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L'insécurité n'est pas le seul obstacle au retour en Iraq

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L'insécurité n'est pas le seul obstacle au retour en Iraq

Des Iraquiens, exilés de longue date en Iran, souhaitent rentrer dans leur pays et ils sont retardés par des procédures administratives compliquées et des fermetures sporadiques de frontières.
12 Juin 2008 Egalement disponible ici :
La plupart des enfants réfugiés iraquiens au camp de Bani Najjar sont nés en exil.

JAHROM, Iran, 12 juin (UNHCR) - Abdul Karim a attendu huit mois avant de pouvoir rentrer en Iraq. Comme ceux qui étaient rentrés avant lui, il est parfaitement conscient des problèmes auxquels il sera confronté après son retour, mais il reste déterminé à mettre fin à son exil.

Ce réfugié âgé de 50 ans fait partie des centaines de milliers de musulmans, chiites pour la plupart, qui ont fui la persécution sous le régime du Président Saddam Hussein et qui ont trouvé refuge en Iran entre les années 70 et le début des années 90. La plupart sont rentrés en Iraq vers la fin des années 90.

Après la chute du régime baasiste en 2003, une autre vague de retours a eu lieu depuis l'Iran. Les rapatriés appartenaient pour la plupart à l'ethnie arabe. « Contrairement à la nature progressive de l'afflux, le rapatriement s'est fait en une nuit », a dit Shokrollah Kazemifar, le directeur général du Bureau des étrangers et de l'immigration à Ahwaz, dans le sud-ouest de l'Iran, près de la frontière iraquienne. « Quand ils pris la décision de rentrer, ils ont démoli leurs maisons et ils ont tout emporté. »

Gaitrie Ammersing, en charge de la protection au bureau de l'UNHCR à Ahwaz, a attribué plusieurs raisons à ces départs : « Certains réfugiés disent que la situation sécuritaire et les opportunités d'emploi s'améliorent peu à peu dans le sud de l'Iraq. Ils nous disent aussi qu'il est maintenant plus facile d'obtenir des documents iraquiens pour le retour. »

D'autres disent qu'il devient de plus en difficile de survivre en Iran. « La vie est difficile ici. Je travaille tout près mais il n'est pas toujours facile de trouver un emploi », a dit Attaye Heidari, qui a vécu au camp de Bani Najjar dans le sud-ouest de l'Iran depuis 16 ans. « Je suis très stressé et je pense au retour. Je suis convaincu que la vie sera meilleure à Bassora. »

Plus de 18 000 réfugiés iraquiens en Iran ont reçu une aide pour rentrer chez eux depuis novembre 2003, majoritairement dans des zones comme Bagdad et les governorats du sud. Le pic a eu lieu en 2004, avec plus de 12 500 retours. Quelque 230 personnes ont été rapatriées depuis l'Iran vers le nord et le sud de l'Iraq à ce jour en 2008.

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés n'encourage pas les retours vers l'Iraq actuellement, à cause de la situation sécuritaire fragile. Toutefois l'agence fournit une assistance à ceux qui insistent pour rentrer. Elle organise un entretien avec eux pour s'assurer que le retour est volontaire et elle leur verse une allocation en espèces pour participer aux coûts du transport et des débuts de la réintégration.

Dans certains cas, des procédures administratives compliquées ont retardé le rapatriement. Quelque 300 réfugiés ethniques arabes au camp de Jahrom, dans le sud de l'Iran, attendent depuis l'année dernière des documents de sécurité de la part des autorités iraquiennes avant de pouvoir rentrer. Récemment, un autre groupe de 200 réfugiés a aussi exprimé sa volonté de rentrer en Iraq.

« Je travaillais dans une usine de ciment pour la construction de logements », a dit Abdul Karim. « Après mon enregistrement pour le retour, j'ai vendu tout mon équipement, en pensant que cela prendrait un à deux mois. Maintenant, on nous dit que les attestations de sécurité ne sont pas prêtes. Combien de temps allons-nous devoir encore attendre ? Mes enfants et moi, nous n'avons pas de travail. Nous ne savions pas que cela allait prendre si longtemps. »

Jusqu'à récemment, les dossiers étaient envoyés à Amman en Jordanie et ils étaient traités à Bagdad, ce qui allongeait le délai. Cependant, un nouveau système a aidé à accélérer les attestations de sécurité.

« Un nouveau consul iraquien a été nommé à Ahwaz, ce qui devrait raccourcir le traitement du dossier qui passe actuellement par Amman et Bagdad », a expliqué Carlos Zaccagnini, le délégué de l'UNHCR en Iran, durant une récente visite dans le camp. « Cela coûtera 25 dollars par famille pour demander les attestations de sécurité ici. »

Un autre obstacle au rapatriement concernait la fermeture sporadique des frontières à Shalamcheh et Mehran depuis avril pour des raisons de sécurité.

Quand ils ont finalement réussi à rentrer chez eux, les rapatriés seront confrontés à de nombreux défis pour démarrer une nouvelle vie. Mais ils laissent aussi derrière eux des problèmes avec les communautés d'accueil en Iran. Au camp de Bani Najjar, par exemple, les eaux usées se sont infiltrées dans les terres cultivées voisines et ont détruit les cultures de blé. L'UNHCR s'est engagé à aider à la réparation du système de drainage du camp.

« Nous ne pouvons pas verser au gouvernement des contributions financières, mais nous pouvons apporter une expertise technique pour alléger tout impact négatif engendré par la présence de réfugiés sur les communautés locales », a dit Carlos Zaccagnini.

On compte environ 54 000 réfugiés iraquiens enregistrés se trouvant en Iran aujourd'hui, la grande majorité d'entre eux vivant en dehors des camps, dans des zones urbaines.

Par Vivian Tan à Ahwaz, Iran