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Des milliers de personnes âgées dans l'est de l'Ukraine perdent leurs retraites

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Des milliers de personnes âgées dans l'est de l'Ukraine perdent leurs retraites

Des milliers de retraités de la région du Donbass, qui n'est pas sous le contrôle du gouvernement, ont perdu leurs allocations de retraite après des modifications pour l'enregistrement.
14 Juin 2017 Egalement disponible ici :
Viktor rend visite à sa voisine Galina, 93 ans, à Avdiivka, Ukraine.

Tous les deux mois, Mykola Ivanovych, un retraité en fauteuil roulant, a besoin d'aide pour traverser le pont endommagé qui enjambe la rivière Seversky Donets et se rendre dans le territoire sous contrôle ukrainien pour toucher sa pension d'état. La ligne de front est située entre son domicile dans la zone de Luhansk, qui n’est pas sous contrôle du gouvernement, et celle de Stanytsia Luhanska, sous contrôle gouvernemental.


Mykola Ivanovych, qui a été chauffeur d'autobus pendant 54 ans, doit se présenter en personne à la banque étatique de Stanytsia Luhanska, où on vérifie son  identité, pour qu’il puisse  toucher sa pension mensuelle de 53 dollars.

Dans la banque, il attend patiemment pendant que son épouse fait la queue pour la procédure de vérification.

Mykola Ivanovych* a plus de 70 ans et il a souffert de deux attaques cérébrales après que son fils ait été tué par un tir d'artillerie en 2014, durant la première année du conflit en Ukraine qui a fait près de 10 000 morts.

Pour des centaines de milliers de personnes âgées ou handicapées vivant dans la région du Donbass déchirée par la guerre, à l'est de l'Ukraine, cette pension d'état est leur seul moyen de subsistance. Quelque 160 000 retraités ont cependant perdu leur source de revenus quand le gouvernement a cessé les paiements aux résidents du territoire en décembre 2014.

Suite à cette décision, 400 000 personnes supplémentaires ont perdu le droit de percevoir leurs pensions.

Actuellement les personnes vivant dans les zones non contrôlées par le gouvernement doivent s’enregistrer en tant que déplacés internes auprès des autorités ukrainiennes afin de pouvoir continuer à recevoir leur retraite.

 “Les pensions sont un droit acquis pour tous les citoyens et elles ne devraient pas être liées à l'enregistrement en tant que déplacé interne.”

« Le paiement des pensions devrait reprendre au bénéfice de tous les retraités, quel que soit leur lieu de résidence, qu’ils soient enregistrés en tant que personnes déplacées internes ou qu’ils vivent chez eux », a déclaré Pablo Mateu, le représentant du HCR en Ukraine. « Les pensions sont un droit acquis pour tous les citoyens et elles ne devraient pas être liées à l’enregistrement en tant que déplacé interne ni au fait d'être déplacé »

Des personnes qui vivent de la région du Donbas, en proie au conflit, dans l'est de l'Ukraine, traversent un pont endommagé vers une zone contrôlée par le gouvernement pour pouvoir toucher leur allocation de retraite.

Olena Grekova, la directrice du bureau du Droit à la protection de Severodonetsk, une ONG partenaire du HCR qui aide les déplacés internes en Ukraine, explique que de nombreuses personnes grabataires n'ont plus touché de pension depuis le début du conflit, car ils n'étaient pas en mesure de se rendre dans les bureaux du gouvernement à des fins d'identification.

D'autres ne touchent plus leurs pensions suite à des erreurs. Tetiana Kovalenko, 83 ans, a dû quitter Donetsk après que sa maison ait été bombardée. Depuis 2015, elle vit dans la ville de Myrnograd, sous contrôle du gouvernement, et elle est enregistrée comme déplacée interne.

Ancienne ouvrière de la mine, elle ne touche plus sa pension mensuelle de 73 dollars US depuis le mois d'avril, depuis que le service de la sécurité sociale a décidé qu'elle vit dans un territoire qui n'est pas sous le contrôle du gouvernement.

« C'est ma pension. Je l'ai gagnée. Pourquoi dois-je me sentir comme une personne de deuxième classe ? »

Une autre femme, Olga Burkalo, 38 ans, souffre d'une forme sévère de diabète depuis qu'elle a 11 ans. Elle requiert jusqu'à 10 piqûres d'insuline par jour et elle a besoin de sa pension de 50 dollars US par mois pour payer ses médicaments.

Tetiana Kovalenko, 83 ans, a fui la ville de Donetsk après que sa maison ait été bombardée. Depuis 2015, elle vit à Myrnograd où elle est enregistrée en tant que déplacée interne. Depuis avril dernier, elle ne reçoit plus sa pension de retraite.

Des inspecteurs de la sécurité sociale lui ont rendu visite en décembre et en mars pour vérifier si elle vit bien chez elle, dans la ville de Selidove contrôlée par le gouvernement. En février, son identité a également été vérifiée dans une banque.

Et pourtant, elle ne perçoit plus sa pension depuis le mois d'avril. Elle a été soupçonnée par erreur d'avoir récemment vécu en territoire non contrôlé par le gouvernement. Elle explique que cela fait plus d'un an qu'elle n'y est plus allée.

Professeure en biologie de formation, Olga Burkalo est aujourd'hui trop faible pour travailler.

« J'ai travaillé. J'ai payé des impôts », dit-elle. « C'est ma pension. Je l'ai gagnée. Pourquoi dois-je me sentir comme une personne de deuxième classe ? »

 

*Le nom de famille n'est pas indiqué pour des raisons de sécurité