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Une ingénieure vénézuélienne se découvre une passion pour l’agriculture urbaine en Argentine

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Une ingénieure vénézuélienne se découvre une passion pour l’agriculture urbaine en Argentine

Abelis Carrillo a trouvé l’espoir et un but dans la vie en travaillant pour une start-up innovante de Córdoba, qui utilise une technologie de pointe pour faire pousser de la nourriture en milieu urbain.
8 Avril 2024 Egalement disponible ici :
Une femme coiffée d'un filet à cheveux transporte un plateau de micropousses.

Abelis Carrillo, du Venezuela, travaille pour Loopfarms, une start-up de Córdoba, en Argentine.

Mauro Barberis, cofondateur de la start-up argentine Loopfarms, aime plaisanter sur la manière dont il a rencontré Abelis Carrillo : « On s’est rencontré par speed dating... mais pour les entreprises et les candidats à un emploi ! » 

Le courant est immédiatement passé entre l’ingénieur chimiste argentin et l’ingénieure agronome vénézuélienne. C’est une rencontre qui a changé la vie d’Abelis. 

Jamais elle n’aurait imaginé que sa recherche d’emploi la conduirait à cultiver des micropousses au cœur de Córdoba, ville du centre de l’Argentine.  

Originaire d’une région connue pour être le « grenier du Venezuela », Abelis, 29 ans, a grandi entourée de vastes champs de tournesols, de maïs et de canne à sucre. Son amour pour la nature l’a conduite à étudier l’agronomie. Elle espérait vivre et travailler à la campagne, à s’occuper de la terre et des animaux. Mais elle a dû renoncer à son rêve lorsqu’en 2017, la détérioration  de la situation économique et sociale et le manque d’accès aux services essentiels l’ont contrainte à quitter le pays. Après s’être rendue seule en Argentine, elle a retrouvé son compagnon, qui avait fui dans ce pays quelques mois plus tôt. 

Vidéo en anglais

Un modèle de production alimentaire durable

Elle a eu des difficultés pour s’installer dans ce nouveau pays, mais tout a changé quand elle a rencontré Mauro. À Loopfarms, entreprise innovante qui promeut la culture durable de denrées alimentaires, elle n’a pas seulement trouvé un emploi, elle s’est découvert une passion. Après avoir travaillé cinq mois comme stagiaire, elle supervise désormais la production de micropousses et de champignons comestibles dans l’une des installations de Loopfarm. 

La start-up a pour mission de révolutionner l’agriculture urbaine et de promouvoir un modèle de production alimentaire durable. L’entreprise utilise des technologies de pointe, comme le biogaz et l’hydroponie, pour cultiver des micropousses en intérieur, exploitant au maximum l’espace disponible en milieu urbain.  

« Elles n’ont pas besoin de beaucoup d’eau ni de sol, et leur cycle de production est plus court », explique Abelis. 

Loopfarms recueille les déchets organiques des restaurants alentour pour produire du biofertilisant, qui est ensuite utilisé pour nourrir les pousses. « L’idée est d’exploiter des ressources qui sinon auraient été perdues, en recyclant des déchets organiques », explique Mauro.   

Globalement, l’agriculture et la production alimentaire génèrent près d’un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre produites par l’homme, d’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Au contraire, le travail d’Abelis à Loopfarms atténue le changement climatique en utilisant un minimum de transport, de terre et d’eau pour produire une nourriture emballée dans des contenants consignés, pour éviter les déchets plastiques. 

Malgré les obstacles auxquels ils se heurtent, les réfugiés et les personnes déplacées comme Abelis jouent un rôle positif en aidant leur communauté à s’adapter aux menaces liées à la crise climatique. Lorsqu’ils bénéficient d’un soutien approprié, ils adoptent des pratiques durables et lancent des initiatives visant à protéger les écosystèmes locaux et à renforcer leur résilience. Leur participation est cruciale dans une crise qui touche le monde entier, mais plus particulièrement les personnes vulnérables vivant dans des régions en proie à des conflits et à des catastrophes. 

Apparier les réfugiés et les employeurs

Mauro et Abelis se sont rencontrés lors d’une manifestation des « Villes solidaires » en 2022, initiative du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui regroupe différentes municipalités dans les Amériques afin qu’elles œuvrent ensemble à la protection et à l’inclusion des réfugiés et des migrants. L’activité – organisée par la municipalité de Córdoba et la Foundation for Business Incubation avec l’appui du HCR – a permis à diverses entreprises de rencontrer des réfugiés possédant le profil professionnel qui correspondait à leur activité. 

Le nombre de réfugiés et de migrants qui sont arrivés en Argentine a augmenté ces dernières années. En juin 2023, il avait atteint plus de 230 000 personnes, d’après les chiffres fournis par les gouvernements et compilés par le HCR. 

En offrant des possibilités d’emploi à des personnes déracinées comme Abelis, Loopfarms contribue à l’inclusion et à la diversité sur le lieu de travail. 

« Cela semblait très louable de donner une chance à des personnes qui avaient été contraintes de fuir, de les réinsérer sur le marché du travail, en particulier si l’emploi proposé peut être lié à ce qu’elles ont étudié, à ce qu’elles faisaient dans leur pays d’origine », déclare Mauro. 

Abelis et une autre femme participent à un cours de danse traditionnelle vénézuélienne.

Abelis participe à un cours de danse traditionnelle vénézuélienne à la Casa de Migrante, à Córdoba.

Avec Abelis, ils sont devenus de bons amis. Pendant qu’ils accomplissent leur travail, ils aiment discuter de leurs origines, de leurs traditions et de la gastronomie de leurs pays respectifs.

À la fin de la journée de travail, Abelis pose son tablier et sa charlotte et enfile sa tenue de sport pour aller au cours de danse vénézuélienne. En dansant avec une trentaine d’autres Vénézuéliennes, elle se reconnecte à ses racines et se sent plus proche de chez elle, en particulier de ses parents, qui lui manquent beaucoup. 

« Je danse depuis que je suis toute petite. Quand je danse ici, je me retrouve au Venezuela. Je ressens beaucoup d’émotions, parfois même, je pleure », explique-t-elle.  

Bien que son pays lui manque, Abelis a trouvé l’espoir loin de chez elle, en travaillant à Loopfarms : « J’espère rester ici, continuer à apprendre, et à grandir », déclare-t-elle. « Maintenant, l’Argentine est mon pays. J’espère obtenir bientôt la nationalité et pouvoir dire, “Je suis argentine”. »