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Les écoles du Costa Rica ouvrent leurs portes aux enfants déracinés du Nicaragua

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Les écoles du Costa Rica ouvrent leurs portes aux enfants déracinés du Nicaragua

Grâce à la générosité des villes frontalières du Costa Rica, des milliers d'enfants nicaraguayens qui ont fui la crise sociale et politique dans leur pays sont de nouveau scolarisés.
5 Juillet 2019 Egalement disponible ici :
Un groupe d'écolières nicaraguayennes et costariciennes lors d'une récréation dans une école d'Upala au Costa-Rica. Photo d'archives, 2019.

Le premier jour dans une nouvelle école peut être angoissant pour chaque enfant. Mais, pour Lina* et Miguel*, leur premier jour de classe à Upala, une petite ville près de la frontière avec le Nicaragua au nord du Costa Rica, a profondément changé leur vie.


Ces deux frère et sœur n'allaient plus à l'école depuis plus d'un an, depuis que leur famille a fui le Nicaragua, leur pays natal, dans le contexte de la crise sociale et politique actuelle.

Pour leur mère, Melissa*, la décision de les retirer d'abord de l'école, puis du pays, a été déchirante. Mais les laisser à l'école au Nicaragua était encore pire.

Après la participation de son frère aux manifestations qui ont secoué la nation centraméricaine à partir d'avril 2018, toute la famille a commencé à recevoir des menaces de mort. Melissa craignait que Lina, 10 ans, et Miguel, 14 ans, ne soient pris pour cible sur le chemin de l'école.

« Je ne supportais pas l'idée que mes enfants puissent être en danger », a expliqué Melissa, 35 ans.

« On a à peine réussi à sortir avec une petite valise. »

La famille a fini par choisir de rejoindre les quelque 75 000 Nicaraguayens qui ont déjà fui le pays depuis 2018, dans un climat d'intimidation généralisée et de violence ciblée qui a suivi la vague de manifestations anti-gouvernementales.

La grande majorité des personnes qui ont fui ont cherché refuge dans le pays voisin du Nicaragua, au sud, le Costa Rica. Selon l'Autorité costaricienne pour les migrations, 61 791 Nicaraguayens avaient déjà déposé une demande d'asile ou étaient en train de le faire en mai 2019.

Pour de nombreux enfants déracinés à travers le monde, les règles et les lois de leur pays d'adoption peuvent parfois s'avérer un obstacle insurmontable à la reprise de leur éducation. Pour Lina et Miguel, ces règles auraient pu poser problème, car la famille n'avait d'autre choix que de s'enfuir sans documents clés, y compris les dossiers scolaires.

« C'était très dangereux pour moi d'aller à Managua pour obtenir des passeports ou même dans les écoles pour obtenir leurs bulletins de notes et leurs certificats », dit Melissa. « On a à peine réussi à sortir avec une petite valise. »

Sur les 25,9 millions de réfugiés dans le monde à la fin 2018, environ la moitié étaient des enfants. Moins des deux tiers - 61 pour cent - fréquentent l'école primaire, selon un rapport du HCR publié en 2018 sur l'éducation.

Mais au Costa Rica, l'école primaire est gratuite et obligatoire pour tous les enfants, quel que soit leur statut migratoire. En réponse à l'afflux de Nicaraguayens, de nombreuses écoles du nord du pays ont commencé à simplifier leurs exigences afin que les enfants dépourvus de papiers officiels puissent s'inscrire.

Upala, une ville d'environ 44 000 habitants située dans l'une des régions les plus pauvres du Costa Rica, est le théâtre un afflux important de Nicaraguayens. Les écoles locales ont ouvert leurs portes à l'afflux de nouveaux élèves. Et parce que, comme Lina et Miguel, beaucoup d'enfants nicaraguayens ont été déscolarisés durant une longue période, certaines écoles offrent même aux nouveaux arrivants des leçons supplémentaires pour les aider à rattraper leur retard et à s'intégrer.

Ramon*, un enseignant de l'école de Lina, a déclaré que l'objectif était d'aider les enfants nicaraguayens à « se sentir chez eux dans ces murs. »

« L'éducation est un droit humain fondamental. »

Malgré les ressources limitées d'Upala, les habitants de la ville sont venus en aide aux nouveaux arrivants. Ils ont organisé des collectes de vivres, de fournitures scolaires et d'autres articles essentiels pour leurs nouveaux voisins nicaraguayens.

La solidarité en faveur des familles et des écoliers nicaraguayens ne se limite pas à Upala. L'école de Los Laureles, un petit hameau agricole situé à environ une heure et demie d'Upala en voiture, juste à la frontière nicaraguayenne, a accueilli des dizaines d'autres élèves nicaraguayens. D'après les enseignants, ces nouveaux arrivants ont fait augmenter le nombre total d'inscriptions à l'école de 20 pour cent par rapport à l'année précédente.

« L'éducation est un droit humain fondamental, c'est pourquoi les enseignants se rendent chez eux pour convaincre les parents que l'école est un lieu sûr pour leurs enfants et pour parler de l'importance de poursuivre leurs études », explique Eugenio*, l'un des quatre enseignants de cette petite école. « Nous évaluons également les besoins des familles nicaraguayennes pendant ces visites. »

Eugenio, les autres enseignants et quelques membres de la communauté ont même travaillé ensemble pour construire une maison temporaire pour une famille nicaraguayenne sans abri.

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, apporte son appui aux écoles et aux communautés d'accueil comme Los Laureles et Upala, dans le cadre de ses stratégies communautaires visant à intégrer les élèves nicaraguayens. Par ses dons de bureaux, de chaises et de fournitures scolaires, l'agence vise à compléter les efforts déployés par les autorités locales, ainsi que par la population du Costa Rica.

« La générosité manifestée par le Costa Rica incarne l'esprit du Pacte mondial pour les réfugiés », a déclaré Milton Moreno, Représentant du HCR au Costa Rica.

« Ces efforts montrent comment la solidarité peut être mise en pratique et servir de source d'inspiration pour nous tous. »

Affirmé par l'Assemblée générale des Nations Unies en décembre dernier, le Pacte mondial vise un partage plus équitable des responsabilités en matière d'accueil et de soutien des réfugiés, dont environ 80 pour cent vivent dans des pays voisins de leur lieu d'origine.

Alors que Lina et Miguel reprennent leurs études, les deux frères et sœurs ont de nouveau commencé à rêver de ce que l'avenir pourrait leur réserver. « Ce qui me rend le plus heureux de me trouver aujourd’hui au Costa Rica, c'est de pouvoir étudier à nouveau », dit Miguel en prenant la main de sa sœur et en allant à l'école. « Je veux être médecin. »

*Les noms des réfugiés et des enseignants ont changé pour des raisons de protection.