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Séparés par la violence en Ethiopie, des amis reconstruisent aujourd'hui leur vie ensemble

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Séparés par la violence en Ethiopie, des amis reconstruisent aujourd'hui leur vie ensemble

Après les affrontements dans le sud-ouest de l'Éthiopie, qui ont provoqué le déplacement de plus d'un million de personnes, beaucoup sont aujourd'hui de retour chez elles pour reprendre leur vie en paix.
7 Septembre 2018 Egalement disponible ici :
Une femme de la communauté Gedeo prépare un repas dans un site de déplacés internes en Ethiopie

Le ciel était plein d'étoiles la nuit où les assaillants sont arrivés, se souvient Mohamed.


« Il n'y avait pas un nuage. Ils n'ont pas dit un mot. Ils ont mis le feu à nos maisons, massacré nos animaux et pris tous nos biens. »

Mohamed et sa famille, de la communauté oromo, comptent parmi les nombreux victimes de la violence ethnique qui a éclaté dans le sud-ouest de l'Éthiopie début 2018. Les affrontements ont déplacé plus d'un million de personnes entre avril et août 2018.

L'ami de Mohamed, Edede, qui appartient à la communauté Gedeo, a également été victime des violences.

« Cette nuit-là, j’ai eu très peur », se souvient-il en berçant sa fille de deux ans, Bereket. « Je me disais : D'abord ils brûlent ma maison, ensuite ils tueront ma famille. »

« Cette nuit-là, j’ai eu très peur. »

Les deux familles ont été forcées de fuir leur village de Chaikata. Maintenant de retour, les deux hommes espèrent que la paix sera rétablie.

« Je suis né dans ce village », explique Mohamed. « Mon père aussi est né ici. Nous n'avons jamais eu de problèmes avec les Gedeos. »

« Nos enfants jouent et vont à l'école ensemble », ajoute Edede. « Les Oromos et les Gedeos ont toujours vécu paisiblement ensemble ici. Nous parlons les deux langues. On se marie entre les communautés. Nous n'avons jamais connu la violence. »

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, répond actuellement aux besoins urgents de près d'un million de personnes déracinées par les récentes violences dans les régions de Gedeo et de West Guji.

Le HCR continue de fournir une assistance à plus d'un million de déplacés éthiopiens.

A la demande du gouvernement éthiopien, l'agence a distribué 50 000 kits de secours d'urgence et se concentre maintenant sur le retour et la réhabilitation. Selon le gouvernement, plus de 200 000 personnes sont rentrées dans leur région d'origine. Toutefois, des efforts supplémentaires sont encore nécessaires pour rassurer ceux qui craignent que la violence et les tueries ne reprennent.

Les Oromos et les Gedeos qui se sont enfuis dans différentes parties de la région décrivent une violence extrême pendant les raids contre les villages. Beaucoup ont été témoins d'assassinats, dont certains de proches, de viols, d'abattages de bétail et d'incendies de maisons.

Lorsque la violence a démarré, Mohamed et sa famille ont traversé une rivière pour se réfugier dans la communauté oromo. Son ami Edede et sa famille ont fui la colline vers la communauté de Gedeo. « Nous ne pouvions rien emporter avec nous », explique Edede. « Nous n'avions même pas de chaussures. »

Pendant deux mois, Mohamed et sa famille ont vécu avec 13 personnes dans une petite cabane. « Nous avons dormi par terre et il n'y avait pas assez de nourriture », explique-t-il. « Nous avions toujours faim. Chaque fois qu'il y avait quelque chose à manger, on le donnait d'abord aux enfants. »

« J'ai prié tous les soirs pour que lui et sa famille soient en vie. »

« J'ai souvent pensé à mon ami », ajoute Edede Wone, qui a été hébergé dans un site collectif local. « J'ai prié tous les soirs pour que lui et sa famille soient en vie. »

Après deux mois, Mohamed a appris que ses amis de Gedeo retournaient au village. « C'est à ce moment-là que nous avons trouvé le courage d'y retourner aussi », indique-t-il. « J'ai eu la chance de retrouver mon ami et sa famille à notre retour. »

Bien qu'heureux d'être à la maison, Mohamed reste éveillé la nuit, anxieux. « Comment vais-je subvenir aux besoins de ma famille ? » demande-t-il. « Nous avons tout perdu. Nos maisons, nos animaux, notre propriété. »

Le HCR fait son possible pour fournir une assistance comprenant des bâches en plastique, des ustensiles de cuisine et des nattes de couchage à ceux qui reconstruisent leur vie dans la sécurité et la dignité.

Lors d'un récent voyage dans la région de Gedeo, Clémentine Nkweta Salami, Représentante du HCR en Ethiopie, a été témoin de l'impact du déplacement.

« Il est primordial de surveiller les conditions de retour et de lutter contre les causes profondes du déplacement pour assurer la durabilité des mouvements de retour », a-t-elle déclaré. « Il est facile de perdre espoir face à la souffrance humaine, mais le HCR travaille aux côtés du gouvernement éthiopien depuis des années. Notre personnel est extrêmement dévoué et nous restons déterminés à trouver des solutions à long terme pour ces familles déplacées. »

Les bâches en plastique que le HCR a données à Edede et à Mohamed aideront leurs familles à se protéger des fortes pluies saisonnières.

Par conséquent, Edede a de l'espoir pour l'avenir. « Nous nous sentons en sécurité ici », explique-t-il. « Nos enfants retourneront à l'école. Nous espérons ne plus jamais avoir à fuir.

« Nous reconstruirons nos vies et nos maisons ensemble. Nous ne pourrions jamais le faire seuls. »