Une petite ville somalienne lutte pour répondre à l'afflux de dizaines de milliers de personnes déplacées par les combats à Mogadiscio
Une petite ville somalienne lutte pour répondre à l'afflux de dizaines de milliers de personnes déplacées par les combats à Mogadiscio

AFGOOYE, Somalie, 25 avril 2007 (UNHCR) - L'UNHCR et ses partenaires locaux ont distribué dans la ville d'Afgooye de l'aide d'urgence à plus de 35 000 civils somaliens ayant fui les combats dans Mogadiscio, et davantage d'aide est en cours d'acheminement. Mais la ville, située à 30 kilomètres à l'ouest de la capitale ravagée par la violence, est sur le point d'être submergée par le flux continu de personnes qui recherchent désespérément aide et sécurité.
L'UNHCR, sur la base d'informations fournies par un réseau d'agences humanitaires, estime désormais qu'au total près de 340 000 personnes ont fui Mogadiscio depuis février. Plus de 41 000 d'entre elles ont rejoint Afgooye.
« De nombreux civils continuent à fuir Mogadiscio », rapporte un employé de l'UNHCR depuis Afgooye. « Au moins la moitié de la capitale est désertée, et elle se transforme peu à peu en ville fantôme. J'ai marché dans certains quartiers sans rencontrer âme qui vive, à l'exception de quelques individus que leurs familles ont laissés sur place pour surveiller les maisons. »
Pendant ce temps, la situation à Afgooye devient de plus en plus chaotique, explique-t-il.
« Les personnes qui vivent à Afgooye ont peur que les combats ne se propagent le long de la route depuis Mogadiscio », explique-t-il. « Elles ont aussi peur en raison des vols et des cambriolages de plus en plus nombreux et des bandes armées qui se promènent dans la ville, qui était autrefois sûre. Désormais, votre téléphone portable peut être volé, arme au poing, parfois même en plein jour, et des maisons sont cambriolées la nuit ».
De nombreux résidents d'Afgooye accueillent déjà des amis et des parents ayant fui la capitale, et il n'y a plus d'espace dans la ville pour héberger de nouveaux arrivants. Nombre de familles vivent sous des bâches en plastique fournies par l'UNHCR, ce qui les protège des intempéries. Les prix ont brutalement augmenté dans les boutiques en raison de la forte demande. Certains propriétaires exigent même des personnes qui cherchent à s'abriter sous les arbres qu'elles leur versent un loyer.
« Les résidents d'Afgooye sont très pauvres ; la plupart vivent avec moins d'un dollar par jour et ils ne peuvent plus faire face aux prix qui augmentent jour après jour », explique l'employé de l'UNHCR. « Certains propriétaires de boutiques ou de maisons gagnent beaucoup d'argent en réclamant des prix inouïs. Le long de la route qui relie Mogadiscio à Afgooye, ceux qui possèdent des terrains exigent des personnes déplacées qu'elles payent un loyer pour pouvoir s'asseoir sous les arbres. »
Alors que tant de personnes fuient vers Afgooye, les tensions vont croissantes le long de la route qui relie la petite ville à Mogadiscio. Cette route a été fermée plusieurs fois au cours de la semaine passée en raison d'explosions et d'activités militaires. Le pont qui est à la sortie de la ville sur la route de Baidoa, ville située à 200 kilomètres, est fermé depuis mardi, et certains des camions acheminant de l'aide de l'UNHCR sont restés bloqués.
L'agence pour les réfugiés de l'ONU et ses partenaires ont cependant achevé une première série de distributions d'aide qui a bénéficié à 35 000 personnes à Afgooye. L'UNHCR prévoit de procéder à une deuxième série de distributions cette semaine, afin de venir en aide à 13 500 autres. Des tonnes de bâches en plastique, matelas, jerrycans, ustensiles de cuisine et autres articles de secours ont été transportées par avion depuis les stocks d'urgence de l'UNHCR à Dubaï vers Baidoa, puis acheminés par camion vers Afgooye. Mais l'acheminement de l'aide reste précaire, en raison de routes fréquemment coupées et de l'activité militaire.
Avant que les derniers combats ne commencent, Mogadiscio hébergeait 250 000 personnes qui s'y étaient réfugiées pour fuir les précédents conflits. Nombre d'entre elles ont été obligées de prendre une nouvelle fois la fuite. Complètement démunies, elles sont parmi les personnes les plus vulnérables réfugiées à Afgooye. Beaucoup vivent dans la misère.
Environ 2 400 membres du clan minoritaire eyle, un groupe d'anciens chasseurs et de ramasseurs de noix qui sont marginalisés et souvent victimes de discrimination, sont bloqués à la périphérie de Mogadiscio et se trouvent dans une situation désespérée, prévient l'employé de l'UNHCR.
« Ils vivaient près du stade, un quartier qui a été complètement détruit lors des combats », explique-t-il. « Maintenant, ils souhaitent rentrer dans leur région natale près de Baidoa, mais ils ne peuvent ni payer les prix toujours plus élevés exigés pour le transport, ni parcourir à pied une telle distance. »
Parmi les 340 000 personnes qui ont fui Mogadiscio, 128 000 se sont rendues dans les provinces voisines des Shabelle (68 000 au Bas Shabelle/Shabelle Hosse et 60 000 au Moyen Shabelle/Shabelle Dhexe). Près de 109 000 sont allées dans la région de Galgaduud, 38 000 à Mudug, 26 000 à Bay et 24 000 à Hiran.