Le chef du HCR se félicite de l'approche novatrice de l'Ethiopie envers les réfugiés
Le chef du HCR se félicite de l'approche novatrice de l'Ethiopie envers les réfugiés
ADDIS-ABEBA, Éthiopie - Lors de sa visite de quatre jours en Éthiopie, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi s’est félicité de la générosité du pays pour l'accueil des réfugiés, ainsi que la réceptivité du gouvernement envers des approches innovantes qui améliorent la vie de 900 000 réfugiés et des communautés qui les accueillent.
Le Haut Commissaire a passé deux jours à Melkadida, une région frontalière de la Somalie qui accueille plus de 200 000 réfugiés. Il a pu constater par lui-même l’impact positif de l’investissement de la Fondation IKEA, d’un montant de 100 millions de dollars, au cours des sept dernières années - ce qui a transformé cette région semi-aride et isolée en une communauté prospère.
Filippo Grandi a visité des projets financés par la Fondation, y compris un programme d'irrigation où 1 000 hectares de terres auparavant stériles sont maintenant devenus des fermes luxuriantes qui permettent aux réfugiés de cultiver des pastèques, des tomates et du maïs - avec trois récoltes par an.
Le Haut Commissaire s'est également rendu sur des marchés soutenus par des activités de microfinance et d'autres programmes pour l’autosuffisance, où les réfugiés et la communauté locale achètent et vendent leurs récoltes. Le programme a connu un tel succès que certaines productions sont exportées vers d'autres régions du pays. Les réfugiés ont expliqué au Haut Commissaire qu'ils économisaient une partie de leurs revenus pour améliorer eux-mêmes les marchés.
« La communauté hôte nous accueille et nous les accueillons. »
« Ce qui s'est développé ici, c’est une approche unique de l'autosuffisance des réfugiés et, dans cette configuration, le gouvernement éthiopien s'est montré extrêmement ouvert à de nouvelles approches », a déclaré Filippo Grandi. « Les communautés d'accueil et les réfugiés se sont également montrés remarquablement ouverts à travailler ensemble en harmonie. C'est quelque chose qu'on ne voit pas d'habitude. »
Lors d'une réunion avec les dirigeants de la communauté à Dollo Ado, le Haut Commissaire et le président de la Fondation IKEA, Per Heggenes, ont entendu des témoignages sur l'impact positif de cet investissement pour l’ensemble de la communauté. Ils ont également annoncé la décision de la Fondation de poursuivre son investissement dans ce projet pour au moins trois années supplémentaires.
Per Heggenes a rappelé la situation désastreuse de la région lorsque le projet a commencé et il a qualifié les progrès de « rêve devenu réalité. » Il a expliqué que l'héritage du projet vise tout autant à favoriser l'harmonie entre les réfugiés et les Éthiopiens locaux qu’à améliorer la situation économique.
« Quand un grand nombre de réfugiés viennent s'installer dans une petite communauté, il y a fréquemment des différends car tous veulent avoir du bois de chauffage ou pouvoir accéder aux pâturages pour leurs chèvres », affirme Per Heggenes. « Nous avons décidé d’aider les réfugiés et la communauté d'accueil à se rassembler, à cultiver la terre ensemble, à partager les récoltes et à vivre comme des frères et sœurs. »
Au camp de Melkadida, le Haut Commissaire a visité un autre projet dans lequel la Fondation IKEA a investi - une école secondaire, où les élèves réfugiés et ceux de la communauté d'accueil ont des enseignants de qualité, des salles de classe bien équipées et un environnement d'apprentissage favorable.
Pour ceux qui obtiennent leur diplôme, fréquenter un nouveau centre de formation pour enseignants à Melkadida est également possible grâce au financement de la Fondation IKEA qui permet aux jeunes de devenir des enseignants qualifiés et d'aider à former la prochaine génération d'étudiants dans la région.
Fartun, 19 ans, est scolarisée en dernière année de secondaire. Elle espère étudier la médecine à l'université et a partagé son espoir, auprès du Haut Commissaire et M. Heggeness, pour que le reste de l'Éthiopie puisse appréhender l'éducation en tant qu’outil crucial pour la paix et l'harmonie entre les communautés.
« J'ai des amis réfugiés et des amis qui appartiennent à la communauté d'accueil », a-t-elle témoigné. « Nous étudions ensemble et cela ne fait aucune différence. La communauté hôte nous accueille, et nous les accueillons. »
Pendant son séjour en Éthiopie, le Haut Commissaire a également participé au 32ème Sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba les 9 et 10 février, dont le thème était « 2019, l'année des réfugiés, des rapatriés et des déplacés internes : Pour des solutions durables au déplacement forcé en Afrique. »
Cette année, l'accent est mis sur les réfugiés alors que l'UA commémore deux instruments législatifs clés sur le déplacement forcé : le 50ème anniversaire de l'adoption de la Convention de 1969 de l'Organisation de l'Unité Africaine sur les réfugiés et le 10ème anniversaire de la Convention de 2009 de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique (Convention de Kampala).
Filippo Grandi a pris part à des discussions de haut niveau organisées conjointement avec le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, sur les causes profondes du déplacement en Afrique. Les participants ont noté que l'éradication de nombreux motifs complexes du déplacement reste le moyen le plus efficace pour trouver des solutions. Cela concerne notamment les questions ayant trait aux conflits armés, au terrorisme, à l'absence de bonne gouvernance, à l'absence de l'Etat de droit et de respect des droits de l'homme, à la corruption, aux inégalités économiques et celles en matière de répartition des ressources.
Le Haut Commissaire a observé qu'un grand nombre de réfugiés relèvent de situations prolongées en raison de conflits non résolus, mais il s’est également félicité de la générosité des pays et des peuples africains.
« Il est important que nous partagions cette solidarité. »
« Je me suis rendu dans les villages les plus reculés de ce continent. Sur place, partager le peu de nourriture, d'eau et d'abris avec des étrangers en détresse qui ont dû fuir n’a rien à voir avec la notion de partage dans d’autres régions plus riches à travers le monde. Il n’y a pas de négociations politiques, mais c'est un instinct naturel enraciné dans les valeurs d'une tradition, d'une culture et d'une société », a déclaré Filippo Grandi au cours d’une interview.
« Cette solidarité est bien concrète. Les gens en ont naturellement pourvus. Mais nous ne devrions pas considérer cela comme acquis. Il est important que nous partagions cette solidarité. »
Tout au long de sa visite, le Haut Commissaire a évoqué l'importance du Pacte mondial sur les réfugiés, adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies en décembre dernier et qui appelle à une plus grande inclusion des réfugiés dans les communautés où ils résident ainsi qu’à un soutien plus global pour des pays comme l'Éthiopie, qui continuent à les accueillir.
« C'est la première année que nous allons mettre en œuvre le Pacte mondial sur les réfugiés », a déclaré Filippo Grandi. « Mais je dis aux gens que nous le mettons déjà en œuvre ici à Melkadida, avec de nombreux partenaires dont ceux pour le développement de programmes d'irrigation, d’enseignement et de formation professionnelle. »
Lors de sa visite à Addis-Abeba, le Haut Commissaire a également rencontré le Président Sahle-Work Zewde, ainsi que Ato Kebede, Directeur général de l'agence gouvernementale pour les réfugiés (ARRA). Filippo Grandi s’est félicité de la nouvelle loi éthiopienne sur les réfugiés, qui est tournée vers l'avenir et représente les principes du Pacte mondial sur les réfugiés.
S'adressant aux médias à la suite de sa rencontre avec le président, Filippo Grandi a déclaré que « la proclamation de cette loi est l'une des meilleures sur les réfugiés, non seulement en Afrique, mais à travers le monde » et il s'est engagé à mobiliser davantage de ressources pour le développement, « non seulement pour les réfugiés, mais aussi pour leurs hôtes. »