Selon le HCR, une crise humanitaire imminente se profile en Grèce
Selon le HCR, une crise humanitaire imminente se profile en Grèce
GENÈVE, 1er mars (HCR) - L'Europe est confrontée à une crise humanitaire imminente, en grande partie de son propre fait, alors qu'une population accrue est désormais bloquée en Grèce déjà à rude épreuve, a averti aujourd'hui le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
« Les gouvernements ne collaborent pas pour mettre en oeuvre des accords pourtant déjà conclus dans un certain nombre de domaines. En effet, pays après pays, de nouvelles restrictions aux frontières sont imposées et des pratiques incohérentes causent des souffrances inutiles ainsi que le risque d'être en désaccord avec l'UE et de ne pas respecter les normes du droit international », a indiqué le porte-parole du HCR Adrian Edwards lors d'un point de presse à Genève.
Adrian Edwards a ajouté que la nuit dernière (lundi), le nombre des réfugiés et des migrants en Grèce et ayant besoin d'un hébergement s'élève désormais à 24 000. Environ 8500 d'entre eux se trouvent à Idomeni, près de la frontière avec l'ex-République yougoslave de Macédoine.
« Au moins 1500 personnes ont passé la nuit précédente en plein air. Les conditions de surpeuplement conduisent à des pénuries de nourriture, d'abris, d'eau et au débordement des systèmes d'assainissement. Les tensions augmentent, ce qui alimente la violence et fait le jeu des passeurs », a souligné Adrian Edwards.
Les autorités grecques ont répondu avec la mise en place par l'armée de deux camps près d'Idomeni qui ont une capacité initiale d'accueil de 12 500 personnes. Un troisième site est déjà en construction non loin. Le HCR apporte un appui aux autorités grecques dans cet effort.
« Nous avons fourni des entrepôts mobiles, des tentes et des unités de logements pour les réfugiés, des articles de secours de première nécessité. Nous avons également déployé du personnel supplémentaire et des spécialistes, y compris dans la protection et certains domaines techniques », a-t-il ajouté.
Au total, le nombre d'arrivées par la Méditerranée a ralenti durant l'hiver, mais demeurent toutefois élevées. Selon les statistiques communiquées ce matin, quelque 131 724 personnes ont effectué le voyage en janvier et février (dont 122 637 arrivées en Grèce). Ce chiffre se rapproche du total des arrivées observées au premier semestre 2015 (147 209). Depuis début 2016, 410 personnes ont déjà perdu la vie.
Vincent Cochetel, Coordonnateur régional du HCR pour la réponse à la crise des réfugiés en Europe, a appelé l'Europe à mettre en oeuvre les accords de partage de la charge conclus en 2015, en répétant qu'il n'y a « pas de plan B ».
« La Grèce a besoin d'une soupape de sécurité... Il est temps que l'Europe se réveille, soit en organisant une relocalisation massive depuis la Grèce ou alors ce que nous avons vu l'année dernière se répétera avec encore davantage de chaos et de confusion », a-t-il déclaré lors du point de presse en réponse à des questions au sujet de la situation actuelle sur le terrain.
Il a ajouté qu'environ 55 pour cent des réfugiés en provenance de la Syrie arrivant actuellement en Grèce étaient des femmes et des enfants et que beaucoup étaient originaires du nord du pays où des combats ont eu lieu récemment.
Le HCR a réitéré sa position globale selon laquelle la résolution de la situation des réfugiés et des migrants en Europe ainsi que la prévention d'une nouvelle crise en Grèce nécessitent des actions claires.
En Grèce, il faut agir rapidement pour mieux planifier l'aide d'urgence, en augmentant la capacité d'hébergement et d'autres types d'assistance.
« Les autorités agissent aujourd'hui pour éviter que les conditions ne se détériorent encore davantage à travers toute la Grèce. Toutefois des ressources supplémentaires et une meilleure coordination sont essentielles pour éviter d'autres souffrances et un plus grand chaos », a souligné Adrian Edwards.
Le HCR continue de fournir un appui dans l'opération de réponse à la crise et a établi des bureaux de terrain dans huit endroits et déployé du personnel supplémentaire, y compris des équipes d'urgence mobiles qui se déplacent rapidement partout où la situation l'exige.
Cependant, du fait des restrictions accrues aux frontières dans les Balkans, le HCR dit craindre que la situation pourrait dégénérer en une crise humanitaire similaire à celle sur les îles grecques, l'automne dernier.
Le HCR exhorte les autorités grecques - avec le soutien du Bureau européen d'appui en matière d'asile et les États membres de l'UE - à renforcer sa capacité pour enregistrer et examiner les demandes déposées par les demandeurs d'asile dans le cadre de la procédure nationale d'asile, ainsi que via le système européen de relocalisation.
« La Grèce ne peut gérer cette situation seule. Il est donc indispensable que les efforts de réinstallation que l'Europe a acceptés en 2015 soient prioritaires et mis en oeuvre. Malgré les engagements pour la relocalisation de 66 400 réfugiés depuis la Grèce, les Etats n'ont jusqu'ici promis que 1539 places, et seulement 325 relocalisations ont réellement eu lieu », a indiqué Adrian Edwards.
Le renforcement des voies légales d'admission des réfugiés depuis les pays voisins de la Syrie aidera également à gérer cette situation. Davantage de places de réinstallation et d'admission à titre humanitaire, le regroupement familial, le parrainage privé, des visas pour étudiants ou travailleurs réfugiés à titre humanitaire pourront réduire le recours aux passeurs, les voyages vers d'autres pays en Europe et les traversées périlleuses en bateau. Des vies humaines seront également sauvées. Le HCR organisera une importante conférence à ce sujet à Genève le 30 mars prochain et espère des offres concrètes à cet égard.