Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Un convoi transfère plus de 220 réfugiés tchadiens depuis la zone frontalière à l'ouest du Darfour vers un camp géré par le HCR

Articles et reportages

Un convoi transfère plus de 220 réfugiés tchadiens depuis la zone frontalière à l'ouest du Darfour vers un camp géré par le HCR

Quelque 550 réfugiés tchadiens ont demandé à être transférés depuis les régions frontalières de l'ouest du Darfour au Soudan, pour des raisons de sécurité. Un premier groupe de plus de 220 d'entre eux est arrivé ce week-end au camp d'Um Shalaya.
19 mars 2007 Egalement disponible ici :
A la frontière entre le Tchad et le Soudan, des réfugiés tchadiens chargent leurs bagages dans un camion faisant partie du convoi qui va les emmener au camp de réfugiés d'Um Shalaya à l'ouest du Darfour.

UM SHALAYA, Soudan, 19 mars (UNHCR) - Quelque 550 réfugiés tchadiens ont demandé à être transférés depuis les régions frontalières de l'ouest du Darfour au Soudan, pour des raisons de sécurité. Un premier groupe de plus de 220 d'entre eux est arrivé ce week-end au camp d'Um Shalaya.

Un convoi de 14 camions, organisé par l'Organisation internationale pour les migrations et transportant 221 réfugiés et plusieurs ânes, a quitté le village d'Arara à la frontière entre le Tchad et le Soudan, samedi. Il est arrivé le lendemain dans le camp de réfugiés d'Um Shalaya géré par l'UNHCR, situé à environ 75 kilomètres à l'intérieur du Darfour.

Des employés de Save the Children Etats-Unis et de Médecins Sans Frontières Suisse ont assuré une assistance médicale, alors que la police soudanaise et les troupes de l'Union Africaine basées au Darfour ont escorté le convoi.

Les réfugiés tchadiens dans le camp ont accueilli chaleureusement les nouveaux arrivants qui ont reçu des outils pour construire des abris ainsi que du matériel non alimentaire, notamment des bâches en plastique, des nattes de couchage, des couvertures, des sets d'ustensiles de cuisine, des jerricans, du savon et d'autres articles.

Sur environ 20 000 réfugiés tchadiens présents à l'ouest du Darfour, quelque 16 000 d'entre eux ont choisi à ce jour de rester près de la frontière pour avoir accès à leurs champs plus facilement et rentrer rapidement si les menaces pesant sur la sécurité disparaissent.

Mais la situation sécuritaire à la frontière s'est détériorée ces derniers mois et quelque 550 réfugiés tchadiens, y compris les nouveaux arrivants d'Um Shalaya, ont demandé il y a environ un mois à être transférés vers des lieux plus sûrs dans la région de l'ouest du Darfour. Le prochain convoi devrait quitter Arara vendredi.

Quelques-uns des Tchadiens déjà hébergés à Um Shalaya ont indiqué qu'ils avaient eu des difficultés à se faire à la vie dans le camp. « Dans notre village, la plupart d'entre nous vivent dans des maisons en briques. Traditionnellement, les femmes et les hommes vivent dans des pièces séparées. Maintenant nous vivons tous ensemble dans des huttes faites d'herbes, et nous dormons à même le sol », a expliqué Abdullah. « Ce n'est pas facile, spécialement pour les enfants », a-t-il ajouté.

Hadida, qui est arrivée à Um Shalaya l'année dernière, a expliqué à l'UNHCR ce qu'elle avait vécu, tout en tissant de larges couvercles ronds en herbes sèches colorées qui seront utilisés pour protéger la nourriture, à l'extérieur de l'abri qu'elle partage avec son mari et ses trois jeunes enfants. « Dans notre village, les rebelles ont fait plusieurs incursions. Ils sont venus, ont pris notre bétail puis sont revenus pour prendre notre nourriture. Après nous avoir volé tous nos biens, ils sont rentrés dans les maisons », a-t-elle expliqué en gardant un visage de marbre. « Finalement ils ont attaqué notre village et ils ont brûlé nos huttes. »

Hadida, proche de la trentaine, a révélé que de nombreuses femmes réfugiées voulaient apprendre à lire et à écrire. « Mais nous n'avons pas le temps », a-t-elle expliqué, ajoutant : « Nombre d'entre nous ont trouvé du travail dans les champs de tabac situés près du camp et ensuite nous devons aller chercher du bois de chauffage, cuisiner et nous occuper de nos familles. »

L'UNHCR essaye de créer des opportunités pour les femmes d'Um Shalaya. Avec son partenaire d'exécution Concern, l'agence pour les réfugiés a établi un centre pour les femmes qui offre des formations et des conseils.

Ce centre très apprécié a aussi pour objectif de sensibiliser sur des questions comme les soins de santé, l'hygiène et l'émancipation des femmes. Les femmes d'Um Shalaya espèrent que des classes d'alphabétisation et d'autres formations seront bientôt ouvertes. Parallèlement, les hommes veulent aussi leur propre centre.

Avec les nouvelles arrivées depuis la frontière tchadienne attendues ces prochaines semaines, le camp de réfugiés d'Um Shalaya va probablement s'agrandir. En prévision, l'UNHCR a foré de nouveaux puits dans le camp et a commencé à construire une école dans le village voisin qui accueillera aussi bien les réfugiés que la communauté hôte.

Malgré les difficultés, Hadida reste optimiste pour l'avenir. « J'ai accouché de mon bébé il y a deux mois dans cette hutte. Je n'aurais jamais pensé que l'un de mes enfants naisse dans un camp de réfugiés », a-t-elle affirmé. « Mais j'espère pour mon petit garçon qu'un jour nous pourrons rentrer chez nous et qu'il pourra grandir dans la paix. »

Depuis que le conflit du Darfour a dépassé la frontière vers le sud-est du Tchad fin 2005, environ 120 000 Tchadiens sont déplacés internes et 20 000 autres ont trouvé refuge au Soudan. L'UNHCR assiste les réfugiés tchadiens à Um Shalaya et dans le camp de Mujkar, de plus petite capacité, à l'ouest du Darfour. L'agence contrôle et assure la protection des réfugiés tchadiens le long de la frontière.

Le conflit, qui a débuté dans la région du Darfour en février 2003, a causé quelque 200 000 morts ; au moins deux millions de personnes sont déplacées internes. Par ailleurs, 230 000 réfugiés soudanais sont hébergés dans 12 camps gérés par l'UNHCR à l'est du Tchad.

Par Annette Rehrl à Um Shalaya, Soudan