Une nouvelle campagne d'information souligne les difficultés des demandeurs d'asile en Grèce
Une nouvelle campagne d'information souligne les difficultés des demandeurs d'asile en Grèce
ATHENES,16 mars (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés lance une campagne d'information en Grèce. Son objectif est de mettre en avant les multiples problèmes auxquels les réfugiés et les demandeurs d'asile font face dans ce pays qui détient, au sein de l'Union européenne, l'un des taux les plus bas pour l'obtention du statut de réfugié.
Cette campagne évoque nombre de questions, et notamment les difficultés auxquelles les réfugiés sont confrontés lorsqu'ils essayent d'entrer en Grèce et de demander l'asile ; le faible nombre de personnes ayant été reconnues comme réfugiés ; les conditions de détention ; et les mesures prises pour la protection de groupes spécifiques vulnérables demandant l'asile, comme les femmes, les enfants, les victimes de torture et de mines.
Ces dernières années, peu de personnes ont obtenu l'asile en Grèce en comparaison avec ses voisins européens. En 2004, pour exemple, la Grèce n'a accordé l'asile qu'à 0,9 pour cent des demandeurs, y compris l'octroi pour raisons humanitaires. Les chiffres équivalents dans les autres pays membres de l'Union européenne s'élèvent cette année-là à 26,4 pour cent.
Même si ces chiffres ont augmenté faiblement en 2005, l'UNHCR reste préoccupé par le fait que les autorités grecques rejettent environ 98 pour cent des dossiers de demandes d'asile. A l'exception de deux cas en 2005, pratiquement tous les demandeurs d'asile ont été rejetés en première instance, y compris les victimes de torture disposant d'un certificat médical.
En réponse aux déclarations du gouvernement selon lesquelles la grande majorité de ces dossiers n'est pas valide, Karen Farkas, déléguée de l'UNHCR en Grèce, a expliqué : « L'UNHCR accepte que certaines demandes d'asile soient infondées mais à ce niveau de refus, nombre de véritables réfugiés restent sans statut et se trouvent dans une situation de grande vulnérabilité en Grèce. »
A cause de la situation géographique de la Grèce, aux frontières de l'Union européenne et à la croisée des chemins entre l'Asie, l'Afrique et l'Europe, un nombre considérable d'étrangers, des migrants pour la plupart, arrivent en Grèce chaque année. La plupart d'entre eux sont arrêtés dès qu'ils rentrent illégalement dans le pays, ils sont alors placés en détention administrative, généralement pour une durée légale de trois mois maximum. L'UNHCR est préoccupé par le fait que ces personnes puissent être des demandeurs d'asile, et parmi eux des personnes âgées, des familles, des femmes et aussi des enfants qui ont été séparés de leurs proches.
« Les Etats ont le droit légitime de surveiller leurs frontières, étant donné l'augmentation de la migration clandestine et des problèmes de sécurité », a ajouté Karen Farkas. « Cependant, parmi les nombreuses personnes qui arrivent en Grèce se trouvent des hommes, des femmes et des enfants qui recherchent la sécurité, et quelques-uns ont des besoins très spécifiques. »
Elle a aussi affirmé que l'UNHCR souhaiterait que soient mis en place des mécanismes de contrôle aux frontières pour aider à identifier les personnes demandant l'asile dès leur arrivée : « Si ces personnes ne sont pas identifiées rapidement, elles peuvent alors être renvoyées contre leur gré et risquer la persécution ou la mort »
L'UNHCR travaille avec les autorités grecques pour les aider à respecter leurs obligations internationales envers les réfugiés. « Quelques étapes ont été franchies avec le gouvernement précédent. Nous espérons poursuivre dans cette direction et améliorer encore la situation en Grèce, en permettant aux réfugiés de vivre dans la dignité et dans la sécurité. »
La campagne d'information de l'UNHCR utilise une image de balançoire à bascule pour illustrer l'incertitude qui pèse sur ces demandeurs d'asile, dont le sort dépend des autorités et peut basculer vers le rejet ou la chance d'une nouvelle vie.
Par Ketty Kehayioylou, UNHCR Grèce