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La sécheresse s'aggrave et pousse des Somaliens à abandonner leur foyer en quête de nourriture, d'eau et d'aide humanitaire

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La sécheresse s'aggrave et pousse des Somaliens à abandonner leur foyer en quête de nourriture, d'eau et d'aide humanitaire

Une sécheresse terrible a provoqué le déplacement d'un million de Somaliens depuis janvier 2021, et beaucoup d'autres pourraient également être contraints de fuir, confrontés à la menace de la famine.
29 Septembre 2022 Egalement disponible ici :

D'abord, la pluie a fait défaut, puis Al-Shabab, un groupe armé qui contrôle de vastes étendues du centre-sud de la Somalie, a commencé à imposer de lourds impôts aux agriculteurs locaux comme Fathi Mohamed Ali.


Avec la rivière asséchée, sans nourriture pour ses enfants et sans argent pour payer cette taxe, cette mère de sept enfants, âgée de 35 ans, a fui son logement de Basse-Shabelle où elle et son mari cultivaient autrefois des fruits et des légumes.

« Certaines personnes ont été tuées [par Al-Shabab] et d'autres ont été arrêtées, y compris ma propre mère », raconte-t-elle. « Nous avons dû fuir pour sauver nos vies, je n'ai même pas pu emmener tous mes enfants. J'ai laissé quatre d'entre eux chez leur grand-mère. J'ai juste pris les trois plus jeunes enfants avec moi. »

Assise sur un jerrican vide devant son abri de fortune, bricolé à partir de branches d'arbres et de morceaux de vieux vêtements, elle décrit le périlleux voyage de 15 jours qu'elle a effectué pour rejoindre un camp pour personnes déplacées à Dolow, dans le sud de la Somalie.

« C'était extrêmement difficile », dit-elle. « Nous avons mis les enfants sur des ânes et les adultes ont marché pendant des kilomètres. Certaines des personnes avec lesquelles nous sommes venus ont perdu leurs enfants en cours de route. »

« La nourriture est notre priorité. Nous pourrons penser à l'éducation et à d'autres choses quand nous aurons de quoi manger. »

Fathi, son mari et ses enfants ont survécu à cette épreuve et ont rejoint des milliers d'autres familles déplacées vivant dans des campements surpeuplés mis en place par les autorités locales à la périphérie de Dolow. Le site dans lequel elle s'est installée n'a pas de toilettes, et un seul robinet.

« Nous sommes arrivés dans un endroit désert, sans abri, et nous n'avions rien en notre possession car nous avons dû tout abandonner », dit-elle. « La nourriture est notre priorité. Nous pourrons penser à l'éducation et à d'autres choses lorsque nous aurons de quoi manger, et un toit au-dessus de nos têtes. »

La Somalie, comme une grande partie de la Corne de l'Afrique, est confrontée à la pire sécheresse depuis 40 ans. Suite à quatre saisons des pluies insuffisantes, plus de 7 millions de personnes sur les 15 millions que compte le pays souffrent de la faim. Les experts prévoient que la prochaine saison des pluies, qui devrait s'étaler d'octobre à décembre, pourrait également être mauvaise, plongeant ainsi plusieurs régions du pays dans la famine avant la fin de l'année, à moins que les efforts d'aide ne soient intensifiés de toute urgence.

Des centaines de milliers de Somaliens ont abandonné leur foyer et se sont lancés dans des voyages périlleux à la recherche de nourriture, d'eau et d'aide humanitaire. Depuis que la sécheresse a débuté en janvier dernier, plus d'un million de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer, dont 857 000 depuis le début de l'année. En outre, 366 000 personnes ont fui en raison des conflits et de l'insécurité.

Les sécheresses ne sont pas rares en Somalie, qui est classée deuxième pays le plus vulnérable au changement climatique dans le monde. Des périodes de sécheresse récurrentes, entrecoupées d'inondations, ont été observées au cours de la dernière décennie, avec notamment une famine dévastatrice en 2011 qui a tué plus de 250 000 personnes. Les communautés d’éleveurs et d'agriculteurs nomades ont peu de temps pour se remettre d'une catastrophe avant qu'une autre ne les frappe.

Parmi ceux qui ont perdu la vie en 2011 se trouvaient quatre des enfants d'Isaack Hassan. Pour sauver le reste de la famille, ils se sont rendus dans la capitale, Mogadiscio, et sont rentrés chez eux un an plus tard pour recommencer leur vie. Mais les pluies ont continué à manquer, et les quelques animaux qui restaient à Isaack sont morts en raison de la sécheresse actuelle.

« J'ai perdu 40 vaches et 30 chèvres », déclare cet homme de 82 ans, originaire de la ville de Diinsoor, dans la région de Bay, au sud-ouest de la Somalie. « Nos cultures et notre bétail ont été décimés. Les animaux sont morts de faim et les cultures se sont asséchées à cause du manque d'eau. »

Il a de nouveau dû fuir en avril, mais sa femme est décédée peu après qu'ils aient atteint un camp dans la ville de Baidoa.

Hashim Abdirashid, chargé de la protection au HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, basé à Baidoa, explique que les gens arrivent souvent dans les camps sans rien. « Le HCR est sur le terrain et fournit une assistance humanitaire essentielle comme des kits d'abris d'urgence, des bâches en plastique, des couvertures, des kits d’ustensiles de cuisine et du matériel d'hygiène, mais nous avons des ressources limitées pour pouvoir fournir un soutien à grande échelle à toutes les communautés affectées. »

« Nous ciblons désormais les plus vulnérables, y compris ceux qui ont des besoins particuliers en matière de protection, comme les femmes et les personnes âgées. »

En juin, le HCR a lancé un appel de 9,5 millions de dollars pour venir en aide aux communautés déplacées touchées par la sécheresse. Jusqu'à présent, seuls 2,8 millions de dollars ont été promis et des fonds supplémentaires sont nécessaires de toute urgence dans les semaines à venir pour sauver des vies et, à plus long terme, pour permettre aux populations de s'adapter à la crise climatique et de retrouver leurs moyens de subsistance.

« La Somalie est au bord de la famine. Les répercussions du conflit ukrainien et l'impact économique de la pandémie rendent la situation encore plus désastreuse. Nous avons besoin de fonds de toute urgence pour pouvoir continuer à sauver des vies avant que la situation ne devienne incontrôlable », affirme Hashim Abdirashid.

Dans un pays où le pastoralisme et l'agriculture font vivre plus de la moitié de la population, la perte de quelque 3 millions de têtes de bétail due à la faim et au manque d'eau est catastrophique pour les familles.

« Nous n'avons jamais vu ce genre de sécheresse auparavant. »

Dans un camp de personnes déplacées à Dolow, des carcasses d'animaux et des ossements jonchent le sol entre les abris de fortune.

« La sécheresse a tué tous ces animaux », indique Osman Ibrahim Mohamed, 70 ans. « Les carcasses que vous voyez étaient l'unique moyen de subsistance pour ces gens. »

« Cette vache morte était une source de vie pour cette famille-ci », ajoute-t-il en désignant un abri voisin. « C'est une situation terrible qui nous a obligés à fuir. »

Osman a quitté sa maison dans la région de Jubbada Dhexe avec ses 13 enfants après avoir perdu tout son bétail.

« Nous n'avons jamais vu ce genre de sécheresse auparavant », confie-t-il. « J'ai été témoin de quatre sécheresses, mais je n'ai jamais rien vu de tel. »

En attendant qu'une aide supplémentaire arrive, Fathi fait durer son unique jerrican d'eau toute la journée et ne cuisine qu'une fois par jour pour ses enfants. « Les plus chanceux d'entre nous cuisinent un repas par jour. Il y a des gens qui restent affamés pendant trois ou quatre jours [parce qu'ils] n'ont rien à se mettre sous la dent », dit-elle. « Il y a des enfants qui sont morts de faim et de diarrhée récemment. »

« Nous avons besoin de soutien dans tous les domaines », ajoute-t-elle. « Le plus urgent étant la nourriture, l'eau et les installations sanitaires. »