En Zambie, des réfugiés apprennent l'autosuffisance
En Zambie, des réfugiés apprennent l'autosuffisance
SITE D'ACCUEIL DE REFUGIES DE MEHEBA, Zambie, 13 février (UNHCR) - Chaque semaine, durant trois jours, un groupe de réfugiés, composé d'hommes, de femmes et d'adolescents, se rassemble dans une salle de classe à Meheba pour apprendre à améliorer les rendements agricoles et à rentabiliser leurs activités.
La plupart des réfugiés qui voulaient rentrer en Angola sont maintenant partis. L'UNHCR et le Gouvernement zambien travaillent - via des programmes comme la création de coopératives agricoles et le micro crédit - pour assurer que les réfugiés restants reçoivent une formation et des compétences afin qu'ils puissent subvenir à leurs besoins.
La Zambie accueille actuellement 113 000 réfugiés, dont la majorité est originaire de République démocratique du Congo. Le rapatriement volontaire organisé des Congolais depuis deux sites accueillant des réfugiés dans le nord de la Zambie va continuer en 2008, mais le programme de rapatriement assisté de l'UNHCR vers l'Angola s'est achevé il y a un an.
Meheba, dans le nord-ouest de la Zambie, a vu sa population réfugiée décliner d'environ 40 000 en 2002 à 14 000 actuellement. Les réfugiés sont majoritairement des Angolais. La plupart vivent à Meheba depuis plus de 10 ans et ils considèrent le site qui les accueille comme leur foyer. Cependant, le gouvernement doit encore décider du statut à leur donner et il continue à chercher une solution durable avec l'UNHCR.
« Tant que des réfugiés vivront ici à Meheba, nous voulons maintenir les structures permettant l'autosuffisance dans ce site », a expliqué Mendes Munguambe, directeur du bureau de terrain de l'UNHCR.
Le gouvernement a pris en charge la gestion de divers programmes menés sur le site, comme la distribution d'eau, l'agriculture et les soins de santé. Il travaille maintenant avec l'UNHCR sur un projet pour créer des coopératives parmi la communauté réfugiée. Il est envisagé que les réfugiés puissent produire suffisamment de nourriture pour satisfaire leurs propres besoins et vendre le surplus via des coopératives.
« Nous avons jugé que les réfugiés disposent de terres cultivables suffisantes et qu'il y a une densité de population suffisante dans les environs, grâce aux activités minières croissantes, situées à seulement quelques kilomètres du site », a indiqué Johns Maseka, un fonctionnaire de Meheba. « C'est exactement ce qu'il faut pour cultiver et vendre les récoltes aux mineurs. »
Dès son ouverture, la mine de Lumwana, située à huit kilomètres seulement à l'ouest de Meheba, sera la mine de cuivre et d'uranium la plus importante en Afrique. Johns Maseka a expliqué qu'une coopérative était nécessaire pour assurer que la communauté réfugiée puisse tirer profit de la demande de la communauté minière.
« Nous nous sommes rendu compte que les réfugiés vendent leurs récoltes aux mineurs. Alors nous avons voulu officialiser les choses et nous avons entamé des discussions préliminaires avec la direction de la mine pour leur fournir des produits issus de l'agriculture », a-t-il expliqué.
« Cependant, les réfugiés n'ont pas individuellement la capacité de produire autant de volume. Par exemple, il nous a été demandé de fournir chaque jour 5 000 choux et cinq tonnes de tomates à la mine. C'est ce qui nous a donné l'idée de la coopérative agricole, pour mutualiser la production. »
Parallèlement aux formations théoriques, des experts en agriculture se sont rendus sur place dans le site pour enseigner aux réfugiés de nouvelles méthodes pour les activités agricoles. L'élevage de poisson et de bétail, notamment de la volaille, a aussi été réorganisé.
« La réponse des fermiers a été très encourageante. Nous les encourageons aussi à élever des poulets et nous commençons une plantation de bananes », a expliqué Johns Maseka.
Kapalu Ndumba, président par intérim de la future coopérative, cherche à mobiliser la population réfugiée de Meheba à participer au projet. « A ce jour, les réponses sont encourageantes. Nous savons que si de notre côté nous sommes nombreux, nous pouvons faire beaucoup de choses. »
Parallèlement, le programme de micro-financement FORGE aide les particuliers à devenir autosuffisants dans d'autres secteurs que l'agriculture. FORGE, une organisation non gouvernementale américaine qui travaille avec l'UNHCR, a octroyé des prêts à 112 réfugiés pour transformer leur vie via l'autosuffisance économique.
Plutôt que de simplement octroyer et recevoir les remboursements des prêts, le programme FORGE assure que les bénéficiaires puissent commencer une petite affaire en leur faisant suivre d'abord deux mois de formation. Le cursus comprend des cours notamment dans des domaines comme l'esprit d'entreprise, les principes de gestion et les compétences en comptabilité - tous adaptés aux spécificités des petites sociétés gérées par des réfugiés africains. Avec des centaines de nouveaux prêts prévus pour 2008, le programme s'étend rapidement.
« Les affaires vont bien », a dit Mushata Kangazi Bobo, un bénéficiaire congolais qui possède une boulangerie à Meheba. « J'ai pu rembourser l'emprunt et maintenant j'ai acquis l'indépendance. »
Par Kelvin Shimo, site de réfugiés de Meheba, Zambie