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Une artiste donne libre cours à la créativité grâce à une communauté en ligne de femmes réfugiées

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Une artiste donne libre cours à la créativité grâce à une communauté en ligne de femmes réfugiées

Une initiative d'art-thérapie en ligne aide les femmes réfugiées à surmonter les restrictions imposées par la pandémie. Ce projet donne libre cours à leur créativité et renforce leur estime de soi.
8 Avril 2021 Egalement disponible ici :
L'artiste britannique Salma Zulfiqar dirige le projet ARTconnects, qui responsabilise les femmes réfugiées et oeuvre également à la promotion de la paix et la tolérance.

Lorsque Salma Zulfiqar, une artiste basée au Royaume-Uni, passe en revue son travail visant à encourager la créativité des femmes réfugiées par le biais de son projet ARTconnects, elle se remémore une jeune femme qui avait suivi ses cours l'année dernière.


Lors de son tout premier cours en ligne, Tasneem parlait à peine. Cette jeune femme de 21 ans, qui avait fui la Syrie en 2013, vit depuis lors dans le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie.

« Lors de la première session, elle a juste dessiné avec un stylo ou un crayon... Au fur et à mesure, elle a ensuite créé une belle image de sa situation durant la pandémie de Covid, celle d'une jeune fille qui regarde fixement un bocal de poissons rouges », a déclaré Salma. « Elle était alors extrêmement réservée mais, aujourd’hui, elle est pleinement épanouie. »

Salma avait lancé ARTconnects en 2017 pour promouvoir la cohésion sociale, la tolérance et le bien-être et pour constituer des réseaux de réfugiées, de demandeuses d'asile et d'autres personnes vulnérables. Elle organisait alors des ateliers d'art-thérapie en présentiel à travers tout le Royaume-Uni et dans d'autres pays, jusqu'à ce que la pandémie de Covid-19 rende les voyages impossibles.

Après avoir transféré son activité sur Internet durant l’année 2020, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a participé à l'une des premières sessions Zoom. Cette nouvelle configuration de ses sessions d’art-thérapie sur le web lui a permis d'ouvrir ses ateliers à des femmes et des jeunes filles réfugiées, basées ou originaires de divers pays comme le Bangladesh, l'Éthiopie, la Grèce, l'Irak, le Niger, les États-Unis et le Yémen. A une époque où beaucoup se sentent isolées, les participantes ont formé une communauté insolite, partageant leurs expériences sur le confinement, ainsi que leurs peintures, leurs poèmes et leur musique.

Salma a déclaré que, depuis qu’ils se déroulent sur Internet, ses ateliers lui avaient permis de réaliser certains de ses objectifs. « [Cela] signifie que nous pouvons mettre en relation des personnes de cultures différentes à travers le monde pour promouvoir la cohésion et l'apprentissage. »

Chaque atelier se déroule sur un thème annoncé par Salma en début de session. Après s'être informées sur le sujet, les femmes sont encouragées à parler de leur perception de ce thème au niveau personnel. Salma les aide ensuite à créer des illustrations sur ce thème, qu'elles partagent ensuite et dont elles discutent avec les autres membres du groupe. Les principaux thèmes abordés l'année dernière ont été la pandémie de Covid-19, la santé mentale, le racisme et l'inégalité. La solidarité est un thème récurrent.

« Pour moi, c'était comme une thérapie. »

Tasneem a déclaré que les séances l'ont aidée à comprendre qu'elle n'était pas seule.

« C'était bien de sentir qu’on peut parler de ses problèmes avec une autre personne qu’on ne connaissait pas auparavant », a-t-elle déclaré. « Pour moi, c'était comme un soutien psychologique. »

Un film issu du projet et intitulé « En Solidarité - The Migration Blanket » a récemment remporté le prix du meilleur court-métrage d'animation au Festival du film de Berlin. Il présente un patchwork de peintures créées par les jeunes filles et les femmes durant les sessions, dont beaucoup représentent à la fois l'isolement et la solidarité en période de pandémie. Le résultat est un patchwork poignant et aux couleurs vives, composé à base de toutes les illustrations.

Le film sera présenté lors d’une tournée internationale en 2021, dans le but de sensibiliser l'opinion publique sur la question des réfugiés, ainsi que d’influencer les politiques traitant de leur accueil et leur prise en charge.

L’approche de Salma pour ARTconnects découle de sa longue carrière créative et de son propre parcours de jeunesse dans la deuxième ville multiculturelle de Grande-Bretagne, Birmingham.

« Je peux aujourd’hui contribuer en retour. »

« En tant que femme d'origine pakistanaise ayant grandi dans un quartier défavorisé de Birmingham, il y avait peu d'opportunités pour nous. Grâce à ARTconnects, je peux aujourd’hui contribuer en retour et créer ces opportunités, afin que d'autres jeunes filles et femmes puissent s’épanouir et devenir des leaders à part entière. »

L'artiste britannique Salma Zulfiqar dirige le projet ARTconnects, qui responsabilise les femmes réfugiées et oeuvre également à la promotion de la paix et la tolérance.

« Chaque femme a la capacité d'être un leader », a-t-elle ajouté. « J'essaie de les encourager, de les faire participer à des événements (...) et de m'assurer qu'elles peuvent s'exprimer. »

Le HCR a récemment averti que la pandémie de Covid-19 prélève un tribut particulièrement lourd sur la vie et les droits des femmes et des jeunes filles réfugiées. L'aggravation de la pauvreté a fait monter les tensions au sein des foyers et a augmenté les risques de violence sexiste et de mariages forcés. La pandémie a également réduit l'accès à l'éducation pour 90% des enfants réfugiés, avec les filles les plus âgées risquant tout particulièrement d'abandonner définitivement l'école.

Pour Tasneem, la création artistique durant les ateliers l'a aidée à surmonter les difficultés endurées en 2020 et à s'orienter vers un avenir meilleur. Après avoir étudié la traduction dans le cadre du programme de bourses DAFI du HCR, elle travaille désormais en tant que traductrice, justement pour le HCR.

Salma continuera à organiser ses ateliers en ligne, même lorsque les voyages et les réunions en présentiel seront de nouveau possibles. Elle souhaite faire connaître le projet à un public plus large et utiliser les œuvres d'art créées pendant les sessions pour contribuer à changer la perception négative sur la question des réfugiés.

Pour l'instant, elle est fière de son travail durant l'année écoulée.

« Ce que nous avons déjà réalisé est à peine croyable, vues les circonstances et malgré les défis. »