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Dans le nord du Mozambique, certains fuient de nouvelles attaques tandis que d'autres rentrent chez eux

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Dans le nord du Mozambique, certains fuient de nouvelles attaques tandis que d'autres rentrent chez eux

Face à la recrudescence de la violence et des déplacements, il est urgent de mobiliser des fonds additionnels pour améliorer les conditions de vie des personnes contraintes de fuir et de celles qui retournent chez elles.
19 Mars 2024 Egalement disponible ici :
Une femme et quatre enfants se tiennent à l'extérieur d'un abri en bambou.

Maizala Saidi et quatre de ses enfants devant le centre d'hébergement de Lianda où ils résident depuis qu'ils ont fui l'attaque de leur village en Janvier 2024.

La première fois que des hommes armés ont attaqué le village de Maizala Saidi dans le district de Nangade, dans la province de Cabo Delgado au nord du Mozambique, cette femme de 39 ans a dû fuir sa maison et s'est cachée dans la brousse avec sa famille pendant des jours, en attendant que les assaillants s'en aillent.

Des assaillants sont revenus il y a deux mois et ont tué plusieurs personnes et pillé et brûlé des maisons, dont celle de Maizala. Cette fois, elle s'est enfuie avec ses six enfants et sa vieille mère à Lianda, dans le district de Mueda, marchant pendant des heures pour rejoindre la sécurité de ce camp de déplacés.

Le cas de Maizala n'est pas rare dans le nord du Mozambique. Depuis sept ans, des groupes armés non étatiques y mènent une insurrection, tuant des civils, rasant des villages, recrutant de force des garçons et des jeunes hommes. Les enlèvements des femmes et des jeunes filles sont également fréquents. Au plus fort du conflit, entre 2021 et 2022, plus d'un million de personnes ont été déplacées de force.

Si certains ont depuis regagné leurs foyers, près de 800 000 personnes restent déplacées, dont plus de 100 000 qui ont dû fuir une nouvelle flambée de violence dans les districts du sud de Cabo Delgado en février. Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et ses partenaires, ainsi que le gouvernement, cherchent actuellement à répondre à la fois aux besoins immédiats des nouveaux déplacés et aux besoins à plus long terme des personnes contraintes de demeurer dans les camps surpeuplés, tout en apportant un soutien à ceux qui rentrent chez eux, dans les zones les plus sûres de la province.

Offrir un avenir aux personnes déplacées

Maizala et sa famille vivent dans un centre collectif de transit avec plus de 200 autres personnes déplacées de force depuis leur arrivée à Lianda. Le campement accueille quelque 10 000 personnes des districts de Mueda, Nangade, Palma, Macomia et Muidumbe, et de nouvelles personnes arrivent à chaque nouvelle attaque.

« Il me faudrait un petit lopin de terre et quelques outils pour pouvoir cultiver ici, à Lianda, pour pouvoir nourrir mes enfants et ma mère », explique Maizala. « Chez moi, j'étais agricultrice et nous pouvions assurer notre survie, mais ici, nous n'avons rien. J'aimerais aussi quitter le centre de transit et avoir mon propre logement ici. »

Un camp d'abris sur une terre aride sous un ciel orageux

Près de 1 000 abris ont été construits pour les familles déplacées dans le camp de Lianda, mais il en faudrait davantage.

Le HCR et son partenaire Solidarités International ont construit 915 abris à Lianda depuis 2021, et 100 autres sont en cours de construction en partenariat avec les autorités. Cependant, quelque 1 800 familles n'ont toujours pas d'abris. Comme la famille de Maizala, elles sont actuellement hébergées dans des centres de transit ou dans des abris de fortune, exposés au vent, à la pluie, à la chaleur et aux insectes.

La fourniture d'une assistance sur le long terme aux personnes déplacées à Lianda et dans d'autres localités de Cabo Delgado représente un défi de taille face au manque chronique de financement de l'aide humanitaire. Jusqu'à présent, seuls 17 % des 49,3 millions de dollars dont le HCR a besoin pour 2024 ont été financés.

« Nous devons en faire plus, voir au-delà de l'aide humanitaire et renforcer nos efforts de développement dans le pays, afin de créer les conditions d'une paix durable et d'un meilleur avenir pour les déplacés et leurs hôtes », a déclaré le chef du HCR, Filippo Grandi, lors de sa visite au Mozambique, la semaine dernière. « Les Nations Unies doivent continuer à soutenir les efforts déployés par le gouvernement pour répondre aux besoins à court et à long terme de la population, tout en se mobilisant en faveur d'un soutien supplémentaire au Mozambique. »

Une situation humanitaire complexe au Mozambique

Les autorités et les leaders communautaires travaillent en étroite collaboration pour transformer le campement de Lianda en un village intégré aux collectivités environnantes. Ils collaborent également avec des agences d'aide, dont le HCR, pour favoriser le développement des moyens de subsistance et des opportunités économiques, notamment par des formations à la création de petites entreprises ou au développement de la permaculture, dans la plupart des sites pour personnes déplacées de Cabo Delgado.

Dans la ville de Chiure, qui accueille une grande partie des nouveaux déplacés à la suite des attaques survenues en février 2024, la plupart des arrivants sont des femmes et des enfants qui ont dû tout laisser derrière eux lorsque leurs villages ont été attaqués. « Ma préoccupation principale a été de réunir mes trois enfants et de prendre la fuite. Tous les habitants du village sont partis », explique Elvira, 38 ans, qui a trouvé refuge dans un site temporaire. « Je ne veux pas y retourner pour l'instant. Des gens que je connaissais ont été tués, certains ont été décapités. Il se peut que je décide de recommencer ma vie ailleurs. »

Le HCR a fourni des matelas, des couvertures, des moustiquaires, des bâches, des ustensiles de cuisine et d'autres articles de première nécessité à plus de 900 familles à Chiure, et d'autres distributions sont prévues dans un avenir proche. L'agence distribuera également des kits non alimentaires à 1 500 familles déplacées à Namapa, dans la province voisine de Nampula, dans les semaines à venir.

Reconstruire leurs vies

Malgré les récentes attaques, la sécurité s'est améliorée dans certaines régions. Depuis l'intervention militaire des forces mozambicaines et alliées à partir de juillet 2021, et les efforts du gouvernement pour rétablir les services publics, plus de 632 000 personnes sont rentrées chez elles dans les provinces de Cabo Delgado, Niassa et Nampula.

Dans la ville côtière de Mocímboa da Praia, qui a été fortement touchée par le conflit en 2017, puis en 2020, la vie reprend progressivement son cours normal depuis que les forces mozambicaines et alliées ont repris le contrôle en août 2021. Certaines écoles, certains postes de police et d'autres services ont rouvert et environ 144 000 des 170 000 habitants initiaux de la ville sont rentrés chez eux et commencent à reconstruire leur vie.

Plus au nord, à Palma, qui a subi une attaque brutale en mars 2021, la plupart des 70 000 habitants de la ville sont également rentrés chez eux, bien que de nombreux services fassent encore défaut.

L'accès aux quelques services disponibles est difficile pour les personnes déplacées dont les documents d'identité ont été perdus ou détruits lors des attaques. Le HCR a mis en place des unités mobiles de délivrance de documents d'état civil, en collaboration avec le Gouvernement et son partenaire local, l'Université catholique du Mozambique, afin de fournir des certificats de naissance et des cartes d'identité nationales permettant aux personnes déplacées de retrouver ainsi leur identité légale. Grâce à ces unités mobiles, quelque 27 000 personnes ont obtenu de nouveaux documents depuis 2021.

« Les personnes qui rentrent chez elles ont besoin d'une assistance considérable », explique Gracilio Tiago, 49 ans, enseignant dans l'une des écoles de la ville, dont la femme a été tuée lors d'une attaque en 2021. « De nombreuses habitations ont été détruites et beaucoup de familles ne sont pas logées correctement. Il y a aussi une énorme pénurie d'eau potable, un manque de soins médicaux, de nourriture et de travail. »

Depuis son retour à Palma en août 2022, Gracilio trouve de l'espoir auprès des jeunes auxquels il donne cours. « Je dis à mes élèves qu'ils doivent étudier, car sans éducation, on ne peut pas se garantir un bel avenir », explique-t-il.

« Dans une guerre comme celle que nous avons connue, les pertes sont de tous ordres. Nous ne voulons pas la guerre, nous voulons la paix. »