Le HCR prend des mesures pour apaiser les tensions entre les communautés locales et les réfugiés au Népal
Le HCR prend des mesures pour apaiser les tensions entre les communautés locales et les réfugiés au Népal
DAMAK, district de Jhapa, Népal, 18 juillet (UNHCR) - Fournir une ambulance, des camions pour ramasser les ordures, l'amélioration des routes et offrir des services de santé pour habitants locaux dans les quartiers entourant les camps de réfugiés sont quelques-unes des actions entreprises par l'UNHCR pour tenter d'apaiser les tensions entre les communautés locales et les réfugiés bhoutanais dans l'est du Népal.
Depuis 15 ans, les régions de Jhapa et Morang accueillent les réfugiés bhoutanais, maintenant au nombre de quelque 105 000 dans sept camps dans les teraïs dans une partie rurale du pays, à une distance comprise entre 7 et 45 km de la frontière indienne. La frustration des réfugiés, suite au manque de solutions pour régler leur situation difficile, se reflète dans une certaine mesure sur les communautés locales, qui se demandent si les réfugiés retourneront un jour au Bhoutan.
« Dernièrement, les tensions entre les réfugiés et les communautés locales ont augmenté pour diverses raisons, du fait, entre autres, que les réfugiés ramassent du bois, des feuilles séchées ou des branchages, dans les forêts proches », dit Milagros Leynes, responsable du bureau de l'UNHCR à Damak. « Quand il y a un délai dans la livraison du kérosène, les réfugiés - pour la plupart des femmes et des enfants - n'ont pas d'autre choix pour faire cuire leur nourriture que d'aller dans les forêts proches pour chercher du bois, au risque d'être attaqués et même de subir des possibles violences sexuelles. »
Les livraisons de kérosène - du fuel pour que les réfugiés puissent faire cuire leur nourriture - ont quelquefois du retard, en raison des « bandhs » ou blocus imposés par les insurgés maoïstes qui provoquent une pauvreté grandissante à travers la région. Néanmoins, en général, les maoïstes comprennent parfaitement et apprécient les opérations humanitaires de l'UNHCR et la fourniture de secours est autorisée dans les camps.
Les communautés locales se plaignent du travail illégal des réfugiés en tant qu'ouvriers agricoles avec des salaires peu élevés, entraînant une diminution des prix et de leur pollution de l'environnement, car ils jettent les ordures dans la rivière, aussi utilisée pour irriguer les récoltes. Ces communautés sont quelque peu envieuses du haut niveau d'éducation et des soins de santé dont les réfugiés bénéficient dans les camps, en comparaison des services disponibles localement.
« C'est vraiment important pour l'UNHCR d'avoir des relations harmonieuses avec les communautés locales, qui accueillent généreusement les réfugiés depuis si longtemps », a déclare Abraham Abraham, délégué de l'UNHCR au Népal, aux officiels locaux à Damak la semaine dernière en leur remettant les clés de deux camions à ordures que l'agence pour les réfugiés a offerts à la communauté locale.
« Par ce don, nous espérons vraiment apaiser les tensions entre les communautés locales et les réfugiés et aider à initier une vraie gestion des déchets », ajouta-t-il.
Remerciant l'UNHCR pour les camions, le maire de la ville de Damak, Durga Nath Gautam, a dit « un grand nombre de réfugiés vit dans cette municipalité, certes défavorisée, nous aurons besoin d'un plus grand soutien de l'UNHCR ».
Après avoir attendu pendant un an l'achèvement des formalités pour le ré-enregistrement du camion de l'UNHCR à la municipalité, la ville de Damak prévoit que le camion à ordures fonctionnera d'ici une semaine.
Depuis que l'opération d'aide humanitaire pour les réfugiés a commencé au Népal, l'UNHCR a travaillé avec le gouvernement népalais sur des projets de petite échelle comme la réhabilitation de la forêt, la construction de routes et de ponts, afin d'alléger l'impact social et économique de la présence de réfugiés auprès des communautés locales.
De plus, les Népalais, qui vivent près des quartiers d'accueil des réfugiés, ont un accès libre aux services de santé dans tous les camps de réfugiés. Pendant la saison de la mousson, les patients des villages locaux traversent même les rivières en crue pour aller au dispensaire de santé du camp de réfugiés de Khudunabari.
« Une moyenne de 400 à 500 locaux viennent au centre de santé par mois », a affirmé un des responsables des services de santé du camp, un réfugié formé par l'Association des médecins d'Asie (AMDA-Népal), l'organisation qui a mis en place les services de soins de santé. « Les patients souffrent de maladies saisonnières répandues, comme la fièvre virale, la diarrhée, le refroidissement et la toux, ainsi que des cas de maladies mentales et d'hypertension. »
« Nous n'avons jamais refusé aucun traitement pour la population locale venant à notre centre de santé », ajouta-t-il, alors qu'une femme enceinte du village arrive au centre pour son contrôle mensuel. Tous les camps ont des services ambulanciers d'urgence 24h sur 24 à la fois pour les réfugiés et les locaux.
Malgré les tensions entre les communautés locales et les réfugiés, les relations au quotidien sont généralement bonnes.
« En comparaison avec d'autres camps, les réfugiés de Beldangi II et Beldangi Extension ont de bonnes relations avec les locaux », affirme le directeur de l'école dans le camp en buvant à petites gorgées un verre de thé au lait sucré dans une buvette au toit de chaume, dans le camp de réfugiés Beldangi I.
J.B Gautam, un fermier local vivant à proximité des camps de réfugiés Beldangi II et Beldangi Extension, acquiesça : « Nous entretenons de bonnes relations avec les réfugiés. Le seul problème, c'est que depuis leur arrivée ici, il y a beaucoup de pollution de l'environnement. » Il est arrivé au village lorsque les camps de réfugiés Beldangi étaient déjà établis et dit que maintenant il a de bons amis réfugiés.
Cette année, l'UNHCR a aussi aidé à goudronner la route allant des camps de réfugiés Belgandi à Damak, principalement à cause des problèmes respiratoires dont souffraient les enfants habitant dans la région.
« Auparavant, pendant la mousson, il nous était difficile d'aller et venir puisque il n'y avait aucune route », dit un homme du village voisin. « Maintenant en cas d'urgence, nous pouvons atteindre la ville de Damak en 10 à 15 minutes seulement. »
La plupart des gens du village veulent en savoir plus sur l'action de l'UNHCR pour résoudre la situation des réfugiés et se demandent pourquoi l'agence ne pourrait pas également leur porter assistance. Comme l'a fait remarquer un villageois : « J'espère qu'il y a une solution rapide au problème des réfugiés pour qu'ils puissent tous rentrer chez eux bientôt. »
Par Nini Gurung à Damak à l'est du Népal