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Le HCR et ses partenaires luttent contre la violence sexuelle dans le sud de la Colombie

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Le HCR et ses partenaires luttent contre la violence sexuelle dans le sud de la Colombie

La violence sexuelle est presque devenue une routine à Mocoa, dans le département de Putumayo en Colombie. Le HCR travaille à en modifier la perception.
8 Novembre 2010 Egalement disponible ici :
Un panneau de sensibilisation coloré dans les rues de Mocoa porte le message suivant : « Tout comme la Terre nourricière, la nature de la femme ne doit pas être violée. »

MOCOA, Colombie, 8 novembre (HCR) - Après le viol d'une jeune fille déplacée de 14 ans en début d'année dans un quartier animé de Mocoa, une ville du sud de la Colombie, personne n'a tiqué. Dans une partie de la ville, deux soeurs, âgées de six et 10 ans, ne peuvent pas dormir car elles ont trop peur de quitter leur maison après avoir été abusées sexuellement dans leur voisinage.

La violence sexuelle est devenue presque une routine à Mocoa et dans d'autres villes du département instable de Putumayo, où vivent un grand nombre de jeunes femmes déplacées internes et de jeunes filles particulièrement vulnérables. Toutefois, le HCR travaille depuis deux ans avec plusieurs partenaires pour modifier la perception du public sur ce problème.

Les toutes dernières statistiques sur la violence contre les femmes à Mocoa, préparées par l'Institut national colombien de médecine légale et de sciences judiciaires, montrent 28 cas de meurtre, 190 cas de violence sexuelle et 253 de violence domestique entre 2004 et 2008. De nombreuses victimes étaient âgées en-dessous de 18 ans. Ces totaux sont significatifs pour une ville comptant une population de 36 000 personnes seulement.

Comme Pär Westling du HCR l'a noté, un large pourcentage de ces victimes sont des femmes et des jeunes filles qui ont été forcées de fuir leur maison située en zone rurale et de chercher abri à Mocoa, où presque 60 pour cent de la population est déplacée.

« Nous savons que le déplacement accroît le risque de violence sexuelle et domestique, avec des femmes se retrouvant dépourvues de leur réseau social, sans accès aux dispositifs de protection et souvent en présence de groupes irréguliers armés », a ajouté Pär Westling, qui dirige le bureau du HCR sur le terrain à Mocoa.

Toutefois, le HCR et ses partenaires, y compris les autorités et l'Eglise, ont été confrontés à plusieurs problèmes dans la lutte contre ce fléau. Pour commencer, peu de victimes déclarent des cas de violence sexuelle - et c'est spécialement vrai pour les femmes indigènes, qui font face à la stigmatisation si leur entourage apprend qu'elles ont été abusées sexuellement par des étrangers ou qu'elles sont battues au sein du foyer. La plupart des victimes sont également très jeunes et elles ne connaissent que peu ou pas leurs droits, y compris sur la façon de porter plainte.

Un autre problème concerne le manque de capacité institutionnelle à répondre efficacement à la réalité complexe de la violence sexuelle, alors que les autorités locales reconnaissent que leurs employés ont besoin de formation pour aider les victimes et traiter les plaintes.

En conséquence, le HCR a formé en 2008 une équipe d'action avec la police locale, les autorités municipales et provinciales, l'Eglise catholique, la société civile - y compris des groupes de femmes et de personnes déplacées - et des organisations internationales.

L'équipe se rencontre chaque mois pour discuter et approuver des mesures pour améliorer la sensibilisation du public sur la violence à l'encontre des femmes, pour renforcer la capacité institutionnelle à s'occuper des victimes et à les protéger et pour faciliter leur accès au système judiciaire.

L'année dernière, l'équipe a lancé une campagne de sensibilisation dénommée « Ca suffit ! La violence à l'encontre des femmes est un crime. » Des panneaux muraux véhiculant des messages de sensibilisation ont été placés dans des lieux de passage très empruntés autour de la ville, alors que des employés du HCR se rendaient dans les communautés les plus pauvres pour porter le message jusqu'à l'intérieur des maisons. La campagne a également été véhiculée par des blogs et une lettre électronique.

Cette année, l'action s'est concentrée plus particulièrement sur la sensibilisation parmi la population masculine de Mocoa au sujet des maux de la violence sexuelle et domestique et sur le besoin d'éradiquer un comportement si destructeur. Dans le cadre de cette campagne, le HCR a organisé des ateliers avec des groupes de jeunes et encouragera la participation des hommes et des jeunes à la campagne annuelle des 16 jours d'action contre la violence faite aux femmes. Cette campagne démarre le 25 novembre via une campagne selon laquelle « la masculinité ne se conjugue pas avec la violence sexuelle ».

Les membres du personnel du HCR développent également une « feuille de route » visant, pour les victimes de violence, à trouver plus facilement de l'aide ainsi qu'à faciliter l'accès aux procédures en justice. « Elle explique en photos et dans un langage simple la façon de dénoncer la violence sexuelle et d'accéder aux services de l'hôpital local et d'autres institutions », a indiqué Laura Badillo, spécialiste du HCR à Mocoa pour les questions de parité entre les sexes.

Le HCR fournit également des conseils aux employés de l'hôpital et de la police sur les meilleures façons d'enregistrer des plaintes pour violence sexuelle et pour aider les victimes. Pour améliorer le recueil de statistiques, l'équipe d'action a récemment mis au point un questionnaire qui sera distribué aux parties et institutions concernées. Elle inclut une information sur des sujets comme le déplacement, l'ethnicité et l'âge et remplace de précédents questionnaires qui étaient moins précis.

Le HCR ne se fait pas d'illusions sur le fait qu'il y aura un changement rapide, mais l'organisation est encouragée par les initiatives prises durant les deux dernières années. L'un des résultats majeurs du travail mené depuis 2008 concerne une discussion plus ouverte sur la violence sexuelle et à l'encontre des femmes à Mocoa. Désormais la population est mieux informée sur le problème et davantage disposée à le condamner.

« Nous estimons que les efforts menés par le HCR portent déjà leurs fruits », a indiqué Miguel Palacios, chargé du HCR à Mocoa pour les services communautaires. « L'impunité perd du terrain », a ajouté Miguel Palacios, qui est également volontaire des Nations Unies.

L'un des signes est la récente arrestation d'un homme suspecté d'abus sexuel sur une jeune fille indigène âgée de 14 ans. Parallèlement, celle-ci bénéficie d'une aide psychologique, de contrôles de santé et d'une protection de la police.

Par Kaweh Hagi à Mocoa, Colombie