Le nombre de personnes fuyant le Togo dépasse 16 500
Le nombre de personnes fuyant le Togo dépasse 16 500
HILAKONDJI, Bénin, 2 mai (UNHCR) - Le nombre de personnes fuyant le climat d'insécurité consécutif aux élections togolaises dépasse à présent 16 500. Certaines de ces personnes en fuite dénoncent les intimidations des forces de sécurité.
Ce matin, plus de 9 000 Togolais avaient déjà été enregistrés au Bénin et 7 500 au Ghana. Ces deux pays voisins du Togo ont vu un afflux croissant de réfugiés togolais depuis l'annonce des résultats des élections du 26 avril.
« Jusqu'à ce week-end, nous avons surtout vu des personnes en provenance de l'Aného, à proximité de la frontière béninoise. Nous assistons à présent à une nouvelle tendance : des personnes arrivent de Lomé (la capitale du Togo) et plus particulièrement de la région de Bé ; et cela, malgré le retour progressif du calme à Lomé », a déclaré Rafik Saidi, le délégué régional de l'UNHCR pour le Togo, le Niger et le Burkina Faso. Il a fait cette annonce à Cotonou, la capitale du Bénin.
Certains réfugiés ont fait état de mauvais traitements de la part des forces de sécurité au Togo. Les blessés ont reçu des soins médicaux dans les locaux de l'église d'Hilakondji, le point de passage principal au Bénin.
Kouakou Houlkpam, un jeune homme de 18 ans originaire de Messacondji, dans l'Aného, a été touché par une balle dans les jambes et ne pouvait plus marcher. « Je rentrais après être allé acheter des fèves et j'étais sur le point d'arriver chez moi lorsqu'une balle a traversé ma jambe droite et s'est logée dans la gauche », raconte-t-il en se grattant la peau autour de son bandage. Sa famille l'a directement emmené à l'hôpital, où on lui a ôté la balle.
Le pécheur Kouassi Kloussa, lui aussi de l'Aného, est arrivé au Bénin, samedi, avec 14 autres membres de sa famille. Pour échapper aux mauvais traitements, ils ont, selon lui, nagé 800 mètres pour se mettre en sécurité et ont attendu un certain temps, dans des eaux boueuses. « Ma femme a attaché un de nos jumeaux de trois ans sur son dos et l'autre sur sa poitrine, nous sommes entrés ainsi dans l'eau. Alors qu'elle nageait, des soldats sans pitié ont continué à leur lancer du gaz lacrymogène sur elle et les enfants », a-t-il déclaré.
Comme de nombreuses personnes arrivées récemment au Bénin, Kloussa est à la recherche de membres de sa famille laissés derrière lui. Il attend que deux jeunes frères rejoignent rapidement la famille au Bénin. Pendant ce temps, il a choisi le camp de réfugiés de Lokossa, un nouveau site ouvert samedi par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. Un millier de réfugiés ont déjà été déplacés vers ce nouveau camp, et des travaux sont en cours pour l'étendre afin d'héberger 5 000 personnes supplémentaires.
Un autre groupe de plus de 1 000 réfugiés vivent dans le camp de Comé. Quelque 300 réfugiés qui se trouvent sur des terrains d'Hilakondji appartenant à l'église devraient bientôt être transférés vers un nouveau site de transit en préparation à Grand Popo. La grande majorité des nouveaux arrivés est cependant hébergée chez des parents lointains ou des amis.
La situation est similaire au Ghana. « A quelques rares exceptions, les personnes en provenance de la région de l'Aflao ont été accueillies dans les foyers de parents et d'amis », a déclaré Thomas Albrecht, le délégué de l'UNHCR au Ghana. « D'autres ont loué un logement, souvent pour une période courte uniquement. »
Le directeur des opérations de l'UNHCR pour l'Afrique de l'Ouest, Michel Gaudé, a ajouté : « En ce qui concerne le Ghana, nous devons tâcher d'être prudents quant aux chiffres, car il semblerait que certains réfugiés venus de Lomé traversent la frontière d'Aflao juste pour se mettre en sécurité pendant la nuit, et retournent travailler à Lomé le lendemain matin. »
La plupart des réfugiés ont affirmé leur espoir de rentrer au Togo dans les prochains jours, lorsque la situation se sera calmée. Entre-temps, des organisations non gouvernementales locales et des associations paroissiales fournissent de la nourriture et du matériel de première nécessité aux plus démunis.
L'UNHCR surveille toujours la région frontalière pour vérifier les nouvelles arrivées.
Par Fati Kaba, Jennifer Pagonis