Multiplication des bidonvilles en Iraq alors que le nombre des déplacés iraquiens dépasse 4,2 millions
Multiplication des bidonvilles en Iraq alors que le nombre des déplacés iraquiens dépasse 4,2 millions

GENEVE, 5 juin (UNHCR) - La situation en Iraq continue à se dégrader ; plus de deux millions d'Iraquiens seraient déplacés à l'intérieur du pays, auxquels s'ajoutent 2,2 millions de leurs compatriotes hébergés dans les pays voisins. Les appels qui ont été lancés pour renforcer le soutien international aux gouvernements de la région n'ont guère été fructueux jusqu'à présent, et l'accès aux services sociaux reste limité pour les Iraquiens. La plus grande partie du fardeau incombe à la Jordanie et la Syrie.
A l'intérieur de l'Iraq, près de 85 pour cent des personnes déplacées se trouvent dans les régions du centre et du sud ; la majorité d'entre elles sont originaires de Bagdad et des districts environnants. Depuis février 2006, on estime que 820 000 personnes ont été déplacées, dont 15 000 Palestiniens qui n'ont nulle part où aller.
« Les gouvernorats individuels à l'intérieur de l'Iraq ne peuvent plus faire face aux besoins des déplacés internes. Au moins 10 des 18 gouvernorats ont fermé leurs frontières, ou limitent l'accès aux nouveaux arrivants », a indiqué Jennifer Pagonis, la porte-parole de l'UNHCR, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue mardi à Genève.
« L'UNHCR reçoit des informations préoccupantes selon lesquelles les autorités régionales refuseraient d'enregistrer les nouveaux arrivants, dont des femmes seules, et interdiraient l'accès aux services publics. Nombre de déplacés ont été expulsés de bâtiments publics », a-t-elle ajouté.
Combinée au manque général de ressources, cette situation a pour conséquence l'augmentation du nombre de bidonvilles. Selon la Mission d'Assistance des Nations Unies en Iraq et le Programme alimentaire mondial, au moins 47 pour cent des déplacés internes ne peuvent pas bénéficier des distributions de nourriture organisées via les canaux officiels.
Le nombre d'Iraquiens fuyant vers les pays voisins demeure élevé. Selon des statistiques gouvernementales, quelque 1,4 million d'Iraquiens sont déplacés actuellement en Syrie, plus de 750 000 en Jordanie, 80 000 en Egypte et quelque 200 000 dans la région du Golfe. A elle seule, la Syrie reçoit chaque mois au moins 30 000 Iraquiens.
Selon Jennifer Pagonis, les taux de reconnaissance des demandes d'asile déposées par des Iraquiens dans divers pays, situés en dehors de la région, particulièrement en Europe, demeurent faibles. « L'UNHCR réitère ses appels pour que toutes les frontières demeurent ouvertes pour ceux qui ont besoin de protection », a-t-elle ajouté.
L'UNHCR étend rapidement ses opérations et sa présence dans la région, mais l'ampleur de la crise est considérable, a indiqué Jennifer Pagonis. « Nous avons maintenant plus de 300 employés qui travaillent à plein temps sur le déplacement iraquien. Ils sont basés en Syrie, en Jordanie, au Liban, en Turquie, à Genève et en Iraq même. »
« Depuis le début de l'année, nos bureaux dans les pays environnants ont enregistré plus de 130 000 réfugiés iraquiens. A la fin du mois de mai, l'UNHCR avait interviewé quelque 7 000 personnes parmi les Iraquiens les plus vulnérables et a envoyé leurs dossiers aux pays de réinstallation potentielle pour qu'ils procèdent à une évaluation approfondie et qu'ils agissent en conséquence », a ajouté Jennifer Pagonis.
Elle a expliqué que l'UNHCR avait prié instamment ces pays de prendre des décisions rapides et de faciliter le départ de ceux qui en ont le plus besoin. La réinstallation demeure cependant une option envisageable seulement pour quelques-uns des Iraquiens les plus vulnérables. L'objectif de l'UNHCR est de soumettre jusqu'à 20 000 cas de réinstallation aux gouvernements cette année.
Des analyses statistiques détaillées montrent qu'en Syrie seulement, environ 47 000 des 88 447 réfugiés enregistrés depuis le début de cette année, ont besoin d'une assistance spécifique. Sur ces 47 000 personnes, un quart environ a besoin d'assistance juridique ou de protection, notamment de nombreuses victimes de tortures.
Près de 19 pour cent des réfugiés ont de sérieux problèmes médicaux. L'UNHCR a ouvert deux centres d'information communautaires à Damas et en ouvrira bientôt deux autres. Une aide alimentaire et médicale y est fournie aux plus vulnérables. L'agence travaille également avec un nombre de plus en plus important de partenaires locaux et internationaux qui l'aident en matière de santé, d'éducation, de conseil et de formation professionnelle.
Deux employés internationaux de l'UNHCR travaillent à Erbil et un autre devrait rejoindre Bagdad lorsque la situation sécuritaire le permettra. Ce personnel international renforce l'effectif d'une vingtaine d'employés locaux de l'UNHCR, qui travaillent dans sept régions en Iraq. L'objectif est de fournir une assistance et un hébergement de base à quelque 300 000 personnes déracinées à l'intérieur de l'Iraq d'ici la fin de l'année.
Cependant, cela couvrira seulement une partie des besoins globaux. Les centres d'assistance juridique de l'UNHCR dans les 18 gouvernorats ont fourni des conseils à plus de 10 700 déplacés iraquiens. D'ici la fin 2007, l'UNHCR a également prévu de fournir une assistance médicale, de la nourriture et une aide individuelle à plus de 50 000 des Iraquiens les plus vulnérables dans les pays voisins.