Le HCR et l'Angola publient une étude sur les principaux besoins des zones accueillant des rapatriés
Le HCR et l'Angola publient une étude sur les principaux besoins des zones accueillant des rapatriés

LUANDA, 28 mars (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés et le Gouvernement d'Angola ont rendu publique une étude détaillée des sept régions du pays qui abritent le plus d'anciens réfugiés. Cette information aidera à définir les actions à entreprendre afin de permettre une réintégration réussie des rapatriés.
La publication de ces évaluations par zone a eu lieu le 28 mars à Luanda, lors d'une réunion à laquelle ont participé des représentants du gouvernement, des organisations humanitaires et des bailleurs de fonds éventuels. Cet événement a marqué un tournant décisif dans la mise en oeuvre du programme destiné à s'assurer que tous les plans nationaux de développement prennent en compte la réintégration des quelque 500 000 Angolais qui ont fui le pays au cours des 27 années de guerre.
« Voici un exemple de la coopération étroite qui existe en Angola entre le gouvernement, aussi bien au niveau central qu'au niveau des provinces, et les Nations Unies. Je suis convaincu que cette initiative aidera à établir des projets adaptés aux besoins », a indiqué Dario Carminati, délégué de l'UNHCR en Angola. « Le Gouvernement de l'Angola est pleinement impliqué et prend régulièrement en compte la réintégration durable des rapatriés dans ses plans de développement. »
Ces évaluations sont indispensables pour le succès de l'Initiative pour la Réintégration Durable. Dans les zones détruites et dépeuplées par 27 années de guerre, il était en effet essentiel de disposer de détails précis sur les capacités et les besoins locaux afin d'établir les priorités pour la reconstruction.
L'UNHCR a conduit ce processus d'évaluation avec pour objectif non seulement de rapatrier les réfugiés angolais mais de s'assurer qu'ils se réintègrent pleinement dans un pays que certains ont quitté des dizaines d'années auparavant. Près de la frontière avec la République démocratique du Congo, dans la municipalité de Luau - qui fut jadis la capitale de la province de Moxico - les rapatriés représentent 91 pour cent de la population.
Mais l'UNHCR sait que la réintégration est un vaste problème. Le gouvernement cherche aussi à assurer le retour durable dans leurs régions d'origine des nombreux anciens soldats et des personnes qui ont été déplacées à l'intérieur même du pays. Lorsque la paix a été restaurée en 2002, les déplacés internes étaient en effet dix fois plus nombreux que le demi-million d'Angolais vivant à l'étranger.
Depuis la signature de cet accord de paix, on estime à plus de 360 000 le nombre de personnes rentrées dans leur foyer, parmi lesquelles 123 000 ont été rapatriées par l'UNHCR. Quelque 89 000 d'entre elles, qui étaient rentrées par leurs propres moyens, ont bénéficié d'une aide de l'UNHCR à leur arrivée. Environ 149 000 Angolais sont rentrés chez eux sans l'aide des Nations Unies.
L'UNHCR a lancé plusieurs projets de réintégration tels que la rénovation d'écoles et la mise en place de formations professionnelles. Toutefois, l'UNHCR, qui n'est pas une agence de développement, est conscient de la nécessité d'impliquer d'autres acteurs dans ce processus afin d'en assurer la pérennité et considère donc ces évaluations par zone comme une feuille de route que d'autres organisations pourront suivre.
La conférence de Luanda, qui se tenait à l'occasion de la réunion trimestrielle du Groupe de coordination humanitaire, a démontré que le processus engagé suivait son cours. Pour la première fois, le Gouvernement angolais a déclaré que la réintégration des rapatriés dans leurs régions d'origine faisait partie de ses objectifs officiels.
A cette occasion, le gouvernement a déclaré aux donateurs et aux représentants des organisations non gouvernementales humanitaires qu'il souhaite que les plans pour l'assistance incluent les besoins des zones de retour. Ces régions figurent parmi les plus isolées et les plus pauvres de l'Angola, l'un des pays les moins développés au monde.
« Nous disposons de suffisamment de données, y compris les éléments clés, qui peuvent servir comme modèle pour notre plan d'action », a indiqué le Dr João Baptista Kussumua, Ministre pour l'assistance et l'intégration sociale, au sujet de cette étude. Des représentants des provinces et des municipalités concernées par la nouvelle étude s'étaient déplacés à Luanda pour l'événement et faisaient partie de l'assistance.
« Nous devrions en finir avec l'idée que l'UNHCR ou le PAM (Programme alimentaire mondial) sont responsables de la reconstruction. Cela relève plutôt de la responsabilité du Ministre des travaux publics et du gouverneur de la province », a répondu le Dr João Baptista Kussumua, à un représentant du gouvernement qui voulait faire intervenir l'UNHCR pour réparer un pont.
Dans la municipalité de Bundas, qui se trouve dans une région isolée proche de la frontière avec la Zambie où les rapatriés représentent 90 pour cent de la population, la reconstruction de la route nationale en direction de la capitale de la province a été identifiée comme une priorité. Cette route clé, indispensable pour faire revivre le commerce, n'est encore qu'une piste de brousse qui prend des jours à parcourir. Les ponts ont été détruits et le déminage des bords de la route prendra des années.
Il manque aussi des cliniques dans toutes les parties du département ainsi que davantage de cours de portugais. Nombre de réfugiés revenus de Zambie n'ont jamais appris cette langue, le pays d'asile où ils ont grandi étant anglophone.
Bien que l'UNHCR prévoit de dépenser 10 millions de dollars cette année pour la réintégration des rapatriés, l'agence envisage de réduire ses programmes en Angola ces deux prochaines années, laissant d'autres organisations répondre aux besoins de développement identifiés dans l'étude mentionnée précédemment.
Par Jack Redden à Luanda, en Angola