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Les Libanais qui ne peuvent rentrer chez eux craignent de tomber dans l'oubli

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Les Libanais qui ne peuvent rentrer chez eux craignent de tomber dans l'oubli

Alors que l'attention se porte sur l'acheminement de l'aide humanitaire dans les villages meurtris et que la plupart des Libanais sont de retour chez eux, certaines victimes de la guerre craignent de tomber dans l'oubli.
28 Août 2006 Egalement disponible ici :
Des milliers de Libanais restent déplacés à cause de la destruction de leur maison et des incertitudes pesant sur la situation sécuritaire.

SAIDA, Liban, 28 août (UNHCR) - Jamila Mehanna a suivi le mouvement de retour dans son village du sud du Liban dès la fin des frappes. Deux semaines plus tard, elle habite avec d'autres déplacés libanais dans un bâtiment public de Saïda et n'est pas sûre de pouvoir un jour à nouveau habiter dans sa maison.

« Après la mise en place du cessez-le-feu, je suis allée immédiatement avec mes enfants voir l'état de la maison. J'ai trouvé des chars israéliens aux alentours du village alors j'ai rebroussé chemin. Je préfère attendre que l'armée libanaise prenne le contrôle avant de rentrer chez moi », a-t-elle dit.

Alors que l'attention se porte sur l'acheminement de l'aide humanitaire dans les villages meurtris et que la plupart des Libanais sont de retour chez eux, certaines victimes de la guerre comme Jamila craignent de tomber dans l'oubli.

A la fin de la guerre, environ un million de Libanais avaient été déplacés, dont 180 000 en Syrie voisine. La plupart de ces personnes sont rentrées chez elles dans les premiers jours qui ont suivi le cessez-le-feu du 14 août, mais des milliers restent déplacées à cause de la destruction de leurs maisons et des incertitudes pesant sur la situation sécuritaire.

La plupart sont accueillis par des amis ou des proches près de leurs anciennes maisons, d'autres sont restés dans les abris fournis pendant la guerre. D'autres encore ont dû retourner dans les abris publics après avoir vainement tenté de regagner leur foyer.

La maison de Jamila se trouvait à Bent Jbeil, théâtre de quelques uns des combats les plus lourds de toute la guerre. Aitaroun, un village proche situé le long de la frontière israélo-libanaise, a été aussi gravement affecté.

« La plupart des maisons ont été détruites. La zone est recouverte d'UXO (des munitions non explosées) », a expliqué Sanaa, qui habitait à Aitaroun. Les experts de la lutte contre les mines ont averti les habitants du sud du Liban que plusieurs mois seraient nécessaires pour écarter le danger, concernant notamment les bombes miniatures disséminées sur le sol par les bombes à fragmentation. Elles ont déjà tué plusieurs personnes.

« Voir ma maison en ruines, ça m'a brisé le coeur. Je serais prête à y vivre sous la tente parmi les gravats si je le pouvais, mais c'est trop dangereux », a expliqué Sanaa.

Dès les premiers jours qui ont suivi la fin des combats, l'impact du conflit sur les enfants a commencé à apparaître dans toute son ampleur. La guerre s'est intensifiée si vite que de nombreuses familles ont été prises au piège pendant des jours sous les bombardements jusqu'à ce que le désespoir ou une accalmie des combats leur permettent de s'échapper.

« Avant, mon fils courait partout, il était très actif. Depuis que nous sommes rentrés, il n'est pas normal. Il est très calme et ne parle pas », a expliqué Amna. « La maison située à côté de la nôtre a été bombardée. Toute la famille, soit 10 personnes, a été tuée. »

Amna, Sanaa et Jamila font partie des quelque 250 Libanais déplacés, pour la plupart des femmes et des enfants, qui n'ont pas pu rentrer chez eux. Ils sont toujours accueillis par la municipalité dans deux centres de Saïda. D'autres déplacés libanais sont passés au travers des mailles du filet de sécurité que les autorités ont tenté de mettre en place pour aider les déplacés.

Mohamed fait partie d'un groupe de 40 personnes qui a dû se déplacer de nombreuses fois ces deux dernières semaines pour trouver un hébergement. Par deux fois, les écoles où ils tentaient de trouver abri, ont été récupérées par les fonctionnaires de l'éducation. Les autorités municipales de Saïda, dont on leur avait dit qu'elles pourraient leur fournir de l'aide, ne savaient rien de leur sort. « Finalement je suis allé à la mairie et je les ai informées », a expliqué Mohamed au personnel de l'UNHCR. « Ils ont demandé à l'un de leurs employés de s'occuper de nous. »

La municipalité fournit de la nourriture et des médicaments. Parallèlement l'UNHCR, qui a ouvert un entrepôt pour stocker l'aide à Saïda, donne des tentes, des couvertures, des matelas, des bâches en plastique et des sets de cuisine à ceux qui en ont besoin.

De nombreuses organisations sont en train de déplacer leurs opérations au sud de Saïda pour se rapprocher des zones les plus affectées par la guerre. Mohamed craint donc que l'attention accordée à aider ceux qui ont pu rentrer dans leurs villages ne fasse oublier les besoins de ceux qui sont toujours déplacés.

« Au début, quand ils sont arrivés, les déplacés n'ont rien eu à demander. Ils ont beaucoup reçu, même s'ils n'étaient pas dans le besoin. Ils ont été traités comme des frères et des soeurs », a-t-il expliqué au sujet de l'aide distribuée à Saïda qui a duré un mois. « Mais maintenant l'aide se concentre sur Tyr. Ceux d'entre nous qui sont restés à Saïda tombent dans l'oubli ».

Par Reem Alsalem à Saïda, Liban