Une enquête révèle un état de malnutrition extrême au Tchad
Une enquête révèle un état de malnutrition extrême au Tchad
GENEVE, 16 juillet 2004 (UNHCR) - Les premiers résultats de l'enquête, coordonnée par l'UNHCR, sur l'état nutritionnel des réfugiés soudanais soulignent le besoin d'une intervention d'urgence pour lutter contre des taux élevés de malnutrition observés chez les réfugiés soudanais dans le Nord-Est du Tchad, particulièrement chez les enfants en dessous de 5 ans.
Des pluies torrentielles, des tempêtes de sable et des vents très forts aggravent la situation des réfugiés soudanais au Tchad et perturbent les opérations de secours. De fortes pluies dans le Nord-Est du Tchad ont emporté les abris de fortune des réfugiés dans les wadis en crue et l'UNHCR les transfère vers des emplacements plus sûrs dans un nouveau camp.
Mercredi, les premières fortes pluies qui ont commencé à tomber près de la ville-frontière de Bahaï, où quelque 15 000 réfugiés soudanais campent le long des wadis, ont grossi les lits des rivières et obligé les réfugiés à quitter leurs campements. Beaucoup ont dû traverser au milieu des eaux pour trouver des emplacements plus secs, transportant sur leur tête leurs quelque biens personnels. L'UNHCR a relocalisé ces familles dont les abris ont été emportés par les eaux dans le nouveau camp d'Oure Cassoni, qui a ouvert lundi dernier.
Une tempête de sable s'est également abattue sur Bahaï mercredi dernier, ralentissant provisoirement les convois vers le camp de réfugiés à cause d'une visibilité extrêmement réduite.
De forts vents ont soufflé sur Oure Cassoni emportant 65 tentes qui ont été immédiatement redressées par l'International Rescue Committee qui gère ce camp. Les pluies ont continué jeudi dans la partie Nord de la zone-frontière et l'UNHCR est engagé dans une course contre la montre pour transférer les réfugiés de Bahaï vers le nouveau camp au rythme de deux convois chaque jour d'environ 1 000 personnes. 3 353 réfugiés ont d'ores et déjà été déplacés vers le camp d'Oure Cassoni.
Les pluies sont encore plus fortes qu'il y a un mois dans la partie Sud de la zone-frontière et ces dernières semaines, elles ont coupé les routes et ralenti considérablement les opérations de secours dans la partie centrale de la zone autour d'Adré et Abéché.
A ce jour, plus de 127 000 réfugiés ont été déplacés de la zone-frontière vers les neuf camps de l'UNHCR dans l'Est du Tchad, alors qu'environ 7 000 ont rejoint le site d'Am Nabak par leurs propres moyens. Sur place, ils ont reçu toute l'assistance nécessaire. Des actions doivent être menées d'urgence pour combattre la malnutrition qui touche les réfugiés dans le Nord-Est du Tchad.
Pendant ce temps, les premiers résultats de l'enquête, coordonnée par l'UNHCR, sur l'état nutritionnel des réfugiés soudanais soulignent le besoin d'une intervention d'urgence pour lutter contre des taux élevés de malnutrition observés chez les réfugiés soudanais dans le Nord-Est du Tchad, particulièrement chez les enfants en dessous de 5 ans.
L'enquête a eu lieu dans trois des huit camps de réfugiés dans le Nord-Est du Tchad (le 9ème camp n'était pas encore ouvert), ainsi que dans la région de Bahaï sur la frontière entre le Tchad et le Soudan, là où les réfugiés n'ont pas encore été déplacés. Les camps sélectionnés étaient ceux dont on pensait qu'ils avaient les plus sérieux problèmes de malnutrition. Les villageois tchadiens dans cette zone ont aussi été inclus dans cette enquête.
L'enquête a démontré que l'on atteignait des niveaux de malnutrition significatifs d'une grave crise, avec 36 à 39 % des enfants réfugiés âgés de moins de 5 ans malnutris. De hauts niveaux de malnutrition ont également été relevés (35 %) dans la population tchadienne locale.
L'enquête a également mise en évidence un très bas niveau de vaccinations contre la rougeole chez les réfugiés dans la zone-frontière et de nombreux cas de diarrhée.
L'équipe qui a réalisé cette enquête a conclu que sans une intervention immédiate pour lutter contre ces problèmes, la combinaison de ces différents facteurs pourrait conduire à un nombre élevé de maladies et de décès.
Depuis la mi-juin, lorsque l'enquête a eu lieu, des progrès ont eu lieu sur différents fronts pour améliorer la situation.
L'approvisionnement en eau dans les camps a été amélioré et tous les camps ont aujourd'hui des systèmes d'approvisionnement en eau potable.
Le nouveau camp a été ouvert cette semaine pour les réfugiés toujours le long de la frontière à Bahaï et plus de 3 000 d'entre eux ont été relocalisés et abrités au cours des quatre premiers jours.
Une campagne de vaccination contre la rougeole est actuellement en train de se terminer à Bahaï et près de Cariari.
Mais encore plus d'actions d'urgence sont nécessaires. L'UNHCR déploie actuellement un nutritionniste et un coordinateur-santé supplémentaires et cherche de nouveaux partenaires non gouvernementaux pour travailler dans les domaines de la santé et de la nutrition.
L'UNHCR va travailler très étroitement avec le Programme Alimentaire Mondial pour demander l'amélioration des rations alimentaires et des aliments de complément pour les programmes d'alimentation des réfugiés les plus vulnérables. Il est également prévu d'acheter très rapidement les produits alimentaires nécessaires afin de combler les manques nutritionnels des réfugiés.
Le rapport final de cette enquête est en cours de rédaction, mais les premières recommandations appellent à la mise en oeuvre immédiate d'un programme nutritionnel à destination des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes et de celles qui allaitent leurs bébés et de prévoir d'autres programmes nutritionnels pour les enfants mal nourris.
Des améliorations sont aussi nécessaires dans les rations alimentaires distribuées à tous les réfugiés par le Programme Alimentaire Mondial. L'enquête a également recommandé d'améliorer la quantité et la qualité de l'eau fournie aux réfugiés, un défi de longue haleine dans le désert aride qu'est l'Est du Tchad.
L'enquête n'avait pas pour mission de déterminer les causes de la malnutrition, mais les experts ont expliqué que plusieurs facteurs avaient contribué à cet état, s'ajoutant à des rations alimentaires inadéquates.
De nombreux cas de diarrhée, l'insuffisance de l'accès à l'eau et l'absence de structures d'hygiène publique dans cette région isolée et désolée peuvent contribuer à augmenter les degrés de malnutrition.
A la lumière de ces constatations, les rédacteurs de l'enquête recommandent que la réponse à cette crise intègre tous les secteurs de santé publique et de nutrition, mais également les besoins alimentaires, l'eau, l'assistance médicale et les abris simultanément.