Le HCR distribue de l'aide à 40 000 déplacés somaliens près de Mogadiscio

AFGOOYE, Somalie, 16 mai (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a distribué cette semaine de l'aide à quelque 40 000 déplacé internes vivant dans plus de 50 installations près de Mogadiscio, la capitale somalienne en proie à des troubles.

Les bénéficiaires de l'aide font partie de quelque 300 000 personnes habitant le long d'une bande de 30 kilomètres de route reliant la capitale vers la ville d'Afgooye, après avoir fui des mois de combats entre les rebelles et les troupes du Gouvernement fédéral de transition soutenu par les Ethiopiens.

Les déplacés, prévus pour être les bénéficiaires de cette distribution d'articles essentiels, étaient les ménages les plus vulnérables, notamment ceux qui ont fui la capitale somalienne récemment ainsi que certaines des familles les plus pauvres. La distribution a été menée de lundi à mercredi en partenariat avec une organisation somalienne non gouvernementale.

En raison des nombreux checkpoints installés le long de la route par des milices et des soldats qui extorquent de l'argent en échange d'un passage en sécurité, il a fallu deux jours pour acheminer l'aide de Mogadiscio à Afgooye.

Chaque famille a reçu une bâche en plastique, des ustensiles de cuisine, trois couvertures et six matelas, des articles dont les déplacés ont tant besoin. Les bâches en plastique sont très demandées, car les déplacés les utilisent pour protéger de la pluie leurs abris de fortune.

La saison des pluies, qui a commencé au début de cette semaine, a obligé quelques familles ne disposant pas de bâche en plastique à chercher refuge chez des amis et des voisins. « Il y a trois familles entassées toute la nuit dans mon petit abri quand il pleut », a indiqué un civil somalien déplacé à l'UNHCR. « Nous sommes 20 personnes qui ne pouvons nous allonger à cause du manque d'espace, ce qui veut dire que nous ne pouvons pas dormir. »

Cette première série de distribution sera suivie par une seconde distribution, prévue dans quelques semaines, pour 40 000 autres déplacés à Afgooye et dans la périphérie de Mogadiscio. Des articles essentiels seront aussi distribués dans les semaines à venir à 12 000 personnes qui ont fui récemment vers la ville de Marka, à environ 80 kilomètres au sud-ouest de Mogadiscio. Cette ville côtière compte à elle seule environ 14 000 déplacés de Mogadiscio.

L'année dernière, l'UNHCR a distribué de l'aide à plus de 100 000 déplacés vivant entre Mogadiscio et Afgooye. Plus de 42 000 civils ont fui la capitale somalienne, en proie à l'instabilité, depuis le mois de mars 2008, suite à une nouvelle flambée de violence. En tout, environ 800 000 personnes ont fui Mogadiscio depuis que la violence s'est emparée de la ville en février 2007.

De nombreux déplacés ressentent une frustration accrue après avoir passé plus d'un an dans des abris qui tombent en ruine, le long de la route poussiéreuse vers Afgooye. « Nous voulons rentrer chez nous car nous n'avons nulle part ailleurs où aller, mais c'est encore impossible car la paix n'est pas rétablie », a dit un homme. « Nous sommes de plus en plus impatients alors que nous voyons de nouveaux arrivants depuis Mogadiscio semaine après semaine. Nous nous sentons inutiles car nous ne pouvons rien faire à part attendre l'aide de la communauté internationale », a-t-il ajouté.

Les jeunes sont de plus en plus frustrés par le manque de perspectives et nombre d'entre eux parlent de partir vers le nord de la Somalie et d'effectuer la traversée périlleuse du golfe d'Aden sur des bateaux de passeurs impropres à la navigation. Ils rêvent de trouver du travail au Yémen, où des milliers de boat people vivent dans des camps.

L'UNHCR a diffusé des campagnes de sensibilisation à la radio sur ces risques. Plus de 18 000 personnes ont traversé le golfe pour rejoindre le Yémen depuis le début de cette année. Environ 400 personnes sont mortes durant ce voyage, alors que d'autres sont portées disparues.

La vie dans les installations de déplacés est devenue encore plus difficile depuis l'augmentation des prix de la nourriture. Les déplacés ont organisé plusieurs manifestations ces dernières semaines pour protester contre l'augmentation des prix. Par exemple, un sac de riz a augmenté de 30 pour cent en un mois seulement.

Le besoin de moyens de subsistance devient un problème crucial pour les déplacés, dont certains vivent à Afgooye depuis plus d'un an. En réponse, l'UNHCR a lancé un projet avicole pour aider 180 femmes, qui sont veuves pour la plupart et qui ont des problèmes pour subvenir aux besoins de leur famille.

Après avoir suivi une formation, les femmes recevront chacune vingt poules pondeuses, qui permettront d'augmenter les revenus, principalement grâce à la vente des oeufs. L'UNHCR a également mis à profit cette opportunité pour apprendre aux femmes quels sont leurs droits, ainsi que pour mener des activités dans le domaine de la prévention des abus sexuels et de l'aide apportée aux victimes de viol.