Les intimidations aggravent les déplacements au Sri Lanka
Les intimidations aggravent les déplacements au Sri Lanka

COLOMBO, Sri Lanka, 28 avril (UNHCR) - L'UNHCR réclame l'accès à toutes les zones dont les habitants se sont enfuis au cours des derniers jours, dans le nord-est du Sri Lanka, suite à la récente explosion de violence survenue dans cette nation insulaire. Alors que les tensions restent très fortes, les actes d'intimidation contre les personnes déplacées qui se sont réfugiées dans les centres sociaux sous autorité gouvernementale se multiplient.
L'agence pour les réfugiés estime que 7 000 à 8 000 personnes ont quitté un groupe de villages dans la région de Muttur, au sud-est de la ville de Trincomalee, suite à des raids aériens menés par les troupes gouvernementales mardi et mercredi.
Le 21 avril dernier, quelque 8 500 personnes ont été déplacées en raison d'attaques à Muttur perpétrées avec des mines à fragmentation claymore. De plus, le 10 avril, environ 3 000 autres résidents ont été déplacés suite au bombardement d'une place de marché dans la ville de Trincomalee. Cet incident a fait 16 morts et engendré un déchaînement de violences interethniques, y compris des attaques avec des mines claymore ainsi que l'incendie et le pillage de maisons. Les déplacés ont temporairement trouvé refuge dans des écoles, des églises et des bâtiments publics.
Bien que la situation générale semble s'être stabilisée dans la majeure partie de la zone de conflit, l'UNHCR reste très préoccupé par la situation de ces personnes.
Une mission conjointe d'évaluation des Nations Unies s'est rendue dans cette région vendredi, a déclaré Ron Redmond, le porte-parole de l'UNHCR à l'occasion d'une conférence de presse à Genève.
« Des agences humanitaires présentes sur le terrain essayent d'avoir accès aux zones affectées mais rencontrent encore des difficultés pour atteindre certains villages et certaines populations déplacées. L'UNHCR appelle toutes les parties en présence à faciliter l'accès immédiat aux populations affectées », a-t-il expliqué, ajoutant que, dans de nombreuses autres régions, la situation est en voie d'amélioration. « Etant donné l'accalmie des combats entre le gouvernement et le mouvement des Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE) ainsi que la réouverture des routes d'accès, nous prévoyons que de nombreux déplacés commencent à rentrer chez eux. Certains ont déjà entrepris de regagner leurs foyers pendant la journée, et passent la nuit dans les installations pour déplacés. »
Dans la région de Jaffna, la traversée de la ligne de front a été réouverte et quelques agences humanitaires ont repris leur rôle de surveillance. Leurs véhicules et leur personnel sont maintenant autorisés au déplacement entre les zones sous contrôle des militaires et celles de la LTTE.
« Nous sommes par ailleurs inquiets suite à des rapports faisant état d'intimidations que subiraient les personnes déplacées internes de la part de résidents dans les centres sociaux gérés par le gouvernement », a ajouté Ron Redmond.
La situation à Vavuniya et dans les zones voisines reste tendue, suite à ces incidents de sécurité survenus plus tôt cette semaine. Selon des informations recueillies auprès de personnes déplacées dans un centre social de Vavuniya, un groupe d'hommes masqués est entré dans le centre et a intimidé les personnes présentes. Des incidents similaires ont été signalés dans d'autres centres sociaux installés dans les zones touchées par le conflit.
Le délégué de l'UNHCR à Colombo, Amin Awad, a indiqué que ce scénario habituel d'intimidation risquait d'engendrer une seconde vague de déplacement.
« L'UNHCR lance une mise en garde contre les tentatives absurdes d'intimidation sur les personnes déplacées venues chercher de l'aide dans les centres sociaux gérés par le gouvernement, les forçant à fuir, créant de ce fait un second déplacement et aggravant les défis auxquels font face les agences humanitaires travaillant dans les zones affectées », a-t-il dit.
« Nous appliquons une politique de tolérance zéro concernant de telles actions quand elles concernent la protection et le bien-être des personnes déplacées », a ajouté Amin Awad.
L'UNHCR a aussi indiqué qu'un petit nombre de réfugiés était arrivé régulièrement dans l'Etat du Tamil Nadu au sud de l'Inde.
« Depuis le 22 avril, quelques réfugiés sri-lankais - 16 pour être précis - sont arrivés dans le Tamil Nadu, Etat du sud de l'Inde », a indiqué Ron Redmond depuis Genève. Il a ajouté que depuis début janvier, un total de 596 réfugiés sri lankais ont emprunté le même chemin, pour la plupart en raison de l'escalade de violence survenue en décembre et au début 2006. Aucune nouvelle arrivée n'a été enregistrée pendant une période de dix jours avant le 22 avril, date des dernières violences.

Il a ajouté : « Selon les médias du Sri Lanka, les personnes fuyant les îles sont interceptées en mer. Toutefois l'UNHCR n'est pas en mesure de confirmer ces informations. »
Par Lyndon Jeffels, UNHCR Colombo