dévastateur de la perte de leurs terres. La mission de la semaine dernière faisait partie d'une série de mesures de protection préventives actuellement mises en place dans ce but.

« La prévention du déplacement forcé en aidant les personnes à rester sur leurs terres avec un soutien et une assistance avant qu'ils ne soient forcés à fuir est souvent la forme la plus efficace de la protection », a expliqué Jean-Noël Wetterwald, le délégué de l'UNHCR en Colombie.

Il a ajouté que l'intervention à Guaviare était un exemple concret de ce qui peut être accompli dans le cadre d'une coopération interinstitutions avec les communautés locales. L'UNHCR et le PAM, en collaboration avec leurs partenaires locaux, mettent en place plusieurs projets pour aider les personnes indigènes vivant le long de la rivière Guaviare, y compris une cantine scolaire à Puerto Alvira et des programmes de protection sociale pour les personnes âgées et les enfants.

Lors des discussions sur ces projets visant à les aider, les habitants de Puerto Alvira ont indiqué qu'ils commençaient à voir poindre la lumière au bout du tunnel. « Quelques familles qui sont parties commencent à penser qu'il pourrait être possible de rentrer, maintenant que nous ne sommes plus seuls et oubliés », a dit un homme.

On compte 80 groupes indigènes différents en Colombie, qui représentent ensemble deux pour cent de la population du pays. Ils ont été forcés de fuir leurs maisons dans de plus fortes proportions que le reste de leurs compatriotes. Fin 2007, quelque 2,4 millions de Colombiens étaient enregistrés auprès du gouvernement en tant que victimes du déplacement interne forcé.

Par Marie-Hélène Verney à Puerto Alvira, Colombie