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Venir en aide à la fois aux réfugiés rohingyas et à leurs hôtes au Bangladesh

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Venir en aide à la fois aux réfugiés rohingyas et à leurs hôtes au Bangladesh

Les Nations Unies recherchent 920 millions de dollars pour répondre aux besoins de plus de 900 000 réfugiés du Myanmar et de 330 000 résidents vulnérables dans les communautés d'accueil au Bangladesh.
15 Février 2019 Egalement disponible ici :

Dans un abri de bambou situé dans le plus vaste camp de réfugiés au monde, Syed Hossain, 27 ans, un réfugié rohingya, relève sa chemise pour montrer son torse couvert de cloques.


« J'ai remarqué les symptômes il y a quatre ou cinq jours », dit-il, tout en notant que cinq de ses enfants en souffrent également. « J'ai ressenti des douleurs sur tout le corps, puis des maux de tête et de la fièvre. Je ne mangeais pas. »

Ces dernières semaines, une épidémie de varicelle a touché 5000 enfants et adultes rohingyas dans le vaste camp de Kutupalong. Si le virus de la varicelle et du zona est souvent considéré comme un virus à faible risque, il pourrait s’avérer plus dangereux ici parmi une population qui n'a pas pu se faire vacciner au Myanmar et qui vit désormais dans une zone densément peuplée où les conditions sanitaires et hygiéniques sont insuffisantes.

« C'est plus dangereux pour les enfants du camp car ils ont des systèmes immunitaires affaiblis, ils ne sont pas vaccinés et beaucoup souffrent de malnutrition », a expliqué le Dr Mahzabin Hoque, une généraliste bangladaise qui travaille dans le camp depuis septembre 2017.

Elle a ajouté : « Quand la varicelle est apparue pour la première fois, la plupart des enfants étaient victimes de complications comme l'amygdalite, la pneumonie et la diarrhée. Ici l'environnement est plus sujet aux infections, donc quand les cloques se percent, c'est très dangereux. »

Syed Hossain, un réfugié rohingya, montre ses cicatrices de varicelle, dans le camp de réfugiés de Kutupalong, Bangladesh.

L’épidémie de varicelle est l'un des innombrables défis auxquels sont confrontés près d'un million de réfugiés rohingyas apatrides qui ont trouvé refuge au Bangladesh. Plus de 745 000 d'entre eux ont été chassés de chez eux par une répression gouvernementale en août 2017 dans l'État de Rakhine au nord du Myanmar.

Dans un effort considérable pour répondre à la fois à leurs besoins massifs et à ceux des 330 000 habitants bangladais, les agences des Nations Unies et les ONG partenaires ont lancé aujourd'hui le Plan d’action 2019 en vue d’une réponse conjointe à la crise humanitaire des réfugiés rohingyas.

Les Nations Unies ont besoin de 920 millions de dollars, dont plus de la moitié est destinée à l’aide et aux services essentiels, tels que de la nourriture, de l’eau, des installations d’assainissement et des abris, représentent plus de la moitié des besoins de financement pour cette année. D’autres secteurs clés de cet appel de fonds concernent la santé, la gestion de site, les activités pour la protection – notamment la protection des enfants ou la prévention de la violence sexuelle et sexiste  – l’éducation et la nutrition.  

Au cours des 12 derniers mois, les agences humanitaires ont travaillé à l’amélioration des conditions de vie dans les installations de réfugiés, grâce au soutien fourni dans le cadre du Plan d’action conjoint 2018 – en fournissant une aide de première nécessité, en améliorant les conditions de vie dans les camps et en mettant en place des mesures d’atténuation des risques liés à la saison de la mousson et à celle des cyclones. Des progrès ont également été accomplis dans l'amélioration de l'accès aux soins de santé, à la lutte contre les épidémies et à la réduction de la malnutrition.

« Notre impératif humanitaire aujourd'hui est de stabiliser la situation des réfugiés rohingyas apatrides et celle de leurs hôtes au Bangladesh. »

Les fonds recherchés cette année serviraient également à venir en aide aux Bangladais qui en ont le plus besoin. Beaucoup d’entre eux se sont empressés pour aider au début de la crise en 2017 alors que des milliers d'enfants, de femmes et d'hommes affamés et épuisés luttaient pour leur survie chaque jour sous les pluies battantes de la mousson. Leur réaction rapide et leur générosité ont sauvé d'innombrables vies humaines.

« Aujourd’hui, notre impératif humanitaire est de stabiliser la situation des réfugiés rohingyas apatrides et celle des communautés bangladaises qui les accueillent. Nous espérons pouvoir compter sur des contributions dans les meilleurs délais, prévisibles et flexibles, afin de répondre aux objectifs de l’appel de fonds pour cette année », a indiqué le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Des projets allant de la construction de routes à des installations de traitement de l'eau et des eaux usées, en passant par des dispensaires pour les réfugiés et les Bangladais, répondent aux besoins les plus importants des deux communautés

Noor Salam (en blanc), un réfugié rohingya, s'entretient avec son ami bangladais Abdul Quddus, 70 ans, au centre de physiothérapie et de réadaptation physique financé par le HCR à Teknaf, au Bangladesh.

Parmi ces projets se trouve Gonoshasthaya Kendra, un centre de physiothérapie qui a ouvert à Teknaf l'année dernière. Le centre est financé par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et géré par son partenaire. C’est le premier établissement de ce type dans la région. Il traite environ 35 patients par jour, dont les deux tiers sont issus de la communauté locale.

Au début du mois, Noor Salam, un réfugié rohingya victime d'un accident vasculaire cérébral, a reçu un traitement qui lui a sauvé la vie, aux côtés d'un autre patient du nom d’Abdul Quddus, un médecin bangladais à la retraite qui se remettait lui aussi d'un accident vasculaire cérébral.

« C'est bien d'avoir ici non seulement un ami, mais aussi un bon médecin. »

« C'est bien d'avoir ici non seulement un ami, mais aussi un bon médecin », lui a déclaré Noor lors d'une récente séance. Il a remercié Abdul d'avoir aidé à traduire le dialecte local pour les physiothérapeutes originaires du nord du Bangladesh.

Pour sa part, Abdul, qui a perdu sa femme l'année dernière, apprécie simplement de pouvoir sortir, se faire des amis et se sentir utile.

« Je ne pouvais pas me promener dans le quartier comme avant ni parler aux gens », avoue-t-il. « En dehors de chez moi, ce centre est le seul endroit que j'ai pu visiter depuis quelques mois et les autres patients sont devenus mes seuls amis. »